17 février 2009

Homélie du 15 février 2009

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire, année B
Cet Evangile tombe très bien aujourd’hui (entre le 11 et le 18 février !) il nous parle d’un miracle, nous qui sommes sensibles particulièrement à tout ce qui se passe à Lourdes. C’est l’occasion de nous rafraîchir la mémoire sur ce qu’est un miracle …

« Miraculum », en latin, vient de « mirari », qui signifie s’étonner, admirer, être choqué, s’émerveiller, selon les circonstances …

Jésus fait un miracle, et il a deux attitudes complémentaires : premièrement, il ne veut pas que cela se sache de façon populaire (« ne dis rien à personne »), deuxièmement, il demande à ce que le guéri voit un prêtre (« mais va te montrer à un prêtre »).

Ne dis rien à personne : d’une façon analogue, Jésus interdisait, dimanche dernier, les démons de révéler qui il était, car les démons, à vrai dire, n’ont pas besoin de miracles, les anges non plus, pour savoir qui est Jésus.

Mais les hommes, eux, qui ont besoin de signes tangibles, risquent de se tromper sur son compte, en faisant de lui un guérisseur, une force étrange qui guérit, sans tenir compte de la nature de l’homme, alors que le miracle est un signe. La fumée est le signe du feu, le miracle est le signe de ce que le Royaume des cieux est là, de ce que Dieu est descendu sur la terre. C’est un signe de la nouvelle création ; Dieu avait tout créé, il vient tout recréer, il vient montrer son intérêt, sa tendresse pour ses créatures, il vient montrer sa préférence pour les pauvres et les petits. Il n’attire le regard sur lui que pour qu’on y reconnaisse le visage du Père.

Ceci a deux conséquences pratiques pour nous : tout d’abord, comprendre ce qui se passe à Lourdes, c’est-à-dire un signe moderne de l’actualité et de la réalité du royaume des cieux aujourd’hui. Les miracles de Lourdes montrent que Jésus est vivant, agissant aujourd’hui, et qu’il continue à faire son œuvre de Salut plus qu’une vaste opération de guérisons en tous genres. Il est venu nous sauver du péché et de la mort, et les miracles de Lourdes sont le signe de cette grande réalité qui est celle qui intéresse Jésus au plus haut point.

Deuxième conséquence pratique : nous savons, désormais, qu’il nous faut donner des signes du royaume, des signes de l’intérêt et de la tendresse de Dieu à la société d’aujourd’hui. Cela veut dire des gestes quotidiens qui rendent visibles l’invisible amour de Dieu : c’est en visitant des malades, en venant en aide à ceux qui ont faim et qui souffrent, en guérissant par l’amour, que nous ferons des « miracula », des gestes qui provoquent la foi.

Un « jeune évêque » ma confié un jour ceci : mes frères évêques ont signé un document intitulé « proposer la foi dans la monde d’aujourd’hui » … fallait-il écrire « proposer » ou plutôt « provoquer » la foi ? J’aurais préféré « provoquer », pour manifester que l’amour a la puissance de provoquer une bonne réaction d’adhésion à Jésus-Christ, plus qu’une proposition.

« Va te montrer au prêtre », dit Jésus, voilà quoi est intéressant …

Jésus connaît bien la nature humaine, et il sait que l’homme a besoin d’un constat scientifique pour accepter même une œuvre de Dieu : à Lourdes, des médecins sont là, chaque jour, pour attester du sérieux d’une guérison, car c’est une exigence de la raison humaine ; nous devons savoir avec précision s’il s’agit d’une fable ou d’une histoire vraie.

« Va te montrer au prêtre », respecte ce que la loi dit de faire, et ainsi, ton témoignage sera recevable par tous ceux qui t’entourent, car ils vivent sous le régime de la loi.

Ceci a une conséquence pratique pour nous : il est nécessaire de comprendre comment nos contemporains réagissent, leur mode de pensée, leurs réflexes, et respecter le minimum de ces « lois » d’aujourd’hui, afin que notre témoignage porte réellement. Je pense, par exemple, à cette insistance sur le fait que, lorsque quelqu’un est invité à une soirée Alpha, il n’est nullement obligé de revenir, personne n’ira le rechercher, etc …cette insistance correspond bien à notre mentalité moderne, qui a le défaut de l’individualisme et la qualité de l’amour de la liberté !

Depuis 2000 ans, l’Eglise contemple cette guérison du lépreux, et bien entendu, elle y a vu non seulement l’événement historique des guérisons multiples, mais aussi la guérison spirituelle, qui éclatera dimanche prochain, où Jésus nous sera montré guérissant et pardonnant les péchés.

