30 octobre 2007

HOMELIES

HOMELIE DU 29ème DIMANCHE du TEMPS ORDINAIRE – C

27- 28 OCTOBRE 2007

« Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes », nous disait Ben Sirac le Sage. – « Dieu ne regarde pas l’apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les cœurs », précisait le verset précédant l’Evangile.

La parabole proposée par Jésus met en scène deux personnages bien différents l’un de l’autre : « l’un était pharisien et l’autre publicain. Ce sont des noms que l’on rencontre assez souvent dans l’Evangile. Il peut être utile d’en rappeler le sens.

- Qu’est-ce qu’un pharisien ?

Ceux dont parle l’Evangile sont les descendants d’une secte juive apparue au IIème siècle avant Jésus-Christ et qui constitua un important mouvement politique et religieux. En fait, au temps de Jésus, les pharisiens jouissent d’un grand prestige auprès du peuple, dont ils sont les chefs et les guides religieux.

Soucieux du salut de leur peuple, ils ont toujours vécu au milieu de lui, tout en se distinguant de la masse. Ils occupent volontiers les fonctions des synagogues : président, prédicateur, chantre, gardien des livres, juge au tribunal. A l’époque du Nouveau Testament, beaucoup étaient scribes ou docteurs de la loi. D’autres gagnaient leur vie de leurs mains.

- Qu’est-ce qu’un publicain ?

Au temps de Jésus, ce sont les agents de la perception de l’impôt. La Palestine dépendait alors de trois juridictions différentes, correspondant à trois districts douaniers. Il semblerait que Zachée relevait du procurateur romain, et Lévi, d’Hérode Antipas, palestinien.

Les publicains étaient détestés de leurs compatriotes parce que complices des injustices qu’entraînait l’institution. Ils étaient doublement honnis lorsque, comme Zachée, ils travaillaient pour la puissance occupante. Ils étaient placés dans la catégorie des pécheurs, au même rang que les prostituées. Leur fréquentation était donc compromettante.

- Quelle était l’attitude de Jésus à leur égard ?

Nous avons tous en mémoire les paroles très sévères du Christ à l’encontre des pharisiens. S’adressant aux foules et à ses disciples, il leur déclare : « les scribes et les pharisiens siègent dans la chaire de Moïse : faites donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes, car ils disent et ne font pas… Ils mettent sur les épaules des autres de pesants fardeaux, alors qu’eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour se faire remarquer des hommes. Ils aiment à occuper les premières places dans les dîners et les premiers sièges dans les synagogues, à être salués sur les places publiques et à s’entendre appeler « Maîtres » par les hommes. »

A ces accusations d’hypocrisie, s’ajoute celle de négliger l’essentiel en se perdant dans les détails : « malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites : « Si l’on jure par l’autel, cela ne compte pas, mais si l’on jure par l’offrande placée dessus, on est tenu. » « Vous versez la dime de la menthe et du fenouil, alors que vous négligez ce qu’il y a de plus grave dans la loi : la justice, la miséricorde et la fidélité… » « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens, hypocrites, vous qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au dehors, ils ont belle apparence, mais au-dedans, ils sont remplis d’ossements de morts et d’impuretés de toutes sortes… »

Et combien d’autres reproches de la même veine !

Après ce déluge de condamnations, on pourrait s’étonner de voir un pharisien, Nicodème, venir de nuit trouver Jésus. C’est un des notables juifs, il est membre du sanhédrin, c’est-à-dire le tribunal suprême des juifs. Nicodème est intrigué par la parole de ce Jésus. Il le salue respectueusement : « Rabi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. » Jésus voit son désir de chercher à s’éclairer. Il engage le dialogue et lui ouvre des horizons insoupçonnés. « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde – dit Jésus – pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Ce même Nicodème prendra discrètement la défense de Jésus, lors de son jugement, et il participera à son ensevelissement.

Un autre pharisien sera Saul, converti sur le chemin de Damas, et devenu le grand apôtre Paul.

Jésus s’est également tourné vers certains publicains : « comme il s’en allait – nous dit l’Evangile – il vit en passant, assis au bureau des taxes, un homme qui s’appelait Matthieu. Il lui dit : « suis-moi. » Il se leva et le suivit. » Ce qui suscite un grand étonnement des pharisiens : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ? » Jésus répondra : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades… Je suis venu appeler, non pas les justes, mais les pécheurs. »

Zachée était l’un d’eux, un publicain, un pécheur, touché par l’appel de Jésus : « Il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. » « Eh bien, Seigneur – répond-il aussitôt – je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »

La parabole n’a pas pour but de nous faire condamner les uns ou admirer les autres, mais de regarder en nous-mêmes.

Le risque de juger sur les apparences nous guette toujours, comme celui d’un certain pharisaïsme : agir en fonction de ce qui se voit, alors que Dieu regarde le cœur.

« Celui qui sert Dieu de tout son cœur est bien accueilli – disait Ben Sirac – et sa prière parvient jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées. »

Puissions-nous poursuivre notre prière, dans ces bonnes dispositions du cœur.

Amen.

Père Jean Rouillard

23 octobre 2007

Homélies

Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire C - 20/21 octobre 2007
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus fait l’éloge de la persévérance et nous invite à faire preuve de foi… pour illustrer ces deux enseignements d’aujourd’hui, je vais avoir recours à deux histoires : la première est inventée, c’est une parabole « scout », la seconde est une histoire vraie …

Voici ce que racontait BP (Baden Powel, le fondateur du scoutisme) : il était une fois deux grenouilles qui s’aventurèrent hors de leur milieu naturel, lorsque leurs pérégrinations les conduisirent aux abords d’une ferme. Intriguées par une jatte de crème, elles décident de s’y jeter et s’aperçoivent avec horreur qu’elles ne savent pas du tout nager dans cet étrange liquide épais … La première se dit : « je suis fichue, je vais mourir » ! Et en effet, elle coule et meurt … La seconde, elle, se débat, se répète sans cesse qu’elle va s’en sortir et tant et tant que, alors qu’elle allait se décourager, elle constate que –fait étrange- la crème durcit au fur et à mesure que ses pattes se débattent dedans, devient jaune et devient –en fait- du beurre !

Le scoutisme, fondé par un général de l’armée anglaise, a toujours été porteur de l’idée selon laquelle la vie est telle qu’on la veut, telle qu’on la construit … le scoutisme enseigne qu’il faut être volontaire et non pas se laisser mener par l’existence. « La seule véritable réussite c'est le bonheur, et le bonheur ne vient pas à ceux qui l'attendent assis ! » disait aussi Baden Powel …

Le scoutisme a cependant le défaut de sa qualité : il comporte un danger spirituel, que l’on a appelle le volontarisme ; on s’imagine que la volonté toute seule suffit à tout obtenir. Voilà pourquoi Jésus ajoute à son éloge de la volonté, une invitation à la foi, une invitation à une confiance totale en Dieu : c’est ce qui me pousse à vous raconter cette histoire vraie …

Nous sommes en 1980, à côté d’Auch, dans un monastère cistercien du nom de Boulaur. A cette date, la communauté était restée 27 ans sans la moindre « vocation » ! La déprime s’était installée sérieusement dans la communauté. Cette année-là, une visite de l’Abbé Général des cisterciens est prévue, et celui-ci rencontre évidemment l’abbesse. Celle-ci lui demande : « Mon Père, que pensez-vous de Claire de Castelbajac ? Et d’abord, la connaissez-vous ? Je serais curieuse que vous me disiez ce que vous pensez de cette jeune fille (Claire était décédée 5 ans plus tôt, en 1975, en odeur de sainteté) ». Réponse de l’Abbé (un peu exaspéré) : « Ma sœur, vous savez, à chaque fois que je visite un couvent, j’ai droit à des écrits d’une âme pieuse de la région, et cela me fatigue un peu, mais je veux bien prendre votre livre", fait-il, aimable … Le soir venu, l’Abbé se met à la lecture du petit livre, loin de s’imaginer que celui-ci lui vaudrait une nuit de lecture passionnante. Le lendemain, visiblement « secoué » par ce qu’il avait lu, il s’adresse à la communauté : « mes sœurs, puisque Claire semble vouloir devenir une amie de la communauté, je vous demande de prier pour recevoir cinq vocations chez vous". La Mère Abbesse, incrédule, lui répond alors : « Cinq ! Mais vous n’y pensez pas ! S’il y en avait deux, ce serait déjà miraculeux ! Mais puisque vous le dites, nous allons demander à Claire de nous envoyer cinq jeunes filles ! ». Et la communauté se met en prière. Dans les six mois qui ont suivi, cinq jeunes filles se présentèrent pour entrer dans la communauté, la première se prénommant … Claire ! Feu de paille ? Eh bien non ! Toutes sont aujourd’hui professes perpétuelles, et depuis, trente autres jeunes filles sont venues rejoindre la communauté !

Vendredi dernier, au téléphone, la supérieure de cette communauté me précisa : « ce fait extraordinaire est aussi le fruit de la persévérance de la prière des sœurs âgées ». Sans savoir quel genre d’homélie je préparais, la sœur a donc comme le Christ fait le lien entre la persévérance et la foi. Certes, nous devons faire preuve de volonté, mais, en dernier lieu, tout abandonner entre les mains de Dieu par une confiance totale. Cette histoire, ce n’est pas de la magie, mais c’est une aide du ciel à celui qui met les moyens pour y arriver (« aide-toi et le ciel t’aidera »).

En somme, nous ressortons de cet Evangile avec une double leçon : leçon de confiance en soi, leçon de confiance absolue en Dieu ... oui Seigneur nous croyons, fais grandir en nous la foi !
P. Emmanuel d'Andigné

15 octobre 2007

Homélies

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire C - 13/14 octobre 2007
Le 07 octobre dernier, vous avez tous entendu parler de « L’affaire du Monet », ce tableau détérioré au musée d’Orsay … on qualifie ce peintre « d’impressionniste », car la technique qu’il utilisait consistait à simplement déposer un grand nombre de « touches » de peinture sur une toile pour donner l’impression d’une forme réelle, ce qui s’est avéré être une grande réussite artistique. D’une façon analogue, quelques touches distillées chaque dimanche par les textes de l’Ecriture dessinent peu à peu les contours du visage de Dieu. A quoi Dieu ressemble-t-il ?

Trois touches aujourd’hui nous sont données, je les contemple avec vous :
il aime guérir, il veut sauver (tous les hommes), il distingue le pécheur et le péché.

Il aime guérir.
Jésus, Fils de Dieu, Dieu lui-même veut et aime guérir. C’est manifeste dans tout l’Evangile, et c’est doublement nécessaire :
1) en soi, les hommes ont besoin d’être guéris, ils sont éprouvés par toutes sortes de maux, et Dieu se montre sensible à ces détresses.
2) La guérison est le signe du Règne, c’est le signe que Dieu désormais a commencé à régner sur le monde ; la fonction d’un miracle est avant tout d’être un signe d’une réalité plus grande, en l’occurrence le fait que Jésus est reconnu Fils de Dieu, chargé d’étendre le règne du Père.

Dieu nous apparaît donc plus humain que beaucoup d’humains, sensible à nos souffrances, contrairement à ce que la philosophie nous enseigne tout naturellement, à savoir que par définition Dieu est impassible (impassible signifie : qui ne peut pas souffrir à la manière d’un homme que la souffrance empêche d’être complètement heureux) ! Depuis que Dieu s’est fait homme, il expérimente en quelque sorte la souffrance, même si, à la différence de l’homme, cette souffrance n’entame en rien sa divinité.

Il veut sauver.
Vous l’avez entendu, lorsque Jésus a guéri les lépreux, il passe à la vitesse supérieure : « ta foi t’a sauvé », dit-il. Jésus est venu, certes, pour manifester aux hommes la tendresse de Dieu, mais il est venu aussi et surtout pour recréer (J’attire votre attention sur la ressemblance entre le début de la Genèse « au commencement Dieu créa le ciel et la terre » et le début de l’Evangile selon saint Jean « au commencement, était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu » : cette ressemblance n’est pas du tout fortuite, l’évangéliste veut nous dire que Jésus est venu pour re-créer l’humanité). Sauver, cela signifie donc « recommencer à créer ». Dieu avait créé, Dieu crée à nouveau, Il sauve sa créature de la dégradation, parce qu’il l’aime et aimer quelqu’un consiste à lui dire la vérité, à l’aider à sortir de ses prisons, intérieures et extérieures, à l’arracher au péché.
Le fait que nous ayons affaire à un Samaritain est symptomatique d’une nouveauté importante que Jésus est venu apporter dans le monde juif : c’est tous les hommes et non seulement les juifs qu’il est venu sauver. On relira avec profit Matthieu 28,16 !

Il distingue le pécheur et le péché.
C’est alors qu’apparaît une dimension très importante : la façon dont Dieu considère le péché. En guérissant les 10 lépreux, Jésus opère une distinction entre lèpre et lépreux : il enlève la lèpre tout en préservant l’homme touché par la lèpre ; il opère une distinction, pareillement, entre pécheur et péché, dans une même et unique logique de l’amour.

