24 mai 2008

Catéchèses du Lundi

Les sept sacrements - le mariage – 19 mai 2008

Définition donnée par le Catéchisme
"L'alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement"

A partir de cette définition, je note que le catéchisme (qui en fait cite le code de droit canonique) rappelle que le sacrement du mariage est ordonné non seulement à la génération et à l’éducation des enfants mais aussi au bien des conjoints : cette précision échappe malheureusement à beaucoup de nos contemporains ; le bien des conjoints est un des buts du mariage. Je souligne également le terme « élevé » qui dénote que le sacrement du mariage est d’abord une réalité naturelle et que elle est en quelque sorte « assumée » par la grâce de Dieu qui en fait un sacrement. En effet, le mariage existait bien avant Jésus, et le seul fait que Jésus se soit rendu présent un mariage à Cana en Galilée et qu’il ait choisi de faire son premier miracle durant ce mariage suffisent à rendre le mariage sacré et même sacramentel.

La démarche du CEC
Je vous invite à analyser la démarche globale du catéchisme pour traiter cette question du mariage : il fait remarquer dans un premier temps que le mariage est voulu et aimé de Dieu, puisqu’il est présent de la genèse à l’Apocalypse (et le catéchisme donne des exemples).

Le document reprend le schéma traditionnel « création – chute – rédemption » et l’applique au mariage : Dieu veut et crée le mariage, celui-ci est marqué par la chute (le péché), et le Christ Jésus offre au mariage une rédemption.

Création
« Dieu qui a créé l’homme par amour la créé aussi pour l’amour »
Chute
Le péché menace l’amour… mais il ne le détruit par (sans doute pouvons-nous voir la l’une des différences importantes entre catholicisme et protestantisme, ce dernier considérant que le péché a vraiment détruit quelque chose, de sorte que la nature humaine est anéantie, au point de devoir recevoir une pure grâce, sans aucune véritable participation de l’homme, celle-ci s’avérant forcément inefficace)
La première alliance, avec Moïse, rétablit peu à peu (avec tout de même la répudiation) la dignité du mariage.
Rédemption
L’alliance définitive avec le Christ donne au mariage une définitive dignité. Notons que la grâce du mariage (la grâce que Jésus donne aux époux) vient en même temps que l’exigence de l’indissolubilité. Quelle est cette grâce que Jésus donne ? Le don de l’Esprit Saint, le mystère de la croix grâce auquel Jésus nous accompagne dans nos croix, un amour sponsal pour Dieu.

Qui dit sacrement dit grâce
Grâce faite aux époux bien sûr, il s’agit du don de l’Esprit Saint.
Grâce faite à l’église, car les époux rappellent à celle-ci qu’elle est une épouse du Christ.
Grâce faite au monde, enfin, car la présence des époux chrétiens est une déclaration d’amour de Dieu aux hommes.

NB. dans tous les sacrements, il y a un don de l’Esprit Saint ! Prenons une comparaison : lorsqu’une maman embrasse son enfant, elle peut l’embrasser pour plusieurs raisons. Elle l’embrasse surtout gratuitement, pour lui manifester sa tendresse ; elle l’embrasse aussi pour le consoler quand il a mal ou quand il est triste ; elle peut enfin l’embrasser pour le récompenser d’avoir fait quelque chose de bien. Le même geste, donc (embrasser son enfant), revêt alors trois significations différentes, et pourtant c’est bien le même geste. De la même façon, l’Esprit de Dieu descend à chaque sacrement, mais en apportant ce qui est nécessaire au moment où il descend.

Il arrive, en outre, que cette déclaration d’amour faite au monde soit aussi en même temps faite aux époux, en particulier s’ils ne sont pas profondément chrétiens (ils découvrent par ce sacrement que Dieu veut leur déclarer son amour) ; c’est la belle expérience que je fais chaque année.

Appendice sur les célibataires
Le catéchisme mentionne (c’est intéressant de le noter) deux sortes de célibat et leur consacre chaque fois un court paragraphe très différent : la virginité consacrée, par laquelle on renonce au mariage, pour un bien plus grand et plus beau encore, parfaitement complémentaire du mariage ; le célibat qui n’a pas été choisi est quant à lui un appel fait aux familles, pour que celle-ci forme avec eux une famille plus large, dans l’Eglise.

Célébration
Evidemment, lorsque le catéchisme se penche sur les questions de célébration, il souligne les différences entre l’Orient et Occident, et en particulier la question du ministre du sacrement : s’agit-il du prêtre ou alors des époux ? On pourrait risquer une troisième hypothèse : dans le cas unique du mariage, il y a toujours trois ministres, les époux et le prêtre… À ce sujet, même si le catéchisme montre une préférence pour la thèse selon laquelle les époux sont les ministres du sacrement, on a le droit d’avoir une opinion différente.

Les questions de droit
Inévitablement, le développement sur le mariage appelle des questions de droit. Ce n’est pas très romantique, mais c’est indispensable, car le mariage est le plus « juridique » des sacrements : puisqu’il s’agit d’un contrat entre deux parties, le mariage exige, par sa nature, que le contrat soit réalisé en bonne et due forme. Mais il faut ajouter aussi que le droit du mariage représente une garantie pour la solidité de l’amour, pour la solidité de l’union des époux, c’est un allié puissant de l’amour. C’est l’occasion de vous rappeler que l’Eglise Catholique considère que les quatre piliers d’un mariage sont : la liberté des époux, le fait qu’il croit à l’indissolubilité, le fait qu’ils désirent des enfants, la fidélité qu’ils se promettent.

"Ecclesia domestica"
Terminons par cette belle expression empruntée au concile Vatican II : la famille est une « église domestique ». Cela signifie que tout « l’ADN » de l’Eglise se trouve dans la famille (si vous me passez l’expression), la famille est une « petite église à la maison », tout le mystère de l’Eglise se trouve présent dans la famille.

P. Emmanuel d'Andigné

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