14 mai 2008

Homélies

Homélie du jour de Pentecôte - 11 mai 2008
Un manuel de préparation à la confirmation s’intitule « les 7 voiles de mon bateau » … le connaissiez-vous ? Chacun de nous est comparé à un bateau, avec sept « voiles » (les sept dons du Saint-Esprit) ; à cette comparaison, j’ajoute des rames, pour représenter les efforts que nous faisons ; un autre élément est décisif, la barre, qui est évidemment pour nous la croix ! Voilà pour l’image.

Posons maintenant une question très simple : qu’est-ce qui fait avancer la barque ? Le vent dans les voiles … et les rames, si le vent tombe ; autrement dit, un élément extérieur à la barque, et un élément intérieur. Ce qui me fait avancer, dans la vie spirituelle, c’est donc un élément distinct de moi, Dieu, et en même temps des ressources que je trouve en moi-même.

Le vent tombe, disais-je … parfois ! Non pas que l’Esprit Saint soit absent ou inactif, mais il se retire, en effet, pour éprouver notre volonté d’avancer, notre fidélité et pour nous offrir une partie de la victoire (voilà pour les rames !)

A cela s’ajoute qu’il y a des vents contraires et des courants contraires, que sont les mauvais exemples, les mauvais esprits, que rejoignent en nous nos résistances à Dieu. Ainsi, la vie spirituelle est un combat dans lequel nous avons une part réelle, nous ne sommes pas manipulés, même par Dieu.

Il n’y a pas de Destin, les horoscopes sont nuls et non avenus, nous construisons notre vie, avec aussi la force de nos poignets. L’astrologie que nous trouvons dans les magazines peut conduire à faire de nous des pantins, or, nous ressemblons à Dieu, nous sommes comme lui des êtres libres, n’est-ce pas ce que nous dit le livre de la Genèse ?

Du coup, on doit répondre à la question plus précisément : qui mène ma barque, exactement ? Eh bien, il ne s’agit pas d’une seule personne … nous avons malheureusement tendance à vouloir qu’une seule personne soit responsable de tout, responsable de notre bonheur ou responsable de tous les malheurs.

Dieu fait avancer ma barque, je fais avancer ma barque, les autres barques font avancer ma barque. Difficile de trouver un équilibre entre ces trois « composantes » …

Du côté de Dieu, il a l’Esprit, bien sûr, qui a placé les sept voiles sur le bateau, il a placé sept capteurs d’énergie divine, les sept dons. Lorsque les capteurs sont en place (c’est le rôle de la confirmation), il souffle, il inspire, il retient, il temporise, il accélère…

il y a le Fils, qui a fait l’expérience de prendre une barque, il a utilisé le gouvernail de la croix pour nous montrer la route et être à nos côtés pour la nôtre : sa présence est indispensable !

Enfin, il y a le Père, destination, lieu du repos, paradis (le paradis, c’est le cœur du Père !), la vie spirituelle, c’est d’abord l’action de la Trinité en nous.

Dieu fait avancer ma barque, je fais avancer ma barque, en donnant des coups de rames, c’est ce qui différencie la magie et la religion et c’est ce qui rend la religion difficile ! Ce serait bien plus commode que Dieu fasse tout le travail … ou qu’il ne fasse rien du tout et que nous puissions nous attribuer le progrès.

Dieu fait avancer ma barque, je fais avancer ma barque, les autres font avancer ma barque : l’accompagnement spirituel, l’exemple des autres, les défauts des autres qui nous rassurent ; le fait de sentir, aussi, que nous faisons partie d’une flottille : l’Eglise ! L’Eglise est née du côté ouvert du Christ, et elle s’est fait connaître à la Pentecôte .

On parle des sept voiles du bateau, des sept dons du Saint-Esprit … cette « liste » provient essentiellement du livre d’Isaïe (chapitre 11), mais il ne faut sans doute pas chercher à séparer artificiellement les différents dons, en réussissant à en donner une définition vraiment différente du don d’à côté !

Isaïe n’a jamais (pas plus que Jésus, d’ailleurs !) dit : « asseyez-vous, je vais vous faire un exposé sur les 7 dons du saint-Esprit ». Il a parlé sous l’emprise de celui-ci, et l’Eglise par la suite a dû répondre à des questions légitimes venant de l’extérieur mais aussi de l’intérieur en faisant des exposés …

Et dans cet exposé de l’Eglise, un lien est fait, évidemment (lisez le Catéchisme de l’Eglise Catholique !!!) entre la vie spirituelle et la vie morale : les sept dons sont comme des fondations intérieures sur lesquelles se reposent les sept vertus, quatre vertus cardinales et trois vertus théologales par lesquelles notre vie peut devenir droite et belle. Le chiffre sept évoque une plénitude, Dieu ne sait pas donner un peu, Il donne tout.

En ce mois de mai, mois de Marie, nous faisons nos calculs d’itinéraire avec l’étoile de la mer (stella Maris), « l’étoile de la nouvelle évangélisation », comme l’appelait Paul VI, qui ne s’indique pas elle-même mais indique la destination, le bonheur que Dieu promet, la Béatitude.

P. Emmanuel d'Andigné

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