14 janvier 2011

Homélie du 02 janvier 2011- l'Eglise, phare du Ciel sur les six continents

Homélie de l'Epiphanie 2011 

J’ai eu la chance de passer du temps la semaine dernière  sur une île, dans laquelle il y avait un phare et une église, notamment …

Le phare indique la terre, bien sûr, aux marins, mais il  prévient du danger des rochers, aussi. Il me semble que l’église , ou plutôt l’Eglise, remplit une fonction analogue et contraire : nous  indiquons le ciel et nous prévenons des dangers qui écartent le Ciel de nos vies

Nous indiquons le Ciel sur les 5 continents, mais Il y a un 6ème continent, qui a émergé aujourd’hui : le cyber continent … ce n’est ni bien ni mal, c’est comme ça !

Il faudrait que la jeunesse évangélise ce continent ! Pourquoi l’évangélisation serait-elle réservée aux plus âgés ? D’autant plus que (nous sommes bien obligés de l’admettre), plus on est jeune, plus on se sert facilement d’un ordinateur …

Les quelques règles que je vais énoncer sont valables pour toute personne, quel que soit son âge ou sa situation.

En tous les cas, il faut d’abord se former à l’évangélisation ; c’est ce que dit Saint Pierre dans sa première épître (1 P 3, 15) : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils calomnient la vie droite que vous menez dans le Christ. Car il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c'était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal. C'est ainsi que le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes ; lui, le juste, il est mort pour les coupables afin de vous introduire devant Dieu.

Et pour être concret, pour aujourd’hui, cela signifie se nourrir de la Parole de Dieu (écrite, transmise et expliquée par le Magistère). Je vous recommande la lecture de « EVANGELII NUNTIANDI », écrit par Paul VI en 1975 : il nous permet d’acquérir quelques réflexes intellectuels, comme par exemple ces trois-là, que j’ai sélectionné pour vous :

1)      c’est Dieu qui évangélise
2)      C’est moi qui suis l’instrument de cet évangélisation par Dieu car Dieu n’est pas un OVNI ou un ODNI (Objet divin non identifié), il se sert de ses prophètes, de ses amis …
3)      L’évangélisation n’est pas le prosélytisme … notre action, autrement dit, est gratuite, nous semons l’Evangile, mais le « résultat » appartient à Dieu et à celui qui adhère ou non à Dieu.

Par la suite, une fois suffisamment formés, il nous incombe de partir à la conquête de ce continent, sans oublier (c’est le problème) le continent physique auquel on appartient et dans lequel nous devons rendre témoignage.

Double tâche, me direz-vous, mais je suis convaincu que Dieu donne à chaque époque toutes les grâces nécessaires pour que nous puissions honorer les missions que Dieu nous confie.

Et puisque évangéliser, c’est annoncer le Royaume, il est bon de se rappeler plusieurs choses sur le Royaume des cieux, à partir de la fête d’aujourd’hui.

1)      Il est déjà commencé sur la terre. En effet, depuis l’Incarnation du verbe, les affaires de Dieu sont devenues aussi pertinentes sur la terre. Ça n’est pas être déconnecté de la réalité que de s’y intéresser, depuis que Jésus est là. C’est très curieux d’avoir fait à une époque un « blackout » sur l’au-delà, au prétexte qu’il fallait d’abord régler les questions d’ici-bas. L’un des principales origines de ce phénomène se trouve dans le marxisme qui a curieusement séduit un grand nombre de gens et en particulier des catholiques, à travers sa critique de la religion (ce qui est un comble !)

2)      Il n ‘est pas réservé à un peuple. La 2ème lecture nous le rappelle : les païens sont associés au même héritage. Il me semble que cette réalité ne pose plus de problème à personne, aujourd’hui. En tous les cas, cela veut dire, par extensions qu’Il n’est pas réservé à une élite ou un petit groupe, d’où la pertinence de l’Evangélisation.

3)      Il correspond à une recherche de l’être humain. N’ayons pas peur, donc, de l’annoncer à ceux qui finalement le désirent.

4)      Le Royaume ne se voit pas, il se croit, il se devine grâce aux trois signes que nous donnons (Foi, Espérance et la Charité), à la manière de ces feux qui sont les ancêtres de nos phares … « Aujourd'hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l'étoile qui les guidait ; daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d'être conduits jusqu'à la claire vision de ta splendeur. »

Fait curieux : saint Joseph n’apparaît pas dans cet Evangile de l’Epiphanie … c’est sans doute pour nous faire comprendre que l’on passe directement de l’étoile matérielle à l’étoile « spirituelle », Marie, celle que Paul VI a surnommée « l’Etoile de la Nouvelle évangélisation ». Saint Bernard nous a laissé un texte magnifique sur cette noble étoile, je lui laisse le mot de la fin :

Marie est cette noble étoile, dont les rayons illuminent le monde entier, dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers; Elle illumine le monde et réchauffe les âmes, Elle enflamme les vertus et consume les vices. Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples…
O toi qui te vois balloté dans le courant de ce siècle au milieu des orages et des tempêtes de manière plus périlleuse que si tu marchais sur terre, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer dans les tempêtes.
Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie. Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie, regarde l’étoile, crie vers Marie. Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit, regarde Marie. Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Que son Nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton coeur et pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie.
En suivant Marie, on ne dévie pas, en la priant on ne désespère pas, en pensant à elle, on ne se trompe pas.

Sermon 2, Louange à Marie

P. Emmanuel d'Andigné

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