23 juillet 2009

Homélie du 19 juillet 2009

Homélie du 16ème dimanche du temps ordinaire - Année B
J’avais entendu dire, lors d’une conversation, il y a bien longtemps, que dans un arbre, il y avait « autant de racines que de branches » …voulant en avoir le cœur net, je téléphone à un spécialiste : la réponse qui m’a été faite a dépassé mes espérances ! « Non, il n’y a pas de correspondance mathématique entre les deux, il n’y a pas d’égalité entre profondeur de racine et extension des branches, en revanche, poursuit-il, plus un arbre étend ses feuilles plus il étend ses racines, c’est une nécessité pour lui ».

Ceci, il me semble, nous est utile pour recevoir avec fruit les textes d’aujourd’hui et particulièrement l’Evangile : on y sent, en effet, comme une sorte de « balancement » entre l’exigence d’apostolat (fortement rappelée par la 1ère lecture) et l’invitation au repos, au ressourcement. Dans l’Evangile, il semble y avoir un conflit entre l’apostolat de Jésus et des apôtres d’un côté et de l’autre le repos et la prière, pratiqués et préconisés par Jésus (lequel dit de se reposer et dans l’instant d’après reprend le « travail » !!!)

D’une façon analogue, il y a souvent un conflit entre l’activité apostolique et la contemplation, n’est-ce pas ? La structure de l’arbre peut nous aider, je crois, et ce de trois manières :

1) il n’y a qu’un arbre, bien qu’il y ait plusieurs parties assez distinctes ; il n’y a qu’un Jésus, bien qu’il soit tour à tour très actif et très contemplatif … il n’y a qu’un chrétien, bien qu’il soit tour à tour très actif et très contemplatif

2) mais ce chrétien, ce Jésus, puise en son Père la nourriture, le repos, la force, l’ombre rafraîchissante, et plus l’apostolat augmente, c’est la grande leçon de l’arbre, plus la prière doit se développer.

3) Cependant, il n’y a pas de correspondance mathématique entre la prière et l’apostolat, de sorte que Dieu peut faire donner beaucoup de fruit à peu de moments de prières et inversement.

Il n’y a donc pas de contradiction dans l’Evangile (c’est d’ailleurs impossible, quand on y pense !), car si Jésus est « saisi de pitié » et qu’il « craque » en s’occupant d’eux, il saura, à un moment ou à un autre, se reposer et se ressourcer.

Trois conséquences, me semble-t-il , sont à tirer de ces réflexions :
La première concerne la mentalité : décidons une bonne fois pour toutes de ne pas ne pas séparer les branches des racines, de sorte qu’il y ait toujours un rapport entre activité et repos et que ce dernier mène toujours à l’autre. Il ne faudrait pas qu’il y ait comme deux personnages en nous, l’un qui travaille et un tout différent qui se révèle dans ses loisirs.
La seconde concerne la façon dont nous envisageons une responsabilité (le curé d’Ars, on le sait, avait une si haute idée de la gravité de sa mission qu’il s’écriait « comme c’est difficile d’être prêtre, si on le savait, on fuirait pour ne jamais le devenir ! » ; malgré l’excès de cette phrase, on comprend, et ce n’est pas réservé aux prêtres, que toute charge doit être honorée avec un certain tremblement afin que nous n’ayons pas que le titre de prêtres, de parents, d’éducateurs, de professeurs, etc …)
La troisième est pratique : profitons de l’Eté et des journées moins remplies pour nous reposer avec le Christ et à sa manière, et prenons un long temps de prière, cette semaine, en respectant la règle des 3 P : Petit, Pratique, Possible !

P. Emmanuel d'Andigné

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