22 mai 2007

Les catéchèses

Catéchèse du 16 avril 2007
l’exposé

La dernière fois, nous avons parlé de la conception virginale de Jésus, et de sa naissance. Cela concernait l’identité de Jésus … Aujourd’hui, nous contemplons les principaux évènements de sa vie, ce qui n’est pas sans conséquence, ni sans intérêt !

Voici ce que le Credo nous dit : « Il a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, et a été enseveli, est descendu aux enfers, les troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant»

Pour le Judaïsme, le « credo » (si l’on peut dire) que l’on trouve en Deutéronome 6 consiste à affirmer qu’il y a Un seul Dieu, qu’il faut aimer par-dessus tout. L’Islam, quant à lui, réaffirme que Dieu est grand, et que Mohamet est son prophète. Autrement dit : la doctrine, pour ces deux religions consiste à dire des choses sur Dieu. Dans la foi chrétienne, la doctrine consiste essentiellement à décrire la vie d’un homme, et le caractère mystérieux de cette vie, car il est Dieu, et sa vie renferme le mystère de notre salut. Tout cela en raison du dogme de l’Incarnation.

Quatre dogmes principaux structurent la foi chrétienne en tant que telle : la Trinité, L’Incarnation, La Résurrection, la Rédemption (qui s’ajoutent à la Création). De ces dogmes jaillit une spécificité chrétienne, à propos de laquelle je souhaiterais faire trois remarques.

1ère remarque : la vie du Christ (cachée et publique) est un mystère. L’image de l’Iceberg nous permet de mieux comprendre ce que l’on entend par « mystère » ; en effet, un iceberg a deux parties distinctes, l’une émergée (toute petite) et l’autre immergée (énorme) ; un mystère, dans la foi chrétienne, est comme un iceberg, nous pouvons le comprendre, mais nous savons que la plus grande partie nous échappe. Le CEC développe cette idée de mystère, et décrit soigneusement, systématiquement, chacun des mystères (à la manière du chapelet !)

2ème remarque : de cette « particularité chrétienne » naît la notion de « sacrement ». Utilisons une autre image : celle de la pièce de monnaie ; celle-ci a un côté face et un côté pile ; on ne peut pas voir en même temps les deux côtés de la pièce ; il se passe dans un sacrement quelque chose d’analogue, en ce sens que le sacrement est un signe visible dont on sait qu’il comporte comme une face cachée (un côté pile) et qui est impossible à voir ou à sentir. On peut dire que Jésus est « sacrement » du Père, il en est le « côté face », le côté visible, on peut dire aussi que l’ Eglise est « sacrement » du Christ, car elle le rend visible pour aujourd’hui, et de la même façon, après le Christ et dans la continuité, les 7 sacrements sont la partie visible de la grâce de Dieu.

3ème remarque : vie cachée et vie publique ont des proportions trompeuses. En effet, la vie cachée est plus importante au plan arithmétique (30 ans), mais la vie publique et les dogmes qui en découlent (3 ans à peine) éclairent tout l’ensemble. La conséquence en est la suivante : les textes bibliques (surtout l’Evangile) visent à montrer ce qui est nécessaire à la foi (et non la totalité de tout ce que l’on pourrait dire sur Jésus). Nous savons que passion, mort et résurrection (c’est le kérygme !) sont le cœur de la foi chrétienne.

Ajoutons maintenant un mot à propos de ces phrases que nous récitons machinalement le dimanche.

« Il a souffert sous Ponce Pilate ». Ce passage souligne l’importance qu’a pour nous le temps, l’importance de l’histoire dans la foi chrétienne : c’est dans un lieu donné et à une époque donnée que Dieu a couru l’aventure des homes afin de les sauver, à la fois d’en haut et d’en bas. Jésus a voulu expérimenter une vraie vie humaine, c’est le principe du mystère de l’Incarnation.

« Il a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers ». Cette succession d’information montre que Jésus est réellement mort, d’une mort exactement semblable à la nôtre (sans quoi la résurrection serait vide de sens !). Par ailleurs, précisons que ce que le credo appelle les « enfers » est ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui le « séjour des morts » ; cette précision vise essentiellement à répondre à une question que l’on s’est vite posée : comment Jésus pourrait-il sauver ceux qui ont vécu avant lui et qui par conséquent n’ont pas pu le connaître ? Réponse : il est descendu au séjour des morts, pour les rejoindre et les entraîner dans sa résurrection ! Dans des icônes orientales, on représente Jésus prenant la main d’Adam et Eve pour faire comprendre que toute l’humanité, y compris celle qui précède la venue du Christ, peut vraiment être sauvée. Il est bien vrai qu’il y a un rapport, tout de même, entre « enfers » (au pluriel) et « enfer » (au singulier) : ces deux réalités sont liées par le fait que Satan règne sur la mort, et qu’il a fallu que le Christ « rachète » ceux qui étaient au pouvoir de la mort et de Satan, c’est l’origine du mot « rédemption » (littéralement « rachat »). Redisons bien pour finir que « descendre aux enfers » ne signifie pas que Jésus est damné, pas plus que pour nous, d’ailleurs !
Je vous invite à lire le commentaire que le Catéchisme de l’Eglise Catholique fait de chaque segment de phrases du Credo, vous y trouverez beaucoup plus de précisions !
P. Emmanuel d'Andigné

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