S’il y a bien une lèpre qui nous touche tous, c’est le péché ! Bienheureux carême qui s’approche maintenant pour nous lancer dans le combat contre la lèpre spirituelle …

Lorsque nous nous confessons, c’est l’Evangile qui nous le révèle aujourd’hui, Jésus nous touche et nous dit : « je le veux, soit purifié ! ». Et nous retrouvons au plan spirituel ce que nous constatons au plan médical : Jésus fait une distinction entre la lèpre et la personne. Il guérit quelqu’un qu’il veut relever ; il ne supprime pas le malade (comme on le fait de façon honteuse, dans les hôpitaux avant qu’un enfant malade ne naisse), il ne supprime que la maladie.

C’est la raison pour laquelle nous devons nous avancer sans peur vers ce sacrement, car il dénonce le mal, c’est vrai, mais il guérit et remet sur pied la personne !

C’est un Evangile de la foi, que celui d’aujourd’hui, de la confiance, de la joie de Dieu qui aime guérir et veut sauver, de la joie d’un cœur et d’un corps purifié … nous sommes les ambassadeurs de cette joie que Dieu veut répandre dans tous les cœurs, Amen !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 08 février 2009

Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire, année B
Peu ou prou, tout le monde connaît la géographie de la Terre Sainte … on y trouve deux « mers », au Nord la Mer de Tibériade (ou de Galilée, pleine de poissons, très vivante) et au Sud la Mer Morte (qui porte assez bien son nom !). L’une reçoit de l’eau du Jourdain et la déverse à nouveau dans ce qui redevient le Jourdain, l’autre garde l’eau qu’elle a reçue pour elle et meure …

De cette image nous pouvons tirer l’enseignement que lorsque la foi est partagée, diffusée, répandue dans les cœurs, alors le cœur qui a ainsi réalisé ce partage est plein de vie et de plus en plus capable de nourrir tous ceux qui s’approchent …

« Malheur à moi si je n’évangélisais pas ! », vient de nous dire St Paul : je deviendrais comme la Mer morte … les professeurs, les conférenciers ou les instituteurs font tous une expérience similaire : devoir enseigner et faire comprendre à d’autres fait beaucoup progresser soi-même dans la matière qu’on enseigne. A chaque fois que vous ferez l’expérience de faire bénéficier du trésor de votre foi quelqu’un qui ne l’a pas découvert, vous connaîtrez la joie de Tibériade, c’est certain ! La question qui se pose, ensuite, c’est comment s’y prendre dans la vie de tous les jours ?

Saint Paul nous donne des indications très précises, dans ce passage magnifique de l’épître aux Corinthiens : elles se résument dans trois mots, Humilité, Détachement, Service des pauvres.

L’humilité se révèle dans le fait que saint Paul a conscience de n’être pas à l’origine de sa mission. Il a beau être « apôtre autoproclamé », en quelque sorte, puisqu’il ne faisait pas partie du groupe des 12, il a reçu du Christ une semonce (« je suis Jésus, celui que tu persécutes ») et des chrétiens qui l’ont accueilli (Ananie en particulier) lui ont donné instruction nécessaire et imposition des mains, pour évangéliser.

Saint Paul n’a pas fondé des communautés pauliniennes, mais des communautés chrétiennes, autrement dit : bien qu’ayant une personnalité hors du commun, il n’a pas attiré à lui, mais à Jésus, recevant de Dieu la grâce, tel la mer de Galilée, redonnant cette grâce après lui, tel la Mer de Galilée faisant renaître le Jourdain.

Il est intéressant de noter que son humilité n’est pas une pusillanimité (pusilla anima : âme « rabougrie »), autre forme d’orgueil qui consiste à se rabaisser faussement, mais une humilité vraie, reconnaissant ses qualités et ses réussites ; le tout est de les attribuer finalement toujours à Dieu.

A l’humilité, Saint Paul ajoute le détachement des biens matériels quand on demande à un scout qui veut faire sa promesse : « quel avantage matériel en attends-tu ? » Il répond : « aucun ».

Cette réponse, et cette caractéristique de l’évangélisation produisent en nous l’idée, puis la réalité que notre seule véritable richesse, c’est Dieu et que c’est tout ce que nous avons à donner, c’est ce que nous avons de mieux à faire, c’est vraiment lui qui nous rend riches et qui enrichira celui qui nous écoutera, sans nous appauvrir… pensez à Saint Pierre qui dit au paralysé : « de l’or de l’argent, je n’en n’ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne, au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! »

La dernière caractéristique est d’actualité : le service des pauvres. C’est le dimanche dit « de la santé ». La maladie n’est-elle pas un appauvrissement, et une humiliation aussi ? Le service des pauvres et le service des malades sont deux branches du même arbre, c’est vraiment de la même veine.

