23 octobre 2007

Homélies

Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire C - 20/21 octobre 2007
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus fait l’éloge de la persévérance et nous invite à faire preuve de foi… pour illustrer ces deux enseignements d’aujourd’hui, je vais avoir recours à deux histoires : la première est inventée, c’est une parabole « scout », la seconde est une histoire vraie …

Voici ce que racontait BP (Baden Powel, le fondateur du scoutisme) : il était une fois deux grenouilles qui s’aventurèrent hors de leur milieu naturel, lorsque leurs pérégrinations les conduisirent aux abords d’une ferme. Intriguées par une jatte de crème, elles décident de s’y jeter et s’aperçoivent avec horreur qu’elles ne savent pas du tout nager dans cet étrange liquide épais … La première se dit : « je suis fichue, je vais mourir » ! Et en effet, elle coule et meurt … La seconde, elle, se débat, se répète sans cesse qu’elle va s’en sortir et tant et tant que, alors qu’elle allait se décourager, elle constate que –fait étrange- la crème durcit au fur et à mesure que ses pattes se débattent dedans, devient jaune et devient –en fait- du beurre !

Le scoutisme, fondé par un général de l’armée anglaise, a toujours été porteur de l’idée selon laquelle la vie est telle qu’on la veut, telle qu’on la construit … le scoutisme enseigne qu’il faut être volontaire et non pas se laisser mener par l’existence. « La seule véritable réussite c'est le bonheur, et le bonheur ne vient pas à ceux qui l'attendent assis ! » disait aussi Baden Powel …

Le scoutisme a cependant le défaut de sa qualité : il comporte un danger spirituel, que l’on a appelle le volontarisme ; on s’imagine que la volonté toute seule suffit à tout obtenir. Voilà pourquoi Jésus ajoute à son éloge de la volonté, une invitation à la foi, une invitation à une confiance totale en Dieu : c’est ce qui me pousse à vous raconter cette histoire vraie …

Nous sommes en 1980, à côté d’Auch, dans un monastère cistercien du nom de Boulaur. A cette date, la communauté était restée 27 ans sans la moindre « vocation » ! La déprime s’était installée sérieusement dans la communauté. Cette année-là, une visite de l’Abbé Général des cisterciens est prévue, et celui-ci rencontre évidemment l’abbesse. Celle-ci lui demande : « Mon Père, que pensez-vous de Claire de Castelbajac ? Et d’abord, la connaissez-vous ? Je serais curieuse que vous me disiez ce que vous pensez de cette jeune fille (Claire était décédée 5 ans plus tôt, en 1975, en odeur de sainteté) ». Réponse de l’Abbé (un peu exaspéré) : « Ma sœur, vous savez, à chaque fois que je visite un couvent, j’ai droit à des écrits d’une âme pieuse de la région, et cela me fatigue un peu, mais je veux bien prendre votre livre", fait-il, aimable … Le soir venu, l’Abbé se met à la lecture du petit livre, loin de s’imaginer que celui-ci lui vaudrait une nuit de lecture passionnante. Le lendemain, visiblement « secoué » par ce qu’il avait lu, il s’adresse à la communauté : « mes sœurs, puisque Claire semble vouloir devenir une amie de la communauté, je vous demande de prier pour recevoir cinq vocations chez vous". La Mère Abbesse, incrédule, lui répond alors : « Cinq ! Mais vous n’y pensez pas ! S’il y en avait deux, ce serait déjà miraculeux ! Mais puisque vous le dites, nous allons demander à Claire de nous envoyer cinq jeunes filles ! ». Et la communauté se met en prière. Dans les six mois qui ont suivi, cinq jeunes filles se présentèrent pour entrer dans la communauté, la première se prénommant … Claire ! Feu de paille ? Eh bien non ! Toutes sont aujourd’hui professes perpétuelles, et depuis, trente autres jeunes filles sont venues rejoindre la communauté !

Vendredi dernier, au téléphone, la supérieure de cette communauté me précisa : « ce fait extraordinaire est aussi le fruit de la persévérance de la prière des sœurs âgées ». Sans savoir quel genre d’homélie je préparais, la sœur a donc comme le Christ fait le lien entre la persévérance et la foi. Certes, nous devons faire preuve de volonté, mais, en dernier lieu, tout abandonner entre les mains de Dieu par une confiance totale. Cette histoire, ce n’est pas de la magie, mais c’est une aide du ciel à celui qui met les moyens pour y arriver (« aide-toi et le ciel t’aidera »).

En somme, nous ressortons de cet Evangile avec une double leçon : leçon de confiance en soi, leçon de confiance absolue en Dieu ... oui Seigneur nous croyons, fais grandir en nous la foi !
P. Emmanuel d'Andigné

Aucun commentaire: