Homélie du 26ème dimanche du temps de l’Église- année A
Jésus aime bien nous faire réfléchir sur notre propre existence à travers ses paraboles. Il sait bien à qui il s’adresse, il sait bien là où cela fait mal lorsque l’on a quelque chose à se reprocher et lorsque l’on veut bien en prendre conscience.
Comme dimanche dernier (les ouvriers embauchés à la vigne), on se trouve à nouveau dans une vigne. Lorsque l’on parle de vigne dans les paraboles, il faut comprendre le peuple de Dieu, et l’enseignement de Jésus prend alors une autre valeur.
Jésus s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens. Donc, des gens cultivés, bien sous tous rapports, habitués à réfléchir, à étudier et qui connaissent sur le bout des doigts leur domaine. Des gens influents, leur parole est reconnue et on les écoute.
Le problème, c’est qu’ils ne sont pas forcément cohérents avec eux-mêmes.
Ils parlent, ils parlent, ils savent tout, ils donnent des conseils aux autres, mais quand il s’agit d’eux ils n’agissent pas.
« Oui, oui Seigneur, je vais travailler à ta vigne ». Mais en fait, ils n’y vont pas.
De l’autre côté, ceux qui ne vont pas à la vigne : les pécheurs, les publicains, les prostituées et autres gens de mauvaise compagnie. Une chose est sûre : ils ont plus de choses à se reprocher que les premiers, cela est entendu.
Mais ce qui change tout, c’est que Jean-Baptiste les a touchés en plein cœur. Ils l’ont écouté, ils se sont convertis et c’est pour cela qu’ils entreront dans le Royaume.
Autrement dit, les chefs des prêtres ne se sont pas convertis. Eux qui suivaient scrupuleusement la loi de Moïse, pourquoi auraient-ils eu besoin de se convertir ?
Un certain confort intellectuel faisait qu’ils ne se remettaient pas en cause. Ils avaient la connaissance (et donc un certain pouvoir devant le peuple). Jean-Baptiste et Jésus les dérangeaient avec leur obsession de conversion. « Nous ? Non, on n’en a pas besoin ! ».
De leur côté, les publicains et les prostituées étaient conscients de leurs manquements de toute sorte, et ils étaient donc plus aptes à se convertir et à offrir leur cœur à la miséricorde de Dieu. Jésus nous dit que beaucoup d’entre eux finissent par changer de cap et par aller à la vigne.
Le manque de cohérence n’est toujours pas réglé aujourd’hui. Nous sommes nombreux à ne pas mettre en pratique ce que nous proclamons. Nos actes sont-ils toujours conformes à ce que nous croyons ?
Nous sommes le second fils, aucun doute là-dessus.
Nous sommes aussi le premier fils. Malgré des erreurs, des manquements d’amour, des moments de paresse, nous finissons tout de même par aller à la vigne. Nous retrouvons notre relation avec Dieu. Nous retrouvons le chemin d’amour que le Seigneur nous propose.
Jésus ne condamne personne. Il déclare seulement que les publicains et les prostituées précèderont les chefs des prêtres et les anciens dans le Royaume, ce qui ne veut pas dire que ces derniers ne gagneront pas au bout du compte le Royaume.
Personne n’est définitivement condamné, personne n’est à jamais rejeté, car le Seigneur nous laisse libre de lui dire oui jusqu’au bout.
Nous devons perpétuellement gérer nos propres contradictions. Nous voulons le suivre et nous ne sommes pas à la hauteur. On n’y arrive pas, on trébuche, on fait des faux pas.
Mais qu’importe ! Il ne nous jugera pas en chemin, il est patient. Il respecte notre liberté.
Il ne nous attend pas pour nous donner une sanction, mais il attend de nous que nous lui fassions confiance. Il est toujours prêt à nous ouvrir les bras et à nous pardonner.
Jésus nous attend à la vigne.
Alors, quels actes de justice posons-nous, quels services rendons-nous dans la mission qui nous est confiée dans la communauté, dans l’Église ?
Avons-nous les yeux, les oreilles et le cœur ouverts lorsque nous rencontrons notre prochain ? Ou bien restons-nous sur nos jugements, sur nos certitudes ?
Quels efforts faisons-nous pour notre propre formation pour mieux servir nos frères ?
Des pauvres espèrent un geste de notre part. Des malades comptent sur nous pour les visiter. Des paroisses recherchent des bénévoles.
C’est la rentrée, le travail ne nous manquera pas à la vigne du Seigneur.
Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre
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