Le soir de Noël, j’ai fait un cadeau aux jeunes de la paroisse : le Manuel Bioéthique des Jeunes ; il est édité par la fondation Jérôme Lejeune …
Connaissez-vous Jérôme Lejeune ? Ce grand chercheur a découvert en 1959 le chromosome supplémentaire que possèdent les enfants trisomiques au niveau de la 21ème paire, d’où le nom de trisomie 21 … Il est mort en odeur de sainteté le jour de Pâques 1994 ; le lendemain de sa mort, Jean-Paul II déclarait : « Nous nous trouvons aujourd'hui devant la mort d'un grand chrétien du XXe siècle, d'un homme pour qui la défense de la vie est devenue un apostolat. Il est clair que, dans la situation actuelle du monde, cette forme d'apostolat des laïcs est particulièrement nécessaire... »
En effet, la lutte pour le maintien en vie des malades était pour les deux hommes l’une des racines de la lutte pour la paix : qui empêchera qu’on tue des innocents dans une guerre, si l’on supprime les malades au lieu de supprimer la maladie ?
Je note chez cet homme deux faits importants pour une fête de la sainte famille.
1) Sa « vocation » de médecin vient de la lecture d’un roman de Balzac, « le médecin de Campagne ». C’est le signe que la question du modèle n’est pas négligeable : « tu nous as donné la sainte famille pour modèle… » dit l’oraison d’ouverture de la messe.
La différence entre Dieu et Balzac est que le modèle de Balzac est mort (et il n’a jamais existé …), tandis que le modèle que Dieu nous donne - la sainte famille-, non seulement nous donne le bon exemple, mais est encore là, réellement, dans la communion des saints, pour nous stimuler dans la recherche des « vertus familiales » (dont nous avons la liste dans la première lecture !!!)
2) Le deuxième fait touche la vie de famille proprement dite. Il raconte que, lorsqu’il était petit garçon, il voyait son père à genoux au moment de la prière familiale et il se disait :« Dieu devait être très grand pour que mon Père se mette à genoux devant lui » …
A la base de cette réflexion, il y a, il faut bien le dire, une injustice : le bien que fait une maman semble normal aux enfants, jamais extraordinaire, alors qu’il suffit que le papa lève le petit doigt, et c’est tout de suite un exploit ! C’est une injustice que l’on retrouve dans la sous-valorisation du travail que les mères font chez elles, qui dépasse de loin les tâches ménagères, au point qu’on en est venu à des formes de mépris pour le « travail à la maison » … il faut noter que c’est rien de moins que l’équilibre de la famille, des enfants et la construction de la société qui se joue là ! La famille est la cellule de base de la société.
Dénoncer l’injustice me paraît nécessaire, mais il faut souligner aussi, je le fais en direction des pères de famille, que lorsqu’un père, malgré les défauts qu’il aura forcément (seul Dieu est Dieu), lorsqu’un Père montre à ses enfants le chemin du ciel (tel le curé d’Ars), il réalise la plus belle œuvre de sa vie et c’est ainsi que l’on fait des saints. « Elever » des enfants ne consiste-t-il pas à les faire monter vers Dieu ?
Je choisis de regarder Joseph, pour prolonger la méditation de notre bon diacre, Dimanche dernier … j’aurais pu parler de Jésus, soumis à ses parents et à la volonté de son Père, mais on ne peut pas parler de tout.
Il y a trois songes de Joseph dans l’Evangile. En dépit de son silence (pas un mot n’est prononcé par lui), il y a des actes qui en disent long. On note surtout l’immédiateté dans l’exécution de la volonté divine, que l’on remarque également dans l’appel des apôtres, souligné par l’évangéliste qui précise : « aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent … ». Evitons ce que les évangélistes appellent les « dialogismoi », c’est-à-dire ces paroles intérieures qui compliquent notre écoute de la Parole et nous empêchent, finalement, de faire la volonté de Dieu.
Et puis bien sûr, on ne peut qu’être touchés par l’humilité de Joseph, nous qui savons bien que l’orgueil est la racine de tous les péchés : orgueil de Satan qui refuse de n’être qu’une créature de Dieu, orgueil d’Adam et Eve qui veulent « être comme des dieux », orgueil de l’homme qui, lorsqu’il a une responsabilité, comme celle d’une famille, est tenté de s’en servir pour dominer au lieu de servir, orgueil de la femme, qui voudrait gommer certaines supériorités de son mari sur elle et qui, si elle s’aperçoit de l’une de ses supériorités sur son mari, est tentée, comme lui, de s’en servir comme un instrument de domination, orgueil du prêtre, qui est tenté de prendre son pouvoir d’ordre comme un instrument de toute-puissance … personne d’entre nous n’échappe à la tentation, au moins, de l’orgueil
Prenons exemple sur Joseph, parlons moins et agissons plus pour nous soumettre les uns aux autres, et en premier lieu à Dieu, demandons à Dieu la vertu d’humilité pour ne pas faire obstacle à sa volonté.
P. Emmanuel d'Andigné
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