Vous souvenez-vous d’une dispute entre Saint Paul et Saint Pierre, car celui-ci avait peur des juifs quand il étaient avec des païens ? « Je me suis ouvertement opposé à lui, dit Saint Paul, car il était dans son tort (Galates 2) ». Au bout d’une âpre discussion, ils convinrent que l’évangélisation des circoncis était plutôt la mission de Pierre, Jacques et Jean et celle des incirconcis celle de Paul et Barnabé, mais Saint Paul ajoute (je cite) : « Nous devions seulement nous souvenir des pauvres, ce que le me suis efforcé de faire ».

Le service des malades, le service des pauvres, la préférence pour les pauvres,
ont toujours été une caractéristique du christianisme, tout simplement parce qu’elle est une caractéristique du ministère de Jésus (ainsi que l’Evangile d’aujourd’hui le fait clairement ressortir).

Voilà donc le triptyque que Saint Paul nous propose pour envisager l’évangélisation : Humilité, Détachement, Service des pauvres. C’est avec cette trilogie que Saint Paul a fondé ses communautés chrétiennes partout dans le monde connu, c’est donc de cette manière que nous maintiendrons la flamme dans le monde d’aujourd’hui !

P. Emmanuel d'Andigné

07 février 2009

Homélie du 1er février 2009

Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire B

Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de cette vie, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé.

J’espère qu’à la fin de cette messe les divorces ne se multiplieront (Saint Paul ne dit pas de se débarrasser de sa femme ou de son mari pour mieux être au service des affaires du Seigneur ; même si pour cette situation il prêche pour sa chapelle, la virginité pour le Seigneur. Je crois que ce message que je récupère en campagne de promotion de vocation à la vie consacrée s’adresse à la jeunesse; Si l’homme est divisé seulement Dieu et sa femme c’est encore la réponse au premier des commandements aimer Dieu et son prochain.

La volonté de Dieu c’est l’homme libre, de toute lourdeur qui l’empêche d’être pleinement homme.

Dans la vie consacrée, est un moyen comme la vie des hommes mariés d’atteindre cet objectif.
Tous autant que nous sommes avons un dur combat pour nous débarrasser de tout ce qui peut être obstacle à notre adhésion totale à Dieu. La force de la complémentarité se trouvant dans la vie de couple est un tremplin et la vie consacrée nous donne l’agilité pour y parvenir.

«Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Le combat contre le mal ne se fait pas sans grief. La résistance est féroce. Et Jésus n’y va pas seul, non par faiblesse mais comme pour nous souligner l’importance de la prière et de l’action ecclésiale.

Dans la présence des disciples, dès le départ de la mission de Jésus c’est l’Eglise qui apparaît en germe et Jésus accordera une importance particulière à leur formation. Il ne fait rien sans impliquer l’Eglise et lui a légué ce pouvoir.

Ce pouvoir, découlant des successeurs de Pierre, l’Eglise la détient par l’imposition des mains qui est la communication de l’Esprit depuis des générations.

L’évangéliste nous parle d’une prédication magistrale de Jésus qui nous transmet pas mais qu’il qualifie fort bien : on était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les Scribes. Et juste après il nous parle d’une délivrance. C’est l’incarnation de la parole de Dieu, sa parole est vivante, elle est créatrice ce qui fait que l’enseignement n’est pas autre que la délivrance de l’homme de ce qui l’enchaîne.

Du fait, Jésus exerce un ministère de purification dans le but de sanctifier l’homme pécheur et de le tourner vers Dieu. La purification occupe une place importante dans la tradition juive.

Et Jésus, fidèle à sa vocation de salut du genre humain, fait face à la souffrance multiforme de l’homme. En délivrant un homme, c’est l’humanité blessée par le mal que Jésus vient restaurer.
En compagnie de ses premiers disciples, le Christ s’élance maintenant à la conquête de l’humanité, nouvelle terre promise. N’est-il pas venu chez les siens pour bouter l’occupant hors de la chair, redonner à nos corps leur dignité de temples de Dieu? Dieu est donc ennemi de tout ce qui fait mal à l’homme y compris la mort. Finissons-en avec le dieu qui punit, se venge, fait payer les dettes.