Et c’est par ce dernier point que nous sommes directement concernés : nous sommes sûrs que Dieu nous aime et n’aime pas notre péché, qu’il opère une distinction entre le mal et celui qui fait le mal. Et le pardon réalise cette merveille que notre être est parfaitement préservé et le péché détruit. Mais évidemment, cela fonctionne aussi dans l’autre sens … car nous sommes censés nous aussi faire cette distinction chez les autres, en aimant toujours les personnes tout en continuant à juger positivement ou négativement les actes qu’ils posent !

Que l’Esprit de Dieu nous aide dans cette tâche proprement divine par laquelle nous continueront à aimer même celui qui nous fait du mal, exactement à la manière du Christ.

P. Emmanuel d'Andigné

12 octobre 2007

Homélies

Homélie du 27ème dimanche du temps ordinaire C - 06/07 octobre 2007

Première partie : témoignage des délégués de la paroisse :
Le we dernier nous étions 3 paroissiens de Ste Bernadette à participer à la seconde et dernière session du synode. Au total ce sont 300 délégués qui sont venus de tout le diocèse chacun se prononçant en son propre nom mais en aucun cas comme représentant de tel groupe ou paroisse. Le synode est une grande consultation démocratique d’un diocèse dont le but est d’arriver à une CHARTE MISSIONNAIRE qui définit les priorités pour les 10 ans à venir. Nous avons donc fait l’étude approfondie des centaines de propositions remontées des plus de 2400 équipes synodales ; ces propositions ont été regroupées, travaillées en petits groupes, puis votées pour être conservées ou rejetées. Ensuite elles ont été à nouveau regroupées sous 10 orientations principales. Le week-end dernier nous avons chacun choisi une orientation à travailler de nouveau, affiner ou élaguer ; il y a parfois eu « perte de substance »mais globalement, le résultat est riche.

Pour qu’une orientation soit retenue, elle devait obtenir plus de 90% d’approbation ce qui fut le cas pour 9 orientations sur 10. Le consensus est un signe de la présence de l’Esprit. Toutes les grandes décisions de l’Eglise sont prises avec plus de 90% d’approbation.

Voici les thèmes des 10 orientations : miser sur les enfants et les jeunes, laisser la parole de Dieu éclairer nos chemins, vivre le dimanche en Eglise, les sacrements, devenir partenaires de la société, tisser un réseau de communautés proches et fraternelles, appeler, former et soutenir les acteurs de la mission, s’engager sur les chemins de la communion, déployer une communication simple et proche, mettre résolument des ressources financières au service de la mission...

Nous avons du accepter de nous laisser bousculer par des paroles ou des idées qui dérangent. Il y a eu des désaccords mais nous nous sommes surtout beaucoup rejoints et nos échanges étaient paisibles, fraternels et même joyeux ! Chacun portait la volonté de refuser la fatalité, de surmonter la déprime et de trouver ou d’amplifier de nouvelles voies.

C’est une très belle expérience d’avoir ainsi « ressenti » le diocèse d’Anjou grâce à toutes les remontées des équipes, d’avoir eu à travailler dur pour chercher l’unanimité signe de la communion. Bien sûr tout n’est pas parfait mais il reste que c’est un beau travail de coopération de tout un diocèse qui désire grandir dans la foi et en nombre !

Nous vous invitons à continuer à porter ce synode dans la prière tout le long du mois d’octobre pour que l’Esprit continue d’éclairer Mgr Brugues dans la rédaction finale de la charte missionnaire sur la base du document remis par l’assemblée synodale. Nous vous invitons à venir nombreux fêter la promulgation de cette charte missionnaire le jeudi 1er novembre de 15h à 18h au parc des expositions ; pour cela il est nécessaire de s’inscrire , des bulletins d’inscriptions sont à votre disposition au fond de l’église ainsi que des écharpes qui seront notre signe de reconnaissance !
Valérie Mayaud ; Patrick Métayer ; Hervé de Saint-Pierre

Seconde partie : lecture sprituelle de ce témoignage :
Vous avez entendu le témoignage de nos trois délégués, je voudrais souligner quelques mots que vous avez entendus, cela nous permettra de bien comprendre ce qui va se passer à partir du 01 novembre dans tout le diocèse :

