15 octobre 2007

Homélies

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire C - 13/14 octobre 2007
Le 07 octobre dernier, vous avez tous entendu parler de « L’affaire du Monet », ce tableau détérioré au musée d’Orsay … on qualifie ce peintre « d’impressionniste », car la technique qu’il utilisait consistait à simplement déposer un grand nombre de « touches » de peinture sur une toile pour donner l’impression d’une forme réelle, ce qui s’est avéré être une grande réussite artistique. D’une façon analogue, quelques touches distillées chaque dimanche par les textes de l’Ecriture dessinent peu à peu les contours du visage de Dieu. A quoi Dieu ressemble-t-il ?

Trois touches aujourd’hui nous sont données, je les contemple avec vous :
il aime guérir, il veut sauver (tous les hommes), il distingue le pécheur et le péché.

Il aime guérir.
Jésus, Fils de Dieu, Dieu lui-même veut et aime guérir. C’est manifeste dans tout l’Evangile, et c’est doublement nécessaire :
1) en soi, les hommes ont besoin d’être guéris, ils sont éprouvés par toutes sortes de maux, et Dieu se montre sensible à ces détresses.
2) La guérison est le signe du Règne, c’est le signe que Dieu désormais a commencé à régner sur le monde ; la fonction d’un miracle est avant tout d’être un signe d’une réalité plus grande, en l’occurrence le fait que Jésus est reconnu Fils de Dieu, chargé d’étendre le règne du Père.

Dieu nous apparaît donc plus humain que beaucoup d’humains, sensible à nos souffrances, contrairement à ce que la philosophie nous enseigne tout naturellement, à savoir que par définition Dieu est impassible (impassible signifie : qui ne peut pas souffrir à la manière d’un homme que la souffrance empêche d’être complètement heureux) ! Depuis que Dieu s’est fait homme, il expérimente en quelque sorte la souffrance, même si, à la différence de l’homme, cette souffrance n’entame en rien sa divinité.

Il veut sauver.
Vous l’avez entendu, lorsque Jésus a guéri les lépreux, il passe à la vitesse supérieure : « ta foi t’a sauvé », dit-il. Jésus est venu, certes, pour manifester aux hommes la tendresse de Dieu, mais il est venu aussi et surtout pour recréer (J’attire votre attention sur la ressemblance entre le début de la Genèse « au commencement Dieu créa le ciel et la terre » et le début de l’Evangile selon saint Jean « au commencement, était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu » : cette ressemblance n’est pas du tout fortuite, l’évangéliste veut nous dire que Jésus est venu pour re-créer l’humanité). Sauver, cela signifie donc « recommencer à créer ». Dieu avait créé, Dieu crée à nouveau, Il sauve sa créature de la dégradation, parce qu’il l’aime et aimer quelqu’un consiste à lui dire la vérité, à l’aider à sortir de ses prisons, intérieures et extérieures, à l’arracher au péché.
Le fait que nous ayons affaire à un Samaritain est symptomatique d’une nouveauté importante que Jésus est venu apporter dans le monde juif : c’est tous les hommes et non seulement les juifs qu’il est venu sauver. On relira avec profit Matthieu 28,16 !

Il distingue le pécheur et le péché.
C’est alors qu’apparaît une dimension très importante : la façon dont Dieu considère le péché. En guérissant les 10 lépreux, Jésus opère une distinction entre lèpre et lépreux : il enlève la lèpre tout en préservant l’homme touché par la lèpre ; il opère une distinction, pareillement, entre pécheur et péché, dans une même et unique logique de l’amour.

Et c’est par ce dernier point que nous sommes directement concernés : nous sommes sûrs que Dieu nous aime et n’aime pas notre péché, qu’il opère une distinction entre le mal et celui qui fait le mal. Et le pardon réalise cette merveille que notre être est parfaitement préservé et le péché détruit. Mais évidemment, cela fonctionne aussi dans l’autre sens … car nous sommes censés nous aussi faire cette distinction chez les autres, en aimant toujours les personnes tout en continuant à juger positivement ou négativement les actes qu’ils posent !

Que l’Esprit de Dieu nous aide dans cette tâche proprement divine par laquelle nous continueront à aimer même celui qui nous fait du mal, exactement à la manière du Christ.

P. Emmanuel d'Andigné

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