27 juillet 2010

Homélie du 18 juillet - nous instruisons tout homme avec sagesse

16ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - ANNEE C


On imagine facilement cette petite scène familiale toute simple mettant en jeu deux sœurs recevant un hôte de marque.

L’une d’elles se montre aussi attentive et accueillante que possible, et l’autre laisse percer une pointe de jalousie, tout en faisant bien remarquer qu’elle prépare tout ce qu’il faut pour que l’invité soit servi au mieux. On peut d’ailleurs s’étonner de cette remarque : « Marthe était accaparée par les multiples occupations du service… » Y a-t-il vraiment tant de vaisselle, de linge fin et de pâtisseries variées ? Peut-être… Toujours est-il que Jésus en profite pour donner une leçon de simplicité à Marthe et Marie, mais aussi à tous les lecteurs de l’Evangile. « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. »

Qui n’a pas intérêt à se poser la question personnellement ? On sourit parfois de la réaction de chrétiens déclarant candidement : « Je ne vais pas à la messe parce que je n’ai pas le temps. Mais par ailleurs je rends de multiples services aux autres… » Ne faisons-nous pas souvent partie de ceux qui s’excusent de ne guère donner de temps à Dieu dans la prière, parce que nous avons beaucoup d’autres activités que nous jugeons prioritaires ?

La première Lecture, du Livre de la Genèse, nous donne un autre récit pittoresque. Il s’agit de l’accueil, « à l’heure la plus chaude du jour », de trois personnages dont l’un se révèle plus tard être le Seigneur lui-même.

Alors qu’on se représente volontiers la vie de ces gens plutôt paisible, lente et détendue, surtout au moment où le soleil chauffe le plus, beaucoup de mots suggèrent la précipitation : « Abraham se hâta d’aller trouver Sarah… » Il lui dit : « Prends vite trois grandes mesures de farine… » Puis : « Abraham courut au troupeau. » « Le serviteur se hâta… » de préparer le veau gras.

Il est vrai que le travail à entreprendre semble autrement plus important que celui de la réception de Jésus chez Marthe et Marie. Pétrir la pâte contenant trois jarres de farine, faire des galettes, choisir au troupeau un veau gras et tendre pour en présenter les meilleurs morceaux cuits à point, et préparer le fromage blanc, tout cela montre qu’il n’y a pas de temps à perdre !

Tous ces détails illustrent la générosité de l’accueil de l’étranger. Abraham courut à la rencontre de ces trois inconnus, et il se prosterna à terre.

« Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. » Accueillir l’autre, c’est reconnaître en lui le Seigneur, c’est se faire son serviteur. Bel exemple de disponibilité et d’ouverture de cœur !

Dans sa Lettre aux Colossiens, l’apôtre Paul nous place sur un autre registre. Depuis sa conversion sur le chemin de Damas, il est tout pénétré de la présence du Christ en lui. Il l’a exprimé très clairement : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » La mission de Paul est très difficile, parfois périlleuse, mais bien loin de le décourager, il y voit la volonté de son Seigneur, et y découvre son sens profond. « Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Eglise. »

Voilà un disciple qui n’est pas replié sur lui-même. « De cette Eglise, je suis devenu ministre, » précise-t-il. « Ministre », c’est-à-dire « Serviteur. » « Et la charge que Dieu m’a confiée, c’est d’accomplir pour vous sa parole. »

L’Apôtre brûle du désir de faire connaître ce qu’il a découvert : « Le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations… La gloire sans prix de ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire ! »

Sans doute nous paraît-il difficile de partager l’enthousiasme de Paul et de le rejoindre sur ces sommets spirituels. Il nous indique pourtant la route à suivre : « Nous instruisons tout homme avec sagesse, écrit-il, afin d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ. »

Le verset de l’Alléluia précédant l’Evangile nous disait : « Heureux qui entend la voix du Seigneur et lui ouvre sa porte : il a trouvé son bonheur et sa joie. »

Ouvrons largement nos oreilles et nos cœurs.

Amen

Père Jean Rouillard

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