Homélie du 23ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Dans le programme de l’année pastorale 2010-2011, vous avez remarqué, sans doute, le « week-end jeunes familles », en tous les cas, certains l’ont fait et m’ont dit : pourquoi ce choix des jeunes familles, et pas aussi, par exemple, un week-end « célibataires », un week-end pour les ménages un peu plus âgés, etc ? … Je suis très favorable à toutes ces hypothèses, sachez-le !!!
Il y a cependant deux niveaux dans ce registre, je crois : le premier, c’est l’initiative libre d’un groupe, qui demande l’intervention d’un prêtre ou du curé pour une soirée, un week-end, un événement qui les concerne, et dans la mesure de ses capacités, celui-ci accepte d’intervenir ; ce premier niveau est toujours possible !
Le second niveau est celui où la paroisse prend une initiative, sur la base d’une réflexion et avec un discernement. La catéchèse adulte, depuis quatre ans a dû se faire sans les jeunes familles (pour cause de baby-sitting, du soin des enfants, du surmenage entre vie professionnelle et familiale). La formule du week-end a été choisie pour eux, et ce dans une triple intention. C’est tout d’abord un « outil d’intégration », ce qui n’est jamais inutile, ensuite, cela peut leur permettre de recevoir une formation catéchétique adulte adaptée et enfin, et c’est d’autant plus important pour les jeunes ménages, une occasion de retrouvailles pour les époux, car vous le savez bien, la solidité de la famille repose sur la solidité du ménage !
Quoi qu’il en soit, donc, faites-moi des propositions, mais il serait beau que des gens à la sortie me disent : « bien que n’étant pas concerné directement par ce week-end , je suis volontaire pour donner un coup de main ! »C’est cela, la communion : non pas supporter parce qu’il le faut bien mon voisin de banc à l’église, mais au contraire contribuer à son épanouissement, même si sa manière de s’épanouir n’est pas la même que la mienne. La communion cherche à laisser s’exprimer la grâce propre de chacun, pas à étouffer les différences. Merci de votre contribution !
La 1ère lecture nous parle de sagesse. Ce très beau mot français vient du latin « sapientia », qui lui-même vient de « sapor », la « saveur » : le sage est celui qui sait goûter, en l’occurence le bien et le mal, le vrai et le faux, le bon et le mauvais … belle perspective pour une rentrée ! Etudiants, lycéens, collégiens, enfants du primaire, demandez la sagesse ! Pour distinguer, dans ce que vous entendez à l’école, ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Car malheureusement, même dans les établissements catholiques, il faut être vigilants ; pas méfiants, mais vigilants, et demander la sagesse, et la force et le conseil, et tous les dons du Saint-Esprit (vous avez remarqué que le livre de la Sagesse évoque le don de l’Esprit tout en même temps que celui de la sagesse.
« Quel père parmi vous donnerait-il un serpent à son fils qui lui demande un poisson ou un scorpion s’il lui demande un œuf ? Si donc, vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père des cieux donnera-t-il l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent … » Demandez l’Esprit-Saint !
Et pour que la sagesse fasse son chemin véritablement dans votre vie, inspirez-vous du psaume : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours », ce qui veut dire mettre de l’ordre dans sa vie …
Oserais-je vous raconter une « matinée ratée » de curé et une « matinée réussie » du même curé ? J’ai de l’expérience dans les deux domaines … Une matinée ratée est celle où l’on a programmé cinq choses dont la prière, avec la prière en dernier ; naturellement, on a du mal à boucler les quatre autres choses et finalement, on ne prie plus ! La matinée réussie, elle, contient les mêmes éléments, mais à l’envers : la prière d’abord, et le reste ensuite ; pendant la prière, bien entendu, j’entends la petite voix (qui ne vient pas de Dieu, mais de « l’autre » …) qui me dit : « ça fait une demi-heure que tu es là, tu aurais pu envoyer une demi-douzaine de mails, tu perds ton temps » … et puis, il se trouve que, paradoxalement, on gagne aussi en efficacité !!!
Quant à l’Evangile, lui, il prend le problème de plus haut : les priorités sont fixées, au-delà même de choses aussi légitimes et indispensables que la famille …
Je connais un prêtre (français) qui a vécu au Bénin et qui a rencontré un séminariste, qui, lorsqu’il a annoncé à ses parents son intention de rentrer au séminaire, a été empoisonné par ses parents, qui préféraient le voir mort plutôt que prêtre … mais je connais des cas en France qui ne sont pas très éloigné de cela. Ces cas sont extrêmes, mais du coup, ils manifestent l’importance de la priorité donnée à Dieu, qui demeure valable, même dans le cas où la famille se réjouit de la vocation ou dans le cas où nous avons tout simplement à mettre de l’ordre dans notre journée.
Je vous propose une formule, chère à Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi » ; je gère les inscriptions des enfants pour l’année, « Dieu premier servi » ; je ne sais pas quel engagement je vais prendre cette année, pas précisément, « Dieu premier servi » ; j’ai cinq choses à faire aujourd’hui, « Dieu premier servi » ; j’ai une activité familiale dimanche prochain, ou de la visite, « Dieu premier servi »
C’est un grand désordonné qui vous parle d’ordre dans les journées et dans l’année, ça a quelque chose de comique, mais cela montre surtout que le prêtre n’est pas la mesure de ses propres homélies, il est en-dessous d’elles, comme vous, et il annonce l’Evangile de Jésus, pas le sien ! « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile (1 Cor, 9,16) ! »
P. Emmanuel d'Andigné
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