Homélie du Père Rouillard

DIMANCHE DE LA CONVERSION DE SAINT PAUL – ANNEE B


25 janvier 2009



Ce troisième dimanche du temps ordinaire n’est pas tout à fait ordinaire cette année. En juin dernier a commencé l’année jubilaire Saint Paul. Pour cette raison, le pape Benoît XVI a invité à choisir les textes de la messe de la conversion de Saint Paul, cette conversion étant fêtée tous les ans le 25 janvier, or cette année ce 25 janvier est précisément un dimanche.

Nous pouvons tout d’abord nous associer à cette prière de l’unité que je lis :

« Dieu éternel et miséricordieux, toi qui es un Dieu de paix, d’amour et d’unité, nous te prions, Père, et nous te supplions de rassembler, par ton Esprit-Saint, tout ce qui est divisé. Veuille aussi nous accorder de nous convertir à ton unité, de rechercher ton unique et éternelle vérité, et de nous abstenir de toute dissension. Ainsi, nous n’aurons plus qu’un seul cœur, une seule volonté, une seule science, un seul esprit, une seule raison. Et tournés tout entiers vers Jésus-Christ, notre Seigneur, nous pourrons, Père, te louer d’une seule bouche, et te rendre grâce par notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Esprit-Saint. »

Qui a formulé cette belle prière ? Le Pape ? Non, c’est Luther, le moine Martin Luther, l’un des tout premiers fondateurs du protestantisme.

Ce qui nous montre au moins qu’il ne faut pas rejeter en bloc tout ce qui nous vient des hérétiques. Il vaut mieux reconnaître ce qui nous rapproche, ce qui nous unit au-delà de nos divergences.

Il est nécessaire, je pense, de nous le rappeler en ce jour de clôture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Comme il est difficile de se comprendre, même lorsque l’on n’est pas mal intentionné… J’entendais récemment au cours d’informations nationales une journaliste dire que le Concile Vatican II avait aboli la messe en latin. C’est purement et simplement faux. C’est de la désinformation. Certains voient en Benoît XVI un dangereux progressiste, là où d’autres le jugent conservateur, timoré, intégriste, nostalgique du passé.

Comme on parle de la possible levée de l’excommunication des quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre, certains prétendent que le pape actuel fait le contraire de ce qu’a voulu son prédécesseur Jean-Paul II… oubliant que le grand souhait de tout pape est de pouvoir supprimer la sanction, à condition toutefois que celui qui a dévié reconnaisse son erreur et revienne dans le droit chemin.

C’est l’exemple que nous donne Paul. Il défendait avec fougue le judaïsme de ses pères et voulait exterminer ces nouveaux venus, les chrétiens, qui s’écartaient de la foi ancestrale, jusqu’à ce que, terrassé sur le chemin de Damas par la révélation de Jésus, il reconnaisse qu’il faisait fausse route.

« Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » lui dit Jésus, « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. »

Saul n’a pas dit à Pierre et aux autres apôtres : « Revenez à la foi que vous pratiquiez auparavant. Ne vous laissez pas entraîner par cet inconnu qui nous vient de Nazareth. » Au contraire, il s’est mis à l’écoute d’Ananie, un homme religieux et fidèle à la loi, estimé de tous les Juifs habitant la ville ; et à qui le Seigneur dira parlant de Saul : « cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d’Israël. Et moi je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom. »

Se convertir est toujours douloureux. N’attendons pas seulement que les autres se convertissent.

Efforçons-nous d’écouter les autres, d’essayer de les comprendre, d’être attentifs à leur pensée, plutôt que de nous empresser de les contredire et de nous fermer à toute idée qui nous dérange. Recherchons la vérité et allons à l’essentiel. Ne perdons pas notre temps à des discussions stériles. « Car ce monde tel que nous le voyons est en train de passer », écrivait saint Paul aux Corinthiens.

L’essentiel, Saint Marc nous le rappelait dans les dernières lignes de son Evangile : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. »

Pour aider le monde à croire au Christ, il est très important que les chrétiens fassent preuve d’unité. Poursuivons notre prière et notre action dans cet esprit, au-delà même de la semaine qui s’achève.

Amen
Père Jean Rouillard