10 février 2007

Homélies

Homélie du 6ème dimanche du temps ordinaire année C (11 février)

« Malheureux vous, les riches »
Serait-ce donc mauvais d’être riche ?

« Malheureux vous qui êtes repus »
Serait-ce donc mauvais d’avoir tout ce qu’il faut pour manger ?

« Malheureux vous qui riez »
Serait-ce donc mauvais de rire ?

« Malheureux êtes-vous si l’on dit du bien de vous … »
Serait-il donc mauvais d’avoir bonne réputation ?

« Heureux les pauvres … heureux ceux qui pleurent … heureux ceux qui sont haïs … »

Tout le monde conviendra que les larmes, la pauvreté, le rejet par les autres
sont des choses peu enviables ! Pour nous aider à comprendre cet Evangile, j’appelle à mon secours St François d’Assise.
Il fait froid, frère Léon et frère François s’achemine difficilement vers un monastère. Frère Léon récrimine contre le temps et déclare que vraiment, leur situation est déplorable, qu’ils sont loin de la joie parfaite. Alors frère François reprend en l’amplifiant l’hymne à l’amour de Saint Paul ( « j’aurais beau parler toutes les langues de la terre … »), puis explique que même si nous étions au sommet de toutes les joies qui sont à la portée des hommes, cela ne serait pas encore la joie parfaite. Mais il ne s’arrête pas là, il imagine la pire des situations : être rejetés par d’autres franciscains après cette route exécrable jusqu’au monastère ; et pire encore, que les frères finissent pas sortir pour les rouer de coups, et voilà ce qui serait, selon frère François, « la joie parfaite » !!!

La joie la plus profonde n’est pas dans la douceur du climat, elle n’est pas plus dans la reconnaissance des autres ou dans le bien-être matériel, car ces choses disparaîtront … la joie parfaite vient de Dieu, elle consiste à le connaître et à l’aimer, à y trouver une présence vraiment constante une fidélité à toute épreuve, une tendresse sans mesure, un pardon toujours prêt à fondre sur le pécheur. Et c’est qui explique la conclusion de St François : « Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités … ». Celui qui en est là possède une joie qui ne passe pas !

Et alors nous revenons à l’Evangile : le bonheur n’est pas dans les évènements, il n’est pas dans les sentiments, et encore moins dans notre condition matérielle. Il se trouve en Dieu, déjà ici-bas, et en plénitude dans la vie éternelle. La question est, et ce sera ma seule question pour aujourd’hui : comment cette joie peut-elle envahir notre cœur ? Comment allons-nous l’acquérir, pour nous profiter à nous
et pour profiter à tous les malheureux qui ne connaissent pas Dieu ?
Eh bien nous avons le moyen très simple et très beau de la prière.

Pour entrer dans le Carême, nous reproduirons la belle expérience des 24h d’adoration d’entrée dans l’Avent. Chaque premier vendredi du mois, et désormais chaque troisième vendredi aussi, grâce aux ursulines, nous avons des méditations très précieuses, qui nous aident à plonger dans la prière d’adoration.
Je pourrai continuer la liste longtemps …

La prière d’adoration suspend le vol du temps, maintient dans le temps cet acte d’adoration que nous faisons brièvement à chaque messe. La prière d’adoration
nous familiarise avec le Christ, et installe en nous pour longtemps le secret de la joie parfaite, un bonheur durable qui nous est enseigné par celui qui a vécu ce qu’il a enseigné, et c’est pour cela qu’il est convaincant. Nous nous tenons aux pieds de sa croix, comme à chaque messe, et son être est déjà pour nous un enseignement, elle nous donne une amitié qui fait vraiment notre bonheur.

Je voudrais que la prière soit la respiration de cette paroisse, et devienne finalement une source de vraie joie pour chacun de nous. Le monde dans lequel nous vivons a besoin, tout autant que nous, de joie et de joie parfaite. Allons-nous garder notre joie pour nous ? Profitons des moments de prière que nous offre la paroisse et que nous offrent les circonstances de la vie. Et nous serons, comme dit l’Ecriture, « comme des arbres plantés près d’un ruisseau »
P. Emmanuel d’Andigné

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