Il est ailleurs l’auteur de ces tourments de l’humanité. Caché sous l’apparente noblesse de la gloire, de la richesse, du savoir, il nous pousse à l’irréparable pour ensuite se moquer de notre échec.

Au fond, astucieusement il voile nos yeux aux valeurs d’amour, de pardon, et solidarité en nous et dans le monde. Il nous amène à croire que nous n’avons aucune valeur et qu’il n’y a aucune valeur ; en revanche il brandit à nos yeux des mirages de valeur ils ont vraiment l’apparence de valeur mais ce n’est qu’une illusion.

Alors, nous essayons de nous prouver que nous sommes et valons quelque chose en décrochant à tout prix ce qu’il a si haut suspendu et nous voilà dans son pièce, c’est là notre démon ; il nous dit : « Si tu es le fils de Dieu, fais ceci ou cela… » Amasse de l'argent, prends le pouvoir, sois un personnage en vue. Ce sont là les idoles de la puissance, de la notoriété et de la domination sans mesure.
FRÈRES, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Quand Paul parle de la liberté c’est justement par rapport à toutes ces lourdeurs. L’image de l’homme marié n’ai qu’une métaphore pour monter différentes vraies valeurs qui existent : Dieu et le prochain, et nous inviter à ne mettre notre amour qu’en Dieu et le prochain.

De cette mort des vraies valeurs en nous, le Christ nous ressuscite. Il chasse nos démons en nous faisant comprendre qu'aimer Dieu et le prochain, le conjoint, la conjointe ne consiste pas à prendre mais à donner.

Il chasse le mal et s’introduit en nous en disant « prenez et mangez ceci est mon corps. Il nous dit encore faites cela en mémoire de moi. Nous vivrons tout à l’heure ces paroles vivantes dans l’eucharistie puissions-nous propager ce geste d’infini amour jusqu’à son retour.

Abbé Cyrille BOUDA

03 février 2009

Petite note sur l'actualité religieuse


Expliquez-nous …
la levée de l'excommunication
des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X,
en date du 21 janvier 2009
D'abord, un peu d'histoire ! Le 07 décembre 1965, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras firent une déclaration commune « exprimant (je cite) leur décision d'enlever de la mémoire et du milieu de l'Église les sentences d'excommunication de 1054 ». Cette « levée d'excommunication » était un pas que le Pape et le Patriarche faisaient ensemble pour faire avancer l'unité de l'Eglise. C'est dans le même esprit et dans la continuité de l'intuition de Paul VI que Benoît XVI a tenu à réaliser ce pas vers les évêques de la fraternité Saint-PieX.

Depuis quand ces évêques étaient-ils excommuniés ? En juin 1988, Mgr Lefevbre prenait la décision d'ordonner quatre évêques sans mandat du Pape et bien que celui-ci (Jean-Paul II) l'ait instamment prié de ne pas réaliser cet acte très grave de désobéissance. En réalisant ces ordinations, Mgr Lefevbre se savait « automatiquement » (on utilise la formule latine « latae sententiae ») excommunié, il avait rompu la communion avec le Saint-Père.

Que signifie exactement « levée » de l'excommunication ? Cela veut dire que la porte de l'Eglise s 'ouvre à nouveau pour celui qui l'avait fermée ; on tend la main à celui qui s'est lui-même exclu de l'Eglise par tel ou tel acte, afin que ce geste de bonne volonté produise chez l'autre un autre pas dans le sens de l'unité. Cependant, cela ne veut pas dire que tout ce qui se passe dans la Fraternité Saint-Pie X est bien (on ne doit pas communier, par exemple, à une messe célébrée par un prêtre de cette fraternité ... un mariage qu'il célèbre n'est toujours pas valide, etc …), mais simplement que des avancées sont possibles pour qu'un jour cette fraternité sacerdotale et ceux qui la suivent soit pleinement réintégrés dans l'Eglise Catholique.

Pourquoi aujourd'hui et maintenant ? Tout simplement parce que cette date du 21 janvier est au cœur de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, à laquelle le Pape veut apporter sa pierre, en continuité avec l'œuvre déjà entreprise par son prédécesseur pour rapprocher chaque jour un peu plus les chrétiens divisés.

Qu'en dit Benoît XVI ? « Je souhaite que mon geste soit suivi d'un engagement diligent de leur part à accomplir les pas ultérieurs nécessaires pour réaliser la pleine communion avec l'Eglise, en témoignant ainsi une vraie fidélité et une vraie reconnaissance du magistère et de l'autorité du pape et du concile Vatican II ».

P. Emmanuel d'Andigné