Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A
Bien souvent, on bute sur la difficulté de l’injustice de cette parabole : d’abord, personne n’est lésé, dans cette affaire, car ceux à qui on avait promis un salaire le reçoivent tous ! Ensuite, il ne faut pas oublier que Jésus parle à des juifs : c’est eux, les ouvriers de la première heure, de même, le frère aîné de la parabole du Fils Prodigue, c’est eux … Les Juifs sont ceux qui ont connu le Dieu unique en premier : ils revendiquent donc un certain avantage, ils sont conscients d’être le peuple élu.
Jésus, d’ailleurs, ne conteste pas qu’il a pour eux une tendresse particulière, puisque, au début de sa prédication, il s’est occupé presque exclusivement des juifs, en refusant à une femme phénicienne (libanaise dirait-on aujourd’hui) des soins, finissant par céder, d’abord parce que souvent les hommes cèdent aux femmes (pour avoir la paix) et ensuite, parce que les libanais sont des redoutables négociateurs, et Jésus aime l’audace …
Ainsi donc, comme les juifs à l’époque, nous sommes prévenus, que si quelqu’un découvre le Christ demain matin et débarque à la paroisse dimanche prochain, il sera aussi bien « payé » que ceux d’entre nous qui le servent fidèlement depuis des années …
Ce n’est pas injuste, c’est juste paternel … Dieu est un père ! Dans le film « qui a envie d’être aimé », on voit deux frères, l’un qui a réussi et qui est sérieux, et l’autre qui ne fait que des bêtises, et claque l’argent de toute sa famille ; et à chaque fois que le fils terrible ou prodigue revient chez son père, son père l’accueille, alors que son frère et sa sœur, eux, plus réalistes, plus réglo’, plus justes (selon la justice des hommes) refusent cette faiblesse du père qui semble ne pas rendre service à celui qui ne calcule rien et fait des bêtises qu’on est obligés de réparer. Ce n’est pas injuste, c’est paternel … les pères sont comme ça, et les mères aussi …
J’ai eu l’occasion, durant les JMJ, de dire aux jeunes à propos de l’oraison qu’il était possible qu’ils soient favorisés plus qu’une vieille carmélite qui pratique l’oraison depuis des années et qui parvient difficilement aux quatrièmes demeures !
Cependant, il faut ajouter deux choses : Isaïe et la jalousie !
Isaïe : « Cherchez le Seigneur tant qu'il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu'il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l'homme pervers, ses pensées ! Qu'il revienne vers le Seigneur qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon ».
Cela veut dire que Dieu vient de nous appeler à la conversion, nous, qui sommes ici sagement dans une église et ceux qui, à l’extérieur, rendent en ce moment-même un culte à l’argent, à la télévision, au pouvoir, au plaisir, à la paresse, plutôt qu’à Dieu.
Nous, parce que nous avons besoin de conversion, nous qui avons sur nos mains la souillure de nos péchés, et qui le savons, puisque nous savons ce qu’est un péché … et tous ceux qui se détournent de Dieu, à cause des idoles, qui sont finalement les mêmes que toutes les idoles de tous les temps…
Conclusion : Dieu n’est pas simplement faible comme un père, il est aussi vrai comme un pèr et parfois rude comme un père …
Mais ce serait une erreur, je crois, que de ne regarder que Dieu dans cette parabole : il faut regarder les ouvriers, aussi … En fait, leur erreur, c’est de se comparer les uns aux autres … la jalousie est un cancer qui détruit l’amour, et qui empêche les chrétiens d’évangéliser
Question : qu’est-ce qui est le plus important ? Alpha, le gâteau de la Toussaint, l’évangélisation des boîtes aux lettres ? Les trois mon capitaine !
Dans Alpha, qu’est-ce qui est le plus important ? Le topo’ ? La prière ? La nourriture ? Les trois mon capitaine !
Il ne faut jamais se comparer, à personne, chacun de vous est incomparable (et tant mieux). Au fond, que chacun fasse de son mieux, en cultivant la beauté et la profondeur de sa relation avec Dieu, sans regarder dans l’assiette spirituelle des autres, et même (on en est capable !!!), en passant plus de temps à se réjouir du bien que les autres font, qu’à regarder ce que nous n’arrivons pas à faire …
Je voudrais finir avec un détail important qui figure dans la deuxième lecture :
« Pour moi, vivre c'est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j'arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c'est bien cela le meilleur ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. »
Saint Paul a goûté la douceur du Ciel, il a fait l’expérience que connaître Dieu et l’aimer, c’est bon, c’est désirable et donc, finalement, sa vie consiste à découvrir un morceau du Ciel à ceux qui regardent plus la terre que le Ciel.
La paix, tout le monde y croit, la justice, tout le monde la cherche, le respect des autres, c’est important pour tout le monde … mais le Ciel, seuls ceux qui le connaissent –un peu- peuvent le faire goûter à ceux qui l’ignorent : c’est ce qu’il a de spécifique de la foi, c’est ce qui est original dans le monde d’aujourd’hui, c’est donc très urgent, car le Ciel est notre avenir, et ce sera notre bonheur définitif : nous devons vivre le plus longtemps possible, afin que le Ciel descende sur la terre, définition orientale de la « liturgie (entendez la messe) »…
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