4ème dimanche de l’Avent, A
Is 7, 10-16 / Ps 23 / Rm 1, 1-7 / Mt 1, 18-24
Le personnage de premier plan que Matthieu met en scène aujourd’hui, c’est a priori un second rôle.
C’est Joseph, le modeste, le discret, le sage, le juste. Là est la grandeur de Joseph.
Et pourtant Dieu va faire appel à lui non pas pour le mettre sous les projecteurs, mais pour le laisser dans l’ombre, en arrière-plan, avec un rôle secondaire mais sans lequel Dieu ne pouvait pas réaliser son projet de s’incarner dans notre humanité.
Nous pouvons nous émerveiller devant la fécondité de ce couple hors du commun, à la fois maternelle et spirituelle pour Marie, et paternelle et spirituelle pour Joseph.
Joseph vit une situation déconcertante. Marie est enceinte. Dans un premier temps il ne comprend pas : d’un seul coup son projet de bâtir un foyer avec Marie tombe à l’eau. Ses rêves, ses espoirs s’évanouissent.
Ensuite, n’étant pas le père charnel, il décide de s’effacer car il ne voulait pas se faire passer pour son père. Il est prêt à se sacrifier, à disparaître, pour ne pas prendre une place qui ne lui revient pas. Joseph est honnête.
Mais c’est Dieu qui, maintenant, par son ange va intervenir auprès de Joseph pour modifier son honnête projet.
Si l’ange dit à Joseph « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse », c’est que Joseph craignait, non pas les regards et les sourires moqueurs des voisins comme dans une situation de marivaudage, mais la présence du Seigneur.
Il s’agit de l’annonciation faite à Joseph qui nous dévoile un homme plein de respect, de retenue et qui se sent bien indigne d’être acteur dans une telle aventure et d’être appelé à vivre une telle situation où il sent la toute-puissance de l’Amour de Dieu qui est à l’œuvre.
Et si l’ange lui dit « oui, certes, l’enfant est de l’Esprit, mais tu dois rester », cela montre bien que Joseph savait déjà l’œuvre de Dieu mais qu’il se sentait totalement indigne de demeurer là où l’Esprit de Dieu était présent.
Et quand il décidait, non pas de renvoyer, mais de délier Marie qui lui avait été accordée en mariage, ce n’était pas par crainte du scandale, mais pour se tenir à distance de cette alliance et pour ne pas faire obstacle au projet divin. Mais Dieu l’a choisi.
L’ange demande donc à ce fils de David de garder chez lui son épouse et d’accueillir cet enfant qui ne sera pas le fils selon la chair, mais le fils selon la promesse.
Il lui demande de revenir sur sa décision d’homme juste, car Dieu a besoin de lui pour que son projet aboutisse : prendre Marie chez lui et donner un nom à l’enfant, c’est-à-dire assumer d’être son père légal et à ce titre l’introduire ainsi dans la lignée de David. C’est là un acte juridique décisif.
Joseph ne demande pas plus d’explications, c’est son « Fiat » silencieux en quelque sorte. Il se rend disponible et ouvert à l’avenir qui se dessine devant lui, même s’il n’en connaît rien.
Il s’engage librement et s’en remet totalement entre les mains du Seigneur. La justice de Joseph ne réside pas dans le secret dont il a eu connaissance, mais dans son obéissance à la volonté de Dieu et dans son honnêteté parfaite dans ce mystère.
Le choix de Dieu fait de cet homme honnête un maillon indispensable dans l’histoire du salut. La place de Joseph est tout aussi importante que celle de Jean-Baptiste.
Joseph est le modèle de celui qui accueille et qui sert, son attitude étant l’exemple type du service.
Cet esprit d’accueil et de service doit guider notre attente durant les derniers jours de l’Avent.
Seigneur, aide-moi, en attendant Noël qui éclairera notre attente, à redire devant toi mon attachement à ton Église qui va à nouveau dans quelques jours reconnaître la présence de ton Fils vivant, présence manifestée dans le monde. Aide-moi à discerner ton appel dans une libre obéissance à ta volonté. Aide-moi à avoir la disponibilité de Joseph pour accueillir et servir toute ma vie Jésus ton Fils. Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, Diacre
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