14 novembre 2011

Homélie du 02 octobre 2011-Ecouter et croire Jésus, c'est tout un

Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire - Année A

Avez-vous entendu parler du gâteau de la Toussaint ? Il s’agit de rechristianiser cette fête, en faisant confectionner par un professionnel qui le commercialise normalement, un gâteau fait uniquement à cette période, chaque part de gâteau achetée donnant droit à un petit feuillet qui donne le sens de cette fête et raconte la vie d’un saint.

Ce n’est plus pour contrer Haloween, Haloween est déjà mort … mais c’est  une proposition positive  sur la sainteté, qui non seulement fait plaisir à Dieu, mais fait du bien aux hommes. Il y a un aspect culturel (savez-vous ce qu’est la Toussaint ?) et un aspect spirituel (Dieu peut et veut déposer sa sainteté en chacun de nous, pour nous faire du bien à nous et pour que l’humanité soit transformée et redonnée au Créateur aussi belle que celui-ci l’a conçue …)

Trois choses sur l’Evangile

Tout d’abord l’introduction de Jésus : il dit « Ecoutez ». Il est rare que Jésus lui-même dise cela au début d’une parabole. Cela ne signifie pas nécessairement que cette parabole surpasse les autres, mais qu’il faut l’écouter, au sens de croire. En effet, derrière ce mot, il y a le « credo » des juifs (le « sh’ma Israël »), écouter et croire n’étant en réalité qu’un seul et même acte. En disant d’écouter, Jésus nous dit « croyez ce que je vais vous dire, il y a là des déclarations aussi importantes que celles de Dieu à travers son serviteur Moïse.

Une véritable communication suppose l’écoute, il n’y a rien de pire que de ne pas sentir écouté. Nous avons tendance, n’est-ce pas, à entendre ce que nous voulons, à écouter ce qui nous plaît et non le reste : c’est embêtant pour la foi chrétienne, car il faut recevoir Dieu tel qu’il est et entendre ce qu’il veut dire et non ce que nous voulons entendre. Ainsi, nous ne fabriquerons pas un Dieu à notre mesure, en le « raccourcissant », mais nous allons nous « hisser à la mesure de Dieu », définition possible de la sainteté !!!

Ecoutez cette parabole …

Ce n’est pas par hasard que Jésus parle de la vigne … le vin est considéré par les juifs comme la plus noble des boissons ; il a été choisi avec le pain (la plus noble des nourritures) pour être la boisson par excellence, à la fois don de Dieu par la nature, la pluie et résultat du travail des hommes. Dans l’offertoire catholique, on retrouve des éléments essentiels du repas d’entrée en Shabbat : « Tu es béni, Seigneur, notre Dieu, roi de l’Univers, toi qui fais sortir le pain de la terre… le vin de la terre » dit la formule juive.

Le juste, le saint, est comme un bon vin : résultat d’un vrai travail de l’homme
-          Recherche des vertus
-          Qualité de vie spirituelle
-          Sens du service
-          Fidélité à Dieu et aux hommes

Et d’une vraie grâce de Dieu
-          Car Dieu est le seul saint au sens plénier du terme

Une paroisse, c’est une vigne, mais ce qu’une vigne : ce qui compte, c’est le vin. Je faisais hier du vélo dans les vignes du layon … un magnifique paysage s’est présenté à nous, et notamment les vignes elles-mêmes, mais ce qui compte, c’est le vin !  C’est-à-dire l’épanouissement de la grâce du baptême, la perfection chrétienne, dont la réputation se propage comme le fumet incomparable d’un coteau du layon !

Le curé d’Ars disait, d’ailleurs, qu’un chrétien qui vient de communier est comme une bouteille de cognac et que le recueillement après avoir communié est comme un bouchon qui retarde l’évaporation et l’oxydation du contenu de la bouteille.

Mais il ne faut pas s’attarder trop longtemps sur l’image, car dans une image qui symbolise quelque chose de spirituel, il y a, disait saint Thomas, plus de dissemblance que de ressemblance entre l’image et la réalité spirituelle …

Je termine, donc, en évoquant la question de la justice, puisque cette parabole évoque le jugement dernier, et si l’Eglise nous le fait entendre, c’est parce que nous nous rapprochons de la fin de l’année liturgique, occasion de méditer sur la fin de nos jours et sur la fin des temps.

Il y a pourrait-on dire deux justices : une justice transcendante, œuvre de Dieu, qui sanctionne, au sens complet du terme, chacune de nos vies … mais il y a aussi une Justice immanente, en ce sens que le mal contient en lui-même le principe de sa destruction ; ou pour le dire autrement : celui qui fait le mal reçoit sur la tête le coup qu’il donne (comme dit le psaume 7) et je crois bien que Jésus se sert de la justice immanente (qui a quelque chose de très convaincant) pour nous permettre de nous préparer intelligemment à la justice transcendante dont nous feront l’objet.

Comme l’a bien dit Benoît dans Spe salvi, ce moment sera un moment de joie pour les pauvres, les justes, les humbles, car il seront rétablis dans leur dignité et dans leur valeur : que Dieu nous donne d’être de ceux-là !

P. Emmanuel d'Andigné

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