Jésus prend la route de Jérusalem. Il sait très bien où cela va le mener : son arrestation, son jugement, sa condamnation, sa mise en croix, sa mort et sa résurrection.
Saint Luc nous dit qu’il prend la route avec courage. Jésus a beau être fils de Dieu, cela lui pèse, il n’en est pas moins homme. Mais pas question de revenir en arrière. Son Père l’a envoyé auprès de nous pour une mission bien précise. Il ira jusqu’au bout.
La réaction violente de Jacques et de Jean vis-à-vis des Samaritains nous montre que les disciples sont toujours à se demander quand Jésus va-t-il prendre le pouvoir et renverser les Romains.
Sur la route, Jésus rencontre trois hommes : trois situations différentes, trois destins différents. Jésus les interpelle de façon un peu énigmatique, mais on sent bien dans la réponse qu’il leur fait une certaine inquiétude. Il ne réussira pas à provoquer pas chez eux un électrochoc. Ils ne le suivront pas. Il sait que la route sera longue et qu’au bout il se sentira bien seul, abandonné par ses meilleurs amis.
Jésus nous demande pour le suivre une telle rupture avec nos habitudes, notre façon de vivre, nos relations que l’on se dit à première vue que ce n’est pas pour nous, que ce doit être pour une certaine catégorie de gens appelés en fonction de leurs compétences, de leur capacité à renoncer aux attraits du monde, à se mettre à l’écart des autres.
Mais cela ne colle pas. Cela voudrait dire que l’on devrait se retirer et laisser les autres (notre famille, nos amis) sur le bord du chemin, se débrouiller avec les réalités humaines ?
Non : l’Évangile n’est pas annoncé à une élite mais à tout homme de bonne volonté.
Saint Paul vient à notre secours en nous montrant la route à suivre. Celle de la liberté, non pas de satisfaire notre égoïsme mais de mettre en œuvre un seul commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », en nous laissant mener par l’Esprit, c’est-à-dire participer à la vie des hommes mais en poursuivant la construction du Royaume, en assumant notre incarnation en suivant le Christ sur la route qui nous mène au Père.
Il faut tenir les deux bouts à la fois. Notre incarnation et notre filiation divine. L’un et l’autre vont de paire.
Vivre notre incarnation sans la dimension divine nous enfermerait dans un esclavage matérialiste. Vivre une spiritualité détachée de notre incarnation et de notre rapport aux autres risquerait de nous plonger dans un égoïsme mortel.
Alors, comment faire pour tenir les deux bouts. Jésus nous demande de nous abandonner dans les bras de son Père car l’urgent est l’avènement du Royaume. Tout ce qui fait notre quotidien n’est pas mauvais en soi, mais il passe au second rang.
Il nous faut tout quitter pour le suivre, ce qui ne veut pas dire abandonner femme et enfants (pour ceux qui en ont) ou mettre la clé sous la porte !
C’est quitter un certain confort (moral, économique, social, …). C’est vivre et s’engager à contre-courant. C’est accepter une certaine forme de pauvreté, c’est entrer en relation avec ceux que l’on rejette.
C’est faire de nos vies une nourriture donnée aux autres, par nos partages, les services rendus, nos engagements, la vie fraternelle.
C’est se convertir nous-mêmes et porter nos frères et sœurs dans la prière. C’est vivre à la manière de Jésus : ne pas juger mais aimer.
C’est se bouger pour le Royaume et faire de l’annonce de l’Évangile une priorité. Les jeunes qui s’engagent en ce temps d’ordinations, prêtres et diacres, nous montrent le chemin. Une vie toute donnée à Dieu.
N’ayons pas peur. Engageons-nous là où nous sommes en fonction de nos charismes et de nos compétences particulières. Il y a forcément quelque chose que nous pouvons donner aux autres, si pauvres sommes-nous, pour l’avènement de son Règne.
Seigneur, aide-moi à te rendre la confiance que tu ne cesses de me donner chaque jour. Je sais que tu ne me laisseras pas sur le bord de la route et que je pourrai avancer avec toi quelles que soient les difficultés rencontrées sur le chemin. Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau - diacre
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