Homélie du 23ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A
A la manière d’un écho, je voudrais vous faire profiter du bon vent de Madrid, en en faisant une lecture spirituelle, à partir des textes du jour, au gré de ce que Dieu dit à l’Eglise de dimanche en dimanche.
Tout d’abord, pour assainir le terrain, sachez que les fameuses manifestations d’opposition aux jmj, dont tout le monde me parle depuis un semaine … eh bien, pour ma part, je ne les ai pas vues ; nous avons appris la chose par les journaux et la radio et je pose simplement une question :
A votre avis, combien y a-t-il de mouches dans l’église en ce moment ? 10 ? 14 ?
Il y a la même proportion (je parle d’arithmétique, je ne méprise personne) entre le nombre de mouches aujourd’hui dans l’église et le nombre que vous êtes vous ici … qu’entre le nombre de manifestants anti jmj et les 2000000 de jeunes présents à Madrid !
Je vais donc me concentrer plutôt sur le véritable évènement : la jeunesse du monde entier qui fait l’expérience de l’Eglise.
A propos de l’Eglise, je vous raconte volontiers une expérience particulière faite à Madrid : ayant besoin d’une sieste, je me suis extrait du groupe quelques temps et j’en ai profité pour faire quelques courses pour le week-end avec le Pape … une fois réveillé, je me suis retrouvé seul dans les moyens de transports, et j’ai ressenti très fortement et très clairement mon incapacité à évangéliser une fois seul, tout prêtre que je suis … j’avais besoin de l’Eglise, ma famille, pour porter la bonne nouvelle ! Je faisais, en creux et dans ma chair, l’expérience de la nécessité de l’Eglise !
Jésus dit dans l’Evangile « tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié … » C’est la définition de l’Eglise : celle qui est chargée de lier et de délier ce que Dieu veut lier et délier.
La jeunesse présente à Madrid a eu l’occasion d’expérimenter ce que l’on appelle les quatre notes de l’Eglise. Ça n’a rien à voir avec les notes de musique : on dit, en latin, que l’Eglise est connue (nota est) pour être « une, sainte, catholique et apostolique »
A vrai dire, pour ce qui est de la première « note », l’unité, les jeunes ont peut-être senti que tous ces gens si différents sont unis par une même foi ; ceux qui ont prié avec la communauté de Taizé ont fait l’expérience plus forte encore de la prière commune avec d’autres confessions chrétiennes ; et le Saint-Père, quant à lui, rencontre toujours des responsables de tous bords, afin de réaliser son beau ministère dit « de communion ».
La seconde note, la sainteté, ils l’ont expérimenté par la célébration de deux sacrements, surtout : l’Eucharistie et la pénitence. L’Eglise peut sanctifier par les sacrements, parce qu’elle est sainte, en vertu de son contact permanent avec Dieu. Il y avait, chaque jour, en plein cœur de Madrid, dans un parc (le Ritiro) une impressionnante file de plusieurs centaines de confessionnaux blancs, où des centaines de prêtres confessaient toute la journée (il y avait en tout aux jmj environ 14 000 prêtres présents) ; et lorsque nous avons fait escale à côté de Dax sur le chemin du retour, des jeunes du diocèse se sont confessés matin et soir, le soir, jusqu’à 2h du matin … L’Eglise est sainte, même si tous ses membres sont pécheurs, et elle sanctifie !
Ce sont évidemment les deux autres notes (la catholicité et l’apostolicité) qui sont les plus évidentes aux jmj …
Catholique –vous le savez- signifie « total » : on trouve dans l’Eglise catholique la totalité des moyens de salut ; mais il s’agit aussi de la totalité de l’humanité, d’où son caractère universel, ce sont les deux sens du mot « catholique ».
Quant à l’apostolicité, Ils l’ont palpée à travers le ministère du pape (« Esta es la juventud del papa » ou « Benedicto ! », scandaient-ils) : il est successeur de Pierre et comme les autres évêques, il a la charge d’enseigner comme les Apôtres (il y a eu trois catéchèses assurées par les évêques du monde entier). Les jeunes ont pu écouter les évêques comme on a toujours écouté les apôtres et leurs successeurs. L’Eglise est fondée sur les douze apôtres, et encore maintenant elle tient par le ministère de leurs successeurs les évêques : l’Eglise est apostolique
Je termine en revenant sur l’origine du mot « église » : Ecclesia en grec signifie « assemblée convoquée » ; cela vient de kaléo, en grec, qui veut dire appeler. Nous avons fait à Madrid l’expérience de l’Eglise, qui n’est pas seulement un rassemblement, mais surtout un appel, lancé à tous les hommes de bonne volonté ; c’est ni plus ni moins l’évangélisation qui fait l’Eglise, l’Eglise est un acte d’évangélisation.
Boîte aux lettres, gâteau de la toussaint, alpha … constituent ensemble un appel à l’assemblée dominicale, qui est le lieu normal où l’Eglise prend conscience de ce qu’elle est :
« Je viens ici pour rencontrer des milliers de jeunes du monde entier, intéressés par le Christ ou en recherche de la vérité qui donne un sens authentique à leur existence. Je viens comme Successeur de Pierre pour les confirmer tous dans leur foi, en vivant quelques jours d’intense activité pastorale pour annoncer que Jésus-Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie. »
Disait Benoît XVI à l’aéroport de Barajas, le 18 août dernier
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