Homélie du premier dimanche de l'Avent- Année A
Cela fait un bon moment que je voulais vous raconter l’histoire de la salade … mais oui ! Un jour, un jeune homme vient voir un Père du désert et lui dit : « Père, j’ai un bon souvenir de notre conversation d’hier, mais je dois vous avouer que j’ai tout oublié de ce que vous m’avez dit, c’est grave ? –pas du tout, lui répond le vieil homme, ton cœur est comme une salade ; imagine qu’elle est sale et qu’il faille la laver ; tu la plonges dans l’eau et tu l’en ressort ; eh bien, même lorsque l’eau est complètement partie, la salade est propre ; ton cœur est purifié par la Parole de Dieu, ça n’est pas grave si l’eau s’en va, autrement dit si tu oublies, puisque l’enseignement t’a purifié !!
Dieu façonne nos cœurs par sa parole : Parole écrite (la Bible ), Parole transmise dans l’homélie (la Tradition ) … soyez attentifs à ce que Dieu pourrait vous apporter dans sa parole, plutôt que de vous focaliser sur le personnage qui fait la lecture ou celui qui donne l’homélie ; invoquez l’Esprit Saint au début de la Liturgie de la parole et recommencez au moment de l’homélie !
Car en effet, ceux qui portent la parole de Dieu ne peuvent pas avoir tous les charismes :
Isaïe : a le charisme de la Consolation et de l’intuition du Messie :
Consolation d’Israël (qui connaîtra l’exil et d’autres souffrances), consolation de tous ceux qui souffrent (nous aussi, recourons à cette consolation), consolation du messie dont il pressent les souffrance, ce qui ne manque pas de nous faire penser à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui voulait par ses mortifications et ses sacrifices (les pétales de rose) adoucir la Passion et la croix ; et puis il y a cette incroyable intuition (700 ans avant JC) qui lui fait anticiper la figure de Jésus avec une précision redoutable.
David : lui, a le charisme de la confiance inébranlable en Dieu ; c’est cette confiance qui guide notre réponse à la première lecture (on l’appelle d’ailleurs psaume « responsorial »), les psaumes sont une véritable école de prière (et d’ailleurs, les antiennes de la forme ordinaire du rite romain ou les graduels de la forme extraordinaire sont pratiquement toujours tirées des psaumes)
St Paul : , de son côté, a un charisme bien connu d’enseignement, mais aussi de paternité spirituelle ; il a fondé nombre des communautés chrétiennes du bassin méditerranéen, il les « entretient » dans la foi et les fait grandir encore grâce aux magnifiques lettres qu’il nous a laissées.
Jean-Baptiste : , de son côté, a un beau mais difficile charisme, celui de la conversion ! Nous avons tellement tendance à nous endormir spirituellement il nous faut des Jean-Baptiste !!!
Certes, l’Avent a une tonalité moins pénitentielle que le carême, mais tout de même : il comporte une nuance de conversion, un appel à la conversion pour se préparer à l’Avent de Jésus, à l’Adventum de Jésus, à l’avènement de Jésus (ce sont des synonymes !) : il est très profitable et très nécessaire
de se confesser avant Noël. Bonne nouvelle ! Le 15 décembre prochain , journée continue de confession à sainte-Bernadette, de 10h à 22h, sans interruption …
il nous faut des Jean-Baptiste !!! Il nous faut aussi des David, des Paul, des Isaïe … personne ne cumule tous les charismes, hormis, bien entendu, Dieu lui-même, Dieu le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.
C’est un peu comme si chacun de nous était une tesselle, qui compose avec des centaines d’autres les mosaïques. Une tesselle est généralement un petit cube de pierre, de marbre, d’émail, de verre, un galet, d’un centimètre de côté.
Ne demandez pas à une personne seule d’avoir tous les charismes, ne demandez pas à une tesselle d’être la mosaïque a elle toute seulet ne vous affligez pas, réjouissez-vous, de ce que vous n’êtes pas à vous tout seul
la mosaïque. Réjouissez-vous de faire partie d’une communauté !
Je suis de ma génération, je suis allé voir sur Internet ce qui concerne les mosaïques : on peut lire sur les sites spécialisés dans ce sujet que les tesselles peuvent être également « des assiettes cassées, des petits cailloux, des coquillages, de l’ardoise, un miroir cassé, du bois. »
Cela signifie, pour nous, que même si nous sommes blessés, imparfaits, fissurés, pas impeccables … nous pouvons entrer dans la mosaïque et cette mosaïque représente le Christ (j’ai connu un animateur de l’Arche qui disait : « Heureux les fêlés, ils laisseront passer la lumière »)
Je termine en évoquant un fait historique des plus intéressants : à l’époque de Jean-Baptiste, c’est-à-dire à l’époque du Christ, puisqu’ils avaient six mois de différence, il s’est produit en Israël un phénomène comparable à ce qui se passe un peu avant Noël dans une effervescence et une fébrilité annonciatrice du grand moment. En effet, vous avez entendu parler de Qumran, la communauté des Esséniens, qui pressentaient que le Messie allait bientôt venir ; mais avez-vous entendu parler aussi des zélotes, ces juifs qui ont investi la forteresse de Massada, dans une lutte armée contre les romains, précisément parce qu’ils sentaient que les temps messianiques arrivaient et que seule une solution militaire déroulerait le tapis rouge au Messie …
Ainsi donc, que cela soit de façon mystique, « monastique » si on peut dire ou de façon politique et militaire, le judaïsme a senti que son Sauveur venait !
Je prie pour qu’un tel enthousiasme, une telle joie de la venue du Christ à la fin des temps gagne nos cœurs et nos esprits, dans une suite profonde et réelle du Christ.
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