17 février 2009

Homélie du 08 février 2009

Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire, année B
Peu ou prou, tout le monde connaît la géographie de la Terre Sainte … on y trouve deux « mers », au Nord la Mer de Tibériade (ou de Galilée, pleine de poissons, très vivante) et au Sud la Mer Morte (qui porte assez bien son nom !). L’une reçoit de l’eau du Jourdain et la déverse à nouveau dans ce qui redevient le Jourdain, l’autre garde l’eau qu’elle a reçue pour elle et meure …

De cette image nous pouvons tirer l’enseignement que lorsque la foi est partagée, diffusée, répandue dans les cœurs, alors le cœur qui a ainsi réalisé ce partage est plein de vie et de plus en plus capable de nourrir tous ceux qui s’approchent …

« Malheur à moi si je n’évangélisais pas ! », vient de nous dire St Paul : je deviendrais comme la Mer morte … les professeurs, les conférenciers ou les instituteurs font tous une expérience similaire : devoir enseigner et faire comprendre à d’autres fait beaucoup progresser soi-même dans la matière qu’on enseigne. A chaque fois que vous ferez l’expérience de faire bénéficier du trésor de votre foi quelqu’un qui ne l’a pas découvert, vous connaîtrez la joie de Tibériade, c’est certain ! La question qui se pose, ensuite, c’est comment s’y prendre dans la vie de tous les jours ?

Saint Paul nous donne des indications très précises, dans ce passage magnifique de l’épître aux Corinthiens : elles se résument dans trois mots, Humilité, Détachement, Service des pauvres.

L’humilité se révèle dans le fait que saint Paul a conscience de n’être pas à l’origine de sa mission. Il a beau être « apôtre autoproclamé », en quelque sorte, puisqu’il ne faisait pas partie du groupe des 12, il a reçu du Christ une semonce (« je suis Jésus, celui que tu persécutes ») et des chrétiens qui l’ont accueilli (Ananie en particulier) lui ont donné instruction nécessaire et imposition des mains, pour évangéliser.

Saint Paul n’a pas fondé des communautés pauliniennes, mais des communautés chrétiennes, autrement dit : bien qu’ayant une personnalité hors du commun, il n’a pas attiré à lui, mais à Jésus, recevant de Dieu la grâce, tel la mer de Galilée, redonnant cette grâce après lui, tel la Mer de Galilée faisant renaître le Jourdain.

Il est intéressant de noter que son humilité n’est pas une pusillanimité (pusilla anima : âme « rabougrie »), autre forme d’orgueil qui consiste à se rabaisser faussement, mais une humilité vraie, reconnaissant ses qualités et ses réussites ; le tout est de les attribuer finalement toujours à Dieu.

A l’humilité, Saint Paul ajoute le détachement des biens matériels quand on demande à un scout qui veut faire sa promesse : « quel avantage matériel en attends-tu ? » Il répond : « aucun ».

Cette réponse, et cette caractéristique de l’évangélisation produisent en nous l’idée, puis la réalité que notre seule véritable richesse, c’est Dieu et que c’est tout ce que nous avons à donner, c’est ce que nous avons de mieux à faire, c’est vraiment lui qui nous rend riches et qui enrichira celui qui nous écoutera, sans nous appauvrir… pensez à Saint Pierre qui dit au paralysé : « de l’or de l’argent, je n’en n’ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne, au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! »

La dernière caractéristique est d’actualité : le service des pauvres. C’est le dimanche dit « de la santé ». La maladie n’est-elle pas un appauvrissement, et une humiliation aussi ? Le service des pauvres et le service des malades sont deux branches du même arbre, c’est vraiment de la même veine.

Vous souvenez-vous d’une dispute entre Saint Paul et Saint Pierre, car celui-ci avait peur des juifs quand il étaient avec des païens ? « Je me suis ouvertement opposé à lui, dit Saint Paul, car il était dans son tort (Galates 2) ». Au bout d’une âpre discussion, ils convinrent que l’évangélisation des circoncis était plutôt la mission de Pierre, Jacques et Jean et celle des incirconcis celle de Paul et Barnabé, mais Saint Paul ajoute (je cite) : « Nous devions seulement nous souvenir des pauvres, ce que le me suis efforcé de faire ».

Le service des malades, le service des pauvres, la préférence pour les pauvres,
ont toujours été une caractéristique du christianisme, tout simplement parce qu’elle est une caractéristique du ministère de Jésus (ainsi que l’Evangile d’aujourd’hui le fait clairement ressortir).

Voilà donc le triptyque que Saint Paul nous propose pour envisager l’évangélisation : Humilité, Détachement, Service des pauvres. C’est avec cette trilogie que Saint Paul a fondé ses communautés chrétiennes partout dans le monde connu, c’est donc de cette manière que nous maintiendrons la flamme dans le monde d’aujourd’hui !

P. Emmanuel d'Andigné

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