23 septembre 2010

Homélie du 19 septembre 2010-Newman béatifié !!!

Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » . Lorsque Henri VIII , en 1534, a finalement « fondé » l’Eglise d’Angleterre, c’était à cause du refus de son divorce par le Pape, mais aussi pour des raisons financières, car il acceptait difficilement que l’extraordinaire richesse immobilière de l’Eglise ne tombe pas en partie dans les caisses de l’Etat …

Trois siècles plus tard, après que l’Eglise d’Angleterre a connu successivement des périodes « catholiciscantes » et des périodes « protestantisantes  (pardon pour les néoilogismes)», un certain John-Henry Newman naissait, à Londres, en 1801, d’une famille partagée entre l’Evangélisme à l’anglaise du côté de son père et le protestantisme à la française du côté de sa mère. Il sera béatifié aujourd’hui, et voici pourquoi :

Il s’est passé beaucoup de choses durant les 89 ans de sa vie, mais la première chose significative fut sa première conversion à 15 ans. Je parle de la première, car il y en eu deux, à 15 et à 32 ans, d’une manière purement spirituelle la première fois (il dit avoir senti « s’alourdir » « la main de Dieu » sur lui), la seconde, dans des circonstances très particulière, lors d’un voyage en Italie, où il tomba malade et faillit trouver la mort. Il était alors encore anglican, bien sûr.

Il a connu deux conversions de nature différente : la première l’a fait passer d’une religion formelle à une relation vivante à Dieu, la seconde, à cause de la proximité de la mort, a rendu chez lui vitale la recherche de la vérité et la recherche de Dieu.

Nous pouvons déjà mettre une chose dans notre « panier spirituel » d’aujourd’hui : que notre religion ne soit pas une série d’automatismes mais une relation vivante avec Dieu.

Dès sa première conversion (15 ans !), John-Henry se dit : « je suis anglican, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? » Commence alors une longue recherche de la vérité ; il perçoit les deux courants théologiques majeurs : un courant protestant et donc « naturellement » anti-romain et un courant catholique (quant à la proximité doctrinale avec l’Eglise Catholique), lui aussi anti-romain, aussi étrange que cela puisse paraître. Les règles du jeu outre-manche sont toujours difficiles à comprendre pour qui n’est pas britannique …

Et c’est alors que lui viennent deux idées : la première, c’est que le fondement religieux de l’anglicanisme est proche du zéro, car au fond, c’est une affaire politique, une affaire d’argent et d’infidélité conjugale, mais sans aucune assise spirituelle ou théologique (ce qui explique que l’anglicanisme se soit trouvé balloté entre protestantisme et catholicisme …)

Une deuxième idée lui vient : maintenant qu’il y a des anglicans (la chose existe depuis trois siècles à cette époque) l’anglicanisme ne serait-il pas le juste milieu entre protestantisme et catholicisme, prenant le meilleur entre les deux, et rejetant dans les deux ce qui s’éloigne de l’Eglise primitive ?

Cette idée le séduit pendant plusieurs années (d’ailleurs on est facilement séduit par ses propres idées, isn’t it ? …), jusqu’au jour où il prend conscience que ça n’est qu’une idée et que jamais une idée n’a pu étancher la soif de vérité. En revanche, il constate qu’il y a dans les Eglises protestantes et catholique une réelle religion, alors que toute la structure de l’Eglise d’Angleterre est essentiellement politique, et, que, pour le coup c’est bien là la réalité ! Nouvelle déception, donc, et alors reprend son itinéraire à la recherche de la vérité.

Dans notre panier spirituel, ajoutant donc deux éléments : Il faut toujours mieux épouser une réalité qu’une idée (n’est-ce pas évident dans le mariage, qui ne nous fait pas épouser une femme idéale ou un mari idéal, mais bien plutôt une femme réelle, et un mari réel, ce qui est bien mieux !?) ; en outre, notre religion doit être une recherche constante de la vérité (« je n’ai jamais cherché que la vérité », disait Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Sainte-Face »).

Benoît XVI est en Angleterre, et il est en train de démontrer magistralement que ce qui caractérise sa venue et la béatification de Newman, c’est la recherche du Christ et de la vérité, et non un racolage pour grappiller des fidèles à l’anglicanisme.

En 1839, Newman est presque au bout de son itinéraire, il étudie en toute honnêteté les quatre notes de l’Eglise (« Une Sainte, Catholique et apostolique ») : sa réflexion fait scandale, il s’éloigne de plus en plus d’une Eglise dont il a désormais la conviction qu’elle est schismatique.

Finalement (je vous passe les détails), le 08 octobre 1845, il tombe à genoux devant un prêtre catholique, se confesse longuement et demande à être reçu dans l’Eglise Catholique, le lendemain.

Il ne découvrira pas le paradis, mais une Eglise réelle, avec ses casseroles, comme par exemple la piètre qualité de l’enseignement de la théologie à Rome. Il a désormais, malgré tout, la conviction que l’Eglise catholique représente la continuité réaliste et crédible de l’Eglise du Christ et des Apôtres. En 1847, il est ordonné prêtre (car l’ordination n’est pas sacramentelle dans l’Eglise Anglicane), il prêche, il enseigne … en 1879, il est créé cardinal par Léon XIII, et lorsqu’il meurt, en 1890, un concert d’hommages salue sa mémoire dans le monde entier.

La consultation de la véritable information (Internet est une bonne nouvelle pour la liberté de penser !) nous permet de constater que Benoît XVI illustre pendant son voyage une phrase du Gloire à Dieu : « pax hominibus bonae voluntatis (paix aux hommes de bonne volonté) ». En effet, il prend soin de rencontrer tous les chefs religieux pour leur demander de collaborer avec lui à la paix et à l’entente mutuelle ; il rencontre les chefs politiques sans avoir peur de leur dire qu’il savent bien débloquer des fonds quand  des places financières s’écroulent et que l’urgence du soin des pauvres vaut bien le soin apporté à la Bourse ; il rencontre les chefs religieux anglicans et leur rappelle que nous sommes tous serviteurs du Christ, que nous recherchons la vérité avant tout ; aux catholiques, il dit d’être eux-mêmes, d’être des saints, et de se tourner loyalement et fraternellement vers les autres confessions chrétiennes (lisez l’homélie du vendredi soir à Glasgow !)

Je vous invite à aller chercher la véritable information, notamment grâce à Internet, n’en restez pas à la petite lorgnette du 20h, ou aux flashs assassins et partisans de France Info’ dans la voiture, résistez à la toute-puissance de l’AFP sur votre information ! Profitez de la béatification pour lire sur Newman ou le lire lui-même !

Dieu nous attend sur le chemin de la sainteté, à l’image du nouveau bienheureux : tâchons de ne pas le décevoir, et de ne pas nous décevoir nous-mêmes.

P. Emmanuel d'Andigné

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