17 février 2007

Homélies

Homélie du 7ème dimanche du temps ordinaire C - 18 février 2007

Comment se fait-il que la Parole du Christ soit si forte ?
Pourquoi son enseignement n’a-t-il pas pris une ride depuis 2000 ans ?

Il y a, selon moi, au moins deux explications à ce phénomène : la première est que Jésus est Dieu, et que par conséquent sa Parole, la Parole de Dieu, est éternelle et ne peut pas subir l’injure du temps.

Et la seconde explication est plus à taille humaine, et en cela, nous pouvons imiter Jésus efficacement : la force de la parole du Christ vient de ce que sa vie traduit en actes les paroles qu’il prononce ; sa vie est un message.

« Aimez vos ennemis » … il l’a fait ! « Faites du bien à ceux qui vous font du mal » … il l’a fait ! « A celui qui te frappe sur la joue droite, présente aussi l’autre » … il l’a fait ! « Vous serez les Fils du Très-Haut » … il est le Fils du Très-Haut ! Je pourrais reprendre ainsi chaque phrase de l’Evangile. Finalement, Jésus fait son propre portrait, lorsqu’il donne la charte du parfait disciple !

Nous fêtons aujourd’hui sainte Bernadette … c’est-à-dire que nous invoquons sa présence, du ciel, elle nous bénit, et nous voulons aujourd’hui nous nourrir de son message. Or il se trouve que sa vie aussi est un message. C’est peut-être cela la sainteté !

Comme on ne peut pas tout dire, je choisis aujourd’hui simplement une chose, un détail de sa vie, lorsqu’elle fut religieuse à Nevers, chez les Filles de la Charité : au couvent comme ailleurs, elle est appelée « la voyante », beaucoup de gens viennent la voir, les sœurs elles-mêmes sont intriguées et lui posent mille questions. Or nous savons que la maîtresse des novices, avec un mélange de volonté éducative et de jalousie, s’est montrée très dure avec elle, ne lui « passant » absolument rien, lui faisant sentir avec excès qu’elle était une religieuse comme les autres. On ne peut qu’admirer dans cette attitude le souci de la faire progresser dans la vie religieuse, sans égard pour « la voyante », mais on ne peut pas s’empêcher de subodorer une grande jalousie, de la part de celle qui était à la fois sa supérieure et son inférieure en bien des domaines …

Cependant, le plus intéressant, ce n’est pas tellement la jalousie qui l’a entourée, c’est plutôt sa réaction à cette jalousie, de sorte que ce détail de sa vie nous fournit un enseignement à deux volets sur ce fléau qui altère notre vie spirituelle et qu’on appelle « jalousie ». Le premier volet, c’est le contre-exemple de la jalousie, le second, c’est la manière dont on domine celle des autres.

Commençons par la jalousie :
C’est toujours avec bonheur que j’entends en confession quelqu’un qui reconnaît qu’il a été jaloux : mon bonheur vient de ce que celui qui confesse un tel péché lutte contre une racine très tenace de tous les péchés qui est l’orgueil. Etre jaloux, en effet, c’est refuser les faveurs de Dieu pour mon frère que voici, tandis que moi, je n’en bénéficie pas : si j’avais été Dieu, j’aurais réparti les choses plus équitablement …

Mais l’humanité forme un corps, l’Eglise aussi, et nous sommes les membres les uns des autres. Réjouissons-nous donc de tous les dons qui sont faits à d’autres ! Réjouissons-nous des dons qui nous sont faits et nous serons infiniment plus heureux (et d’ailleurs, n’est-il pas vrai que remarquer ce que je n’ai pas, m’empêche parfois de regarder ce que j’ai !).

Mais lorsque nous aurons lancé la bataille contre ce péché, il nous restera le second volet : la gestion de la jalousie des autres

A aucun moment, au cours des apparitions, après celles-ci ou pendant les 13 années passées au couvent, Bernadette (Sœur Marie Bernard) n’a tiré orgueil de sa « position » de voyante. Et c’est la raison pour laquelle elle accepta si docilement d’être ainsi rabaissée : au fond, il lui semblait retrouver sa position initiale de pauvre fille ignorante qu’on a eu l’impression d’oublier juste après les apparitions … Le secret de sainte Bernadette est d’être moins préoccupée d’elle-même que de faire partie du corps de la communauté, en rendant le service qu’elle peut (vous remarquerez que c’est en allant chercher du bois pour la famille qu’elle eut sa première apparition). Nous sommes en général
trop préoccupés de nous-mêmes …

« Aimez vos ennemis …Tendez l’autre joue … » Jésus nous demande des choses difficiles ! Et le remède à la jalousie, c’est-à-dire se réjouir de ce que les autres reçoivent, se réjouir qu’ils aient quelque chose qu’on a pas forcément, ce remède est difficile lui aussi ! Et pourtant, les saints l’ont vécu, se connaissant entre eux, se motivant les uns les autres sans se jalouser. Eh bien nous aussi, avec la grâce de Dieu ! Il nous faut demander cette force à Dieu, de faire ce qui est impossible pour l’homme, mais pas pour Dieu.

Remercions notre sainte Patronne pour son exemple, et soyons bien conscients que la sainteté est faite pour nous aussi !
P. Emmanuel d'Andigné

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