Vous avez entendu les mots « démocratique, Assemblée, votes … ». Dans la conversation courante, ces mots impliquent que le peuple décide lorsqu’il vote de ce qui doit se passer : le soir du deuxième tour d’une élection présidentielle, on sait immédiatement qui est élu et qui ne l’est pas (le vote oblige, son effet est immédiat). Dans l’Eglise, il ne peut pas en être exactement ainsi, voici pourquoi et voici comment :

L’histoire de l’Eglise (on pense par exemple au concile de Jérusalem en 70), nous montre qu’il y a toujours eu des éléments de démocratie, en effet, pour faire avancer une question ou une nomination ; d’ailleurs, tout le monde sait bien que l’on vote pour élire un Pape, encore aujourd’hui, et que les conciles, dont le dernier remonte à 40 ans, n’avancent réellement que par des votes … Dans le cas précis d’un synode diocésain, la consultation est bien « démocratique », en ce sens qu’on interroge le peuple (« démos », en grec) le peuple des chrétiens, le peuple des prêtres, celui des diacres, … on veut entendre autant que possible la voix de chacun. Cependant, et c’est là que se trouve la limite de la « démocratie » dans l’Eglise, il appartient en dernier analyse au pasteur légitime, celui que Dieu a choisi pour mener cette portion du peuple de Dieu, de décider ce qui est bon, ce qu’il faut faire et comment il faut le faire. L’Eglise n’est pas une institution purement humaine, elle est de fondation divine, et ce n’est pas le jeu des majorités ou de la représentativité qui décide de l’avenir.

L’Esprit Saint (voilà un mot-clé pour comprendre le synode !) travaille par en-bas –si l’on peut dire et par en-haut, et celui qui a la charge pastorale tranche, pour le bien de tous. L’histoire de l’Eglise a montré (si c’était nécessaire) qu’il se peut qu’une seule voix porte la sagesse ou qu’une minorité puisse avoir raison. On se souvient par exemple de la crise de l’arianisme, au cours de laquelle une minorité d’évêques continuait à dire que Jésus était vraiment homme et vraiment Dieu … l’Esprit-Saint est donc le grand artisan d’un synode, et nous devons prier pour l’Evêque, afin qu’il lui soit docile.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le vote des 90% dont il est question dans le texte de nos délégués. Ce n’est pas « soviétique » ou « mauvais signe », comme je l’ai entendu la semaine passée, c’est le signe du consensus : voilà encore un mot qu’il est bon de préciser . Depuis toujours dans l’Eglise, on a admis le principe du « sensus fidei », principe qui consiste à dire ceci : le peuple chrétien, dans son ensemble, ne se trompe pas quant à la foi, il a « le sens de la foi » (sensus fidei). Cela signifie que lorsque l’on réunit un grand nombre de chrétiens (par les équipes synodales e par l’assemblée), et que cette réunion se fait en présence du Seigneur, ce qui ressortira de l’ensemble sera globalement conforme à la volonté de Dieu, avec évidemment « de la perte », c’est-à-dire des positions qui sont influencées par les opinions du moment ou par une idéologie. Le travail du Pasteur consiste à discerner si ce que l’ensemble des chrétiens a établi par le vote consensuel est une opinion passagère ou un travail de l’Esprit-Saint …

CHARTE MISSIONAIRE est évidemment le mot le plus important : ce document que l’évêque promulguera le 01 novembre ressemblera sans doute beaucoup à ce qui fut « voté » dimanche dernier, mais l’Evêque y ajoutera une « touche prophétique », résultat de ce que l’Esprit Saint lui aura soufflé. Ainsi donc, tenant compte avec réalisme de ce qu’est le diocèse d’Angers aujourd’hui, l’Evêque, au nom du Seigneur, indiquera à tout le diocèse dans quelle direction nous devons aller dans cet avenir proche (10 ans).

Que l’Esprit Saint nous souffle la manière dont nous allons pouvoir nous reposer sur ce texte et répandre l’Evangile là où nous sommes, par la charité et le témoignage. Prions les uns pour les autres afin que nous recevions ce texte avec joie et bon esprit !
P. Emmanuel d'Andigné

04 octobre 2007

Homélies


HOMELIE DU 26 ème DIMANCHE du Temps Ordinaire C 29-30 SEPTEMBRE 2007



La richesse, la pauvreté …voilà des notions bien relatives !
De même que l’on se trouve « vieux » par rapport à des plus jeunes, et « jeunes » par comparaison avec des plus vieux, on s’estime « pauvre »au regard des plus riches et plus difficilement « riche » en côtoyant des moins favorisés.
Les critères habituels du niveau de richesse, ce sont surtout l’ habitat, l’habillement, le train de vie, pour ce qui est de l’apparence , car les placements d’argent , les comptes en banque ne sont pas visibles.

