27 juillet 2010

Homélie du 25 JUILLET 2010- Dieu nous enseigne la prière

17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C



« Seigneur, apprends-nous à prier ! »

Pourquoi l’un des disciples de Jésus lui a-t-il fait cette demande ? Parce qu’il l’avait vu en prière un jour quelque part. Cela nous rappelle une évidence : l’exemple, le témoignage d’une action pose toujours question. Il peut inciter à en faire autant. De nos jours encore beaucoup de personnes sont intriguées par les moines ou les contemplatives qui consacrent de longues heures à prier. Les Evangiles nous disent à plusieurs reprises que Jésus se retirait à l’écart pour prier, mais il arrivait souvent aussi que Jésus prie devant ses disciples.

La première Lecture, du Livre de la genèse, nous montre Abraham en prière devant le Seigneur. Son exemple est très remarquable pour plusieurs raisons. Abraham ne prie pas d’abord pour lui-même, mais il intercède pour la ville de Sodome condamnée. Il prend à cœur tous ces gens qui risquent de subir le châtiement, les uns étant coupables, les autres non. Il s’adresse à Dieu familièrement, comme à quelqu’un de très proche. Sa plaidoirie est très humaine, très insistante, presque rusée, mais finalement confiante dans la bonté, la justice, la miséricorde de Celui auquel il s’adresse, avec un profond sentiment d’humilité

Et le psaume qui suit explicite cette confiance : « Tu écoutes Seigneur quand je crie vers Toi. » « De tout mon cœur Seigneur je te rends grâces, tu as entendu les paroles de ma bouche. »

L’essentiel de cette page d’Evangile est bien sûr la prière enseignée par Jésus. Nous la disons au cours de chaque messe, et elle commence à peu près toutes les rencontres entre chrétiens, qu’il s’agisse de la célébration des sacrements, des temps de réflexion sur la foi, ou de réunions d’étude de la Bible par exemple.

Que doit-on demander en priorité ? Que Dieu soit respecté, vénéré, honoré comme sa dignité suprême l’impose. Son règne doit s’étendre à l’humanité entière. Est-ce bien notre préoccupation première ? La deuxième demande nous concerne personnellement, très concrètement : « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. » Nous nous retrouvons peut-être mieux dans ce qui est de l’ordre de nos soucis matériels quotidiens, tout en réalisant que cette demande du pain doit être accompagnée de nos efforts dictés par le bon sens.

Vient ensuite la reconnaissance de notre faiblesse, de notre condition de pécheur et de l’attitude que nous devons avoir, tant à l’égard de Dieu qu’à l’égard de notre prochain. Pour que le pardon nous soit accordé, il faut que nous sachions pardonner « à tous ceux qui ont des torts envers nous. » Entreprise délicate, peut-être très difficile !

Jésus nous dit de nous adresser à son Père en l’appelant nous-même « Père. »

Ainsi le rapport entre Dieu et nous n’est plus celui de Maître et esclave ou subordonné, mais c’est une relation familiale, confiante, ce qui doit faciliter grandement le pardon.

Dans les exemples choisis par Jésus pour illustrer ces propos, il est question d’amitié plus que de règlement de comptes ! « Supposons que l’un de vous ait un ami, et qu’en pleine lui il lui demande : « Mon ami, prête-moi trois pains, » « même s’il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami… »

L’autre exemple est celui d’un père vis-à-vis de son fils. C’est l’affection qui guide la réponse positive.

La dernière ligne de cette page d’Evangile a toujours été marquée par les commentateurs : « Si donc vous qui êtes mauvais vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le père Céleste donnera-t-il l’esprit-saint à ceux qui le lui demandent ? »

Qui d’entre nous ne s’est jamais plaint de ne pas être exaucé comme il le souhaitait ? Nous avons tous à nous poser de nombreuses questions sur notre pratique de la prière.

Est-ce une fois de temps en temps, quand nous souhaitons quelque chose qui dépasse nos moyens et que le Ciel pourrait nous envoyer ?

Est-ce une prière de routine, sans grande attention ou conviction ?

Est-ce une prière aux objectifs personnels égoïstes ?

Nous aurions tout intérêt à nous inspirer de la persévérance, de l’insistance, de la ténacité de celle d’Abraham. Il serait bon que nous nous présentions devant le Seigneur en toute humilité, admettant qu’il sait mieux que nous ce qui convient à chacun et ce qui va dans le sens de la venue de son règne.

C’est ce que l’apôtre saint Paul écrivait aux Colossiens : « Par le Baptême, vous avez été mis au tombeau avec le Christ, avec Lui vous avez été ressuscités… Dieu vous a donné la vie avec le Christ. »

N’est-ce pas une autre forme de prière, la plus belle, l’action de grâces ?

Amen.

Père Jean Rouillard

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