Homélie du 34ème dimanche du temps de l’Église, C (Christ Roi)
2 S 5, 1-3 / Ps 121 / Col 1, 12-20 / Lc 23, 35-43
Il peut paraître surprenant que l’Église ait choisi cet extrait de l’évangile écrit par saint Luc pour nous parler de la royauté de Jésus.
Nous sommes à la fin d’un combat entre Jésus et les dirigeants de son peuple : les hauts dignitaires du peuple juif et les romains qui administraient le pays.
En d’autres lieux, en d’autres temps, lorsqu’un roi, un président ou un responsable politique termine sa vie, à la suite d’une révolution ou d’un coup d’état, en prison ou sur l’échafaud, dans une ambiance de violence, on parle de fin de règne.
Or pour Jésus, c’est tout le contraire : son règne se poursuit ! Alors de quoi parle-t-on ?
Il se passe un évènement terrible : Jésus est en train de mourir sur la croix et il ne dit rien. « … et le peuple restait là à regarder. » Il s’agit du peuple juif, des juifs qui ont suivi Jésus jusqu’au bout, et non de la foule qui a sauvé Barabas. Mais, aucune réaction. Ils ne disent rien. Ils ne comprennent pas. Ils attendaient qu’on les délivre des romains. Sont-ils interloqués, simplement curieux ou dépassés par ce qui se passe ? On ne sait pas.
Les chefs, eux, se moquent de lui. Il est vrai qu’ils triomphent sans aucun mal vu la situation. Les soldats approuvent et font de même. Si vraiment il était roi, il pourrait se sauver lui-même sans problème.
Et l’un des malfaiteurs y va aussi de son couplet méprisant : « N’es-tu pas le Messie ? [Et bien,] Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Jésus est toujours silencieux. Il pourrait se sauver, il ne le fait pas. Il pourrait montrer sa force et son pouvoir, il ne le fait pas.
S’il est roi, ce n’est pas pour dominer, ce n’est pas pour délivrer Israël comme le pensaient encore les disciples sur la route d’Emmaüs, ce n’est pas pour lui-même, ce n’est pas pour en tirer un avantage personnel.
Il ne se défend même pas et ne cherche pas à s’abriter derrière une immunité liée à son rang.
Mais de quelle royauté nous parle-t-il ?
C’est alors que le second malfaiteur prend la défense de Jésus en lui demandant de ne pas l’oublier et de l’accueillir dans son royaume.
Il n’en connaît rien, mais dans un dernier sursaut avant de mourir, il s’offre à Jésus. Il est au bout du bout. Il ne demande même pas pardon. Il sait très bien qu’il a mal agit. Mais peut-il vraiment analyser sa situation, mais peut-il encore discerner … ? De toute façon, il est trop tard, il va mourir. Il s’abandonne totalement et fait confiance à Jésus qui le reçoit. Il a osé franchir le pas, et le peuple, lui, ne dit toujours rien …
Et là, Jésus prononce enfin quelques mots : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
On n’en sait guère plus sur le Royaume, si ce n’est qu’aujourd’hui le brigand y sera avec Jésus. Il a ce pouvoir d’accueillir auprès de lui le dernier des derniers, celui qui s’abandonne à lui totalement.
Sa royauté est vraiment mystérieuse.
Elle ne domine pas les hommes, elle ne leur impose rien, elle les laisse libres. Elle ne répond pas aux attaques, aux coups, aux blessures. Elle donne une raison d’être, une raison de vivre à ceux qui vont passer la mort.
Saint Paul nous en dit un peu plus dans sa lettre aux Colossiens.
Si Jésus est roi, c’est parce que, avec son Père et l’Esprit qui les anime, il est à l’origine de tout ce qui a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui.
Il est ce roi qui s’est fait chair pour vivre notre condition, pour nous sauver et nous accueillir dans son Paradis, dans son Royaume.
Seigneur, au terme de cette année liturgique, aide-moi à mieux te connaître, et de ce fait à mieux me connaître et à mieux comprendre à quelle vie tu m’appelles auprès de toi. Seigneur, aide-moi à m’abandonner à toi, à vivre avec toi en toute confiance, dès aujourd’hui, sans attendre le terme de ma vie. Ainsi soit-il.
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