Homélie de l'Ascension 2010 - année C
Si on ne voit dans l’Ascension que la seule célébration du moment où Jésus est remonté vers le Père, on risque de passer à côté de la véritable signification de ce mystère. La Résurrection n’est pas la fin d’une histoire fantastique, l’Ascension n’est pas le bonus en prime sur le DVD.
Le mystère de l’Ascension est beaucoup plus riche que cela.
Jésus est déjà remonté auprès de son Père, puisque dès le jour de Pâques Jésus a été glorifié auprès de lui.
Nous célébrons aujourd’hui sa dernière ascension ou sa dernière manifestation physique auprès de ses apôtres avant son retour définitif à la fin des temps.
C’est le début d’un changement de mode de présence du Christ en notre monde. Jésus monte vers le Père, mais il n’abandonne pas les hommes. Il est présent aujourd’hui dans le pain et le vin consacrés, son corps et son sang eucharistiques. Il est présent aussi dans l’Église par le témoignage de tous ses disciples animés par son Esprit.
Jésus, alors qu’il est près de son Père, est aussi avec nous ; et nous, alors que nous sommes ici, nous sommes aussi avec lui. « Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais et je reviens vers vous. » (Jn 14, 28).
« Il fallait que s’accomplisse ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection … et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés » (Lc 24, 46-47). Ce rappel n’est pas inutile juste après Emmaüs, car les apôtres, comme nous-mêmes, ont du mal à comprendre l’étendue de ce mystère.
Pendant quarante jours, Jésus leur apparaît et leur parle du Royaume de Dieu. Il leur annonce leur prochain baptême dans l’Esprit, mais les apôtres ont encore la tête ailleurs ! « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » (Ac 1,6).
Pourtant, pendant quarante jours ils ont entendu parler du Royaume de Dieu et malgré tout ils en sont encore à espérer une revanche politique. D’accord, ils ont bien fini par reconnaître le Seigneur, même si son aspect extérieur a changé, mais ils ne comprennent pas ses paroles. Ils doutent encore et se raccrochent à ce qu’ils connaissent : « On aimerait bien que tu rétablisses la royauté en Israël, alors c’est pour quand ? » Ils ont peur, tout simplement, et ils se demandent bien où cela va les conduire en le suivant.
Jésus est patient. Il leur redit qu’ils vont recevoir une force, celle de l’Esprit Saint, et qu’il seront ses témoins à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1, 8).
Il faut tout de même admettre qu’il va les entraîner dans une entreprise incroyable : soit, ils sont douze, mais ils ne partiront même pas ensemble. Ils n’ont pas de qualification spéciale, ils sont loin de former une élite et les critères de choix de Jésus n’étaient sûrement pas ceux d’un chasseur de têtes ! Ils vont partir sans argent, sans sécurité, sans assurance.
En fait, tout repose sur le dynamisme d’une promesse : l’Esprit Saint que le Père enverra au nom de Jésus, c’est lui qui les enseignera et les guidera. C’est lui qui leur redonnera confiance. Il faudra tout lâcher et partir en avant. Il faudra s’éloigner de la côte et prendre le large en laissant le vent de l’Esprit conduire le bateau et l’équipage là où le Seigneur les attendra.
L’Ascension, c’est déjà l’annonce d’un programme de vie pour les apôtres et pour l’Église après la Pentecôte ; c’est un programme pour nous-mêmes. Nous avons la mission de rendre présente au monde entier, à chacun de nos frères, la révélation du Christ ressuscité et monté au ciel.
Nous sommes embarqués nous aussi dans une folle aventure : accepter que l’Amour de Dieu nous transforme et convertisse notre cœur, et qu’avec l’aide de l’Esprit Saint nous puissions suivre le Christ et ouvrir avec lui la route qui conduira tous nos frères vers le Père.
La fin du récit de Luc ressemble à la fin d’une célébration. Après avoir réuni une dernière fois ses disciples, Jésus, le véritable grand prêtre, les bénit et les envoie dans le monde. Et quant à eux, ils se prosternent et ne cessent ensuite de bénir Dieu.
Seigneur, accorde-nous la grâce d’accepter de suivre dans le quotidien de nos vies le chemin d’humilité et d’amour que tu as proposé à tes apôtres et que tu as toi-même emprunté. Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire