Homélie du 5ème dimanche de Carême - Année A
La prière d’ouverture, aujourd’hui prononce une fort belle phrase qui pourrait devenir notre devise cette semaine (et sans doute même au-delà) : « imiter avec joie la charité du Christ »
Je demandais l’autre jour à mon équipe Notre-Dame (des jeunes foyers) : « utilisez-vous avec vos enfants l’expression ‘faire la charité’ » ? Ils m’ont tous répondu « non » … cette expression est tombée en désuétude, elle tend à disparaître, et subsistait, malgré tout, dans l’imaginaire de l’une des personnes présentes, mais avec une connotation très négative, condescendante …
Or c’est un mot magnifique, quand on y pense, que celui de « charité ». Ce mot est d’origine chrétienne (le saviez-vous ?), il vient de « charis », en grec, qui signifie « don ». La grâce apparait donc, originellement, comme l’expression de l’amour gratuit de Dieu, par un don spirituel venant de lui. La charité est donc d’abord un acte de Dieu, avant d’être un acte humain, éventuellement héroïque. Ensuite, seulement après, c’est un amour pour Dieu et enfin, c’est un amour des autres pour l’amour de Dieu. C’est bien ce que dit « l’acte de charité » : Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur et plus que tout, parce que vous êtes infiniment bon, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de vous.
Nous venons d’écouter Jean 11, la résurrection de Lazare. Cet acte de Jésus est vraiment un acte de charité. La charité, pour le Christ consiste, on le sait bien, à donner à manger à ceux qui ont faim, à guérir ceux qui sont malades, à pardonner les péchés, à chasser les démons et … à ressusciter les morts !
Il y a un lien très fort entre le pardon des péchés et la résurrection des morts. C’est le péché qui fait entrer la mort dans le monde. Voici ce que déclare Saint Paul (Rm 5,12) : « Par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché. »
Ressusciter Lazare, pardonner les péchés, c’est la même charité du Christ qui veut nous arracher au péché et à la mort : la résurrection de Lazare est un signe de la charité divine.
Et quant à nous aujourd’hui, concrètement, comment pourrions-nous « imiter avec joie la charité du Christ » ? J’ai un souvenir qui remonte au 09 avril 2011 (hier !) : les six paroisses du Centre d’Angers se sont rassemblées, dans la joie et la simplicité place Sainte-Croix, pour annoncer Jésus-Christ ensemble.
Faire connaître Jésus est le plus acte de charité qui soit. Bien sûr, je n’oublie pas qu’il y a beaucoup de très beaux gestes d’évangélisation posés dans la discrétion par les uns et les autres, mais de temps à autre il est bon et même nécessaire qu’il y ait un signe visible de cette charité qu’on appelle l’évangélisation !
Je termine en revenant sur la prière d’ouverture « que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d’imiter avec joie la charité du Christ, lui qui a donné sa vie par amour pour le monde. Par Jésus-Christ, ton Fils … ». La plupart des oraisons se terminent par cette expression « par Jésus … » : au moyen de ce petit mot, l’Eglise fait honneur aux deux médiations du Christ, l’une ascendante (on confie nos prières à Jésus qui les fait monter vers le Père), l’autre descendante (tout ce que l’on demande dans la prière nous est accordé par son truchement). Toutes les grâces, et spécialement les sacrements nous viennent par lui, qu’il règne dans nos cœurs, lui qui règne déjà dans les siècles des siècles, amen !
P. Emmanuel d'Andigné
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