14 mai 2011

Homélie du 03 avril 2011-nous sommes des aveugles, nous aussi

Homélie du 4ème dimanche du Carême - Année A

Le temps du carême ne doit pas être une période de tristesse, mais de joie, la joie d’écarter de notre vie ce qui nous empêche d’accueillir celui qui est « la lumière du monde », Jésus.
Ce 4ème dimanche de carême nous le rappelle par le premier mot de l’antienne d’ouverture : « réjouissez-vous ! », en latin « laetare ». « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi, vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie »

Ces deux versets du livre d’Isaïe n’ont pas été pris au hasard. Ils viennent du dernier chapitre du livre, qui célèbre le retour de l’exil à Babylone. On se met à reconstruire le Temple de Jérusalem. La justice  de Dieu se manifeste. Ses serviteurs jubilent dans la ville rénovée, et les impies subiront le châtiment.

C’est déjà l’image de la libération qu’apportera le Sauveur ressuscité à pâques.
La lettre de Saint Paul aux Ephésiens et l’Evangile ont pour thème la lumière, avec tout son symbolisme.

« Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance ». Cet aveugle de naissance, n’est-ce pas d’une certaine manière chacun d’entre nous ? Nous avons tant de mal à pénétrer les mystères de la foi …

Plutôt que de se réjouir d’une guérison extraordinaire et d’en rendre grâce à son auteur, les témoins cherchent à justifier leurs présupposés. Il faut trouver un coupable … ou l’aveugle, ou ses parents, supposés pécheurs … Quant aux Pharisiens, ils sont divisés sur l’interprétation à donner à cette guérison. Pour certains, elle ne peut pas venir de Dieu, parce qu’elle a été opérée un jour de Sabbat, travail interdit ! D’autres sont perplexes : « comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? »

La polémique enfle. Il faut à tout prix s’opposer à voir en Jésus le Messie.  

On constate d’un côté la simplicité et le bon sens de l’aveugle guéri. De l’autre côté, c’est le refus de l’évidence. La conclusion du bénéficiaire du miracle sur son guérisseur est claire : « c’est un prophète ! ». Vous dîtes que c’est un pécheur … mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle et maintenant je vois ». Les parents confirmaient les paroles de leur fils, mais ils se gardaient bien d’en avancer des commentaires, par peur des juifs, ayant bien compris que ceux-ci voulaient « exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie », nous dit l’évangéliste.

« Dieu ne regarde pas comme les hommes –disait le Seigneur à Samuel- car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur »

Jésus voit dans le cœur de l’aveugle guéri la droiture, l’accueil de la vérité. Il peut donc lui poser la question de confiance : « crois-tu au Fils de l’homme ? » La réponse ne tarde pas : « je crois, Seigneur », et le signe de sa vénération : « il se prosterna devant lui ».
Jésus, lumière du monde, en exprime lui-même la signification : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas  puissent voir et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

« Serions-nous des aveugles, nous aussi ? », dirent certains pharisiens, qui avaient bien compris … Soyons aussi lucides qu’eux, sachant que « celui qui marche à ta suite, Seigneur Jésus, aura la lumière de la vie. »
Amen

P. Jean Rouillard

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