Dans la parabole, l’homme est dit »riche » parce qu’il porte des vêtements de luxe et fait chaque jour des festins somptueux.
Pour les riches du livre du prophète Amos, il nous est donné d’autres précisions .Ils mènent une vie très confortable, bien tranquilles, couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau , les veaux les plus tendres. Cela est agrémenté par le son de la harpe et des instruments de musique. Et s’y ajoutent le vin en abondance et les parfums de luxe !

En face des ces riches nous voyons Lazare. Il est couché devant le portail , ce qui signifie qu’il n’ a pas de toit, qu’il n’est pas admis à entrer. Il est couvert de plaies.
La pauvreté engendre souvent la maladie par sous-alimentation , manque d’hygiène, contamination , le froid ou la chaleur excessive.
Dans la Bible les chiens sont considérés comme des animaux répugnants et méchants. Ils sont ici les seuls à s’intéresser au pauvre.

La sagesse populaire a toujours dit : « l’argent ne fait pas le bonheur ».
Les voyageurs, les touristes qui visitent des pays du globe très pauvres sont souvent frappés par la joie qui se reflète sur le visage de ces gens, la délicatesse de leur accueil, leur sens de l’hospitalité.
Par contre nous connaissons tous des compatriotes qui ne manquent de rien et se plaignent sans cesse, comme s’ils étaient les plus malheureux. Le désir de posséder toujours plus, le souci de gérer ses multiples richesses peut assombrir la vie de celui qui est trop attaché aux biens matériels.
Si l’argent ne fait pas le bonheur, le manque de tout engendre la misère et Jésus n’a pas dit « Bienheureux les miséreux »…

La pauvreté louée par le Christ est celle qui est consentie comme un détachement de tout ce qui est superflu, de manière à être plus libre pour partager avec celui qui est dans le besoin.
Concrètement la question se pose à chacun de nous .Nous sommes sollicités de multiples façons , même à l’église .Il suffit de donner à une œuvre de solidarité pour recevoir vingt appels à soutenir d’autres bonnes œuvres. Comment réagir devant tant de demandes pressantes ?
Il serait trop facile de répondre qu’on n’a pas confiance dans les organismes de bienfaisance, qu’on ne sait pas si l’argent donné sera bien utilisé. C’est à chacun de se renseigner. Bien sûr, il n’y a jamais de garantie absolue sur la meilleure utilisation de nos dons, mais certaines institutions font preuve de leur sérieux de façon suffisamment fiable.
Il appartient à chacun d’agir avec prudence, en fonction de sa situation personnelle, de ses responsabilités, de ses charges familiales ou autres. Il est bien certain qu’on ne peut subvenir à toute la misère du monde. Il n’y a pas à s’en culpabiliser.

Si chacun n’a qu’une infime possibilité d’aider son prochain, n’oublions pas que c’est la multitude de gouttes d’eau qui font les rivières et les océans. Et un bon moyen d’être efficace est de donner sa voix, lors des élections, aux candidats qui semblent le mieux disposés à agir dans le sens de l’aide au plus démunis.

Lorsqu’on parle de richesse, on ne pense trop souvent qu’aux biens matériels ou monétaires .Or les plus grandes richesses sont celles de l’esprit et du cœur : les capacités intellectuelles, artistiques, le dévouement, la sensibilité et, pour le chrétien, la foi, l’ouverture à l’au-delà.
La parabole nous parle d’un « grand abîme » qui est mis entre le Lazare et le riche.
Lazare est dans le bonheur avec Abraham et les justes, le riche souffre la torture dans la fournaise. Et il n’y a aucun moyen de passer de l’une à l’autre condition.

Le livre d’Amos et l’Evangile nous disent que la façon de mener sa vie a une sanction finale : ceux qui vivaient bien tranquilles dans l’opulence sans se tourmenter du désastre qui affectait leurs frères, seront des déportés et seront anéantis.
Comment prémunir d’un tel sort ceux qui prennent un mauvais chemin ?
Jésus répond : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent » S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus »
En définitive, c’est à chacun d’écouter la voix de sa conscience.
Saint Paul n’écrivait pas autre chose à son disciple Timothée : « cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et dans l’amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi et tu obtiendras la vie éternelle, c’est à elle que tu as été appelé. »
Père Jean Rouillard