06 octobre 2009

Homélie du 13 septembre 2009

Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Isaïe, dans la première lecture, nous fait don de ce que l’on a fini par appeler le « chants du Serviteur », on en compte quatre en tout dans l’œuvre toute entière, où Isaïe décrit avec une précision redoutable la Passion du Christ par exemple, mais aussi d’autres traits de sa personne ou de sa mission …

La Liturgie de la parole (c’est un bon rappel), fonctionne de la même façon que les disciples du temps de Jésus : il faut déterminer si oui ou non Jésus est bien le Messie, c’est l’un des objets principaux de l’Evangile. Le psaume fonctionne comme un écho de la première lecture, et la seconde lecture est une lecture suivie, pour la « nourriture » et l’édification de la communauté chrétienne, qui puise dans ces textes de quoi vivre encore aujourd’hui.

Cette affirmation « Jésus est le Messie » vaut aujourd’hui pour les juifs, dont les rabbins, ces temps-ci, ont tendance à dire que la venue du messie aura lieu à la fin des temps !!! Nous sommes d’accord, finalement, bien que pour nous, ce soit un retour …

Cette affirmation est valable aussi pour les chrétiens d’aujourd’hui, pour qu’ils réactivent leur foi en Jésus, pour qu’ils la « réinitialisent » diraient les informaticiens. En effet, pour qu’une mise à jour d’un logiciel soit opérationnelle, il faut « redémarrer le système » : il en va de même pour nos cœurs et nos intelligences, lorsqu’ils « téléchargent » la Parole de Dieu !

Cette affirmation est valable pour tous les hommes, tous les autres ! Ils ont essentiellement deux types d’attente :

Une attente intellectuelle (Dieu existe-t-il , mais aussi une attente psychologique (la souffrance et la mort ont-elles un sens ?). Et cette attente psychologique se transforme en attente spirituelle, lorsque quelqu’un se demande si Dieu fait quelque chose, quand il souffre …

Moi je connais deux réponses à cette question : la principale réponse de Jésus à la question de la souffrance, c’est la croix ! Jésus semble nous dire « je souffre avec toi, quand tu souffres ». Dans un seconde temps, il me semble, Dieu répond parfois par la guérison du cœur et parfois du corps. Claudel disait "Jésus n'est pas venu pour expliquer la souffrance, il n'est même pas venu pour la soulager, il est venu pour l'emplir de sa présence"

L’Evangile se révèle donc très moderne, et c’est normal puisqu’il est éternel, nous n’avons plus qu’à transposer ce que nous entendons à l’époque d’aujourd’hui. Faisons l’exercice !

Jésus parle à la cantonade et demande ce que les gens pensent sur lui, et ce que les disciples, eux pensent …tous les disciples prennent la parole pour le sondage d’opinion, mais seul Pierre parle pour la définition de foi et c’est la même chose aujourd’hui : le successeur de Pierre, le Saint-Père, a la charge de donner la doctrine officielle parce que, immanquablement, des opinions circulent, y compris à l’intérieur du groupe des disciples et c’est à celui qui occupe le siège de Pierre de dire ce qui est vrai, finalement … nous devons donc toujours l’écouter avec intérêt, et avec docilité, même si ce n’est pas la mode.

J’ai connu un monsieur qui ne changeait jamais de cravate. Au moment de l’achat de celle-ci, sans doute correspondait-elle à la mode en cours … mais lorsque la mode a changé, il a continué à porter toujours la même cravate ! Est arrivé ce qui devait arriver : il fut démodé, un temps, pour devenir quelques années plus tard à la pointe de la mode, qui avait encore changé … Dieu nous a donné une belle cravate dans le trésor de la foi, n’en changeons pas au gré des modes !!!

Objection votre honneur ! On voit dans l’Evangile que Pierre dérape … le successeur de Pierre ne peut-il pas déraper (sans compter qu’il a abandonné son maître …) ?

Réponse à l’objection :

1) tous les successeurs de Pierre, jusqu’à aujourd’hui connaissent l’ensemble de l’Evangile, avec les erreurs et les formidables définitions de foi. Ils connaissent donc parfaitement cette erreur fondamentale qu’il a faite à l’époque de vouloir fabriquer un Dieu ou un Messie qui ne dérange personne et qui bêle avec le troupeau et qui ne connaît pas de difficulté telle que la passion.

Notre pape actuel, comme le précédent, est donc dans la situation inverse de celle de l’Evangile d’aujourd’hui : c’est au contraire par fidélité à l’Evangile et au Christ qu’il reçoit la désapprobation des faiseurs d’opinion. Il y en avait à l’époque de Jésus, des faiseurs d’opinion : « pour les gens, qui suis-je ? Jean-Baptiste, pour d’autres, Elie, pour d’autres, un des prophètes… »

2) deuxième réponse à l’objection, et c’est plus fondamental encore.

Jésus a dit : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »

Jésus prie pour le pape !!! Nous aussi, remarquez, mais quand Jésus fait une prière, elle est forcément exaucée. Et c’est si vrai, d’ailleurs, que Saint-Pierre le couard qui a lâché Jésus au moment de la Passion, ne l’a plus lâché, ensuite, une fois ressuscité, il est même mort martyr pour lui. Il existe des formes modernes de martyrs, bien que la brutalité n’ai jamais vraiment disparue.

Concrètement, nous devons être à l’écoute de nos contemporains et de leurs souffrances pour déposer le Messie dans leur cœur et prier pour demander le courage (après la sagesse et l’intelligence).

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 06 septembre 2009

Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Habituellement j’attends la rentrée officielle pour présenter le programme pastoral de l’année, pour en faire une « lecture spirituelle » mais cette année, c’est différent … vous allez comprendre pourquoi (Alpha commence dans 15 jours !).

Si je devais faire le résumé de l’année, je dirai ceci : elle comporte trois mouvements pour trois trimestres
- Evangélisation à l’extérieur des quatre murs de l’église (le mot mission revient souvent dans la charte synodale)
- Formation pour les « anciens » et les nouveaux
- et enfin vie fraternelle, ainsi que la charte synodale nous l’indique dans cette formule : « tisser un réseau de communautés proches et fraternelles ». Cette période comporte moins d’activités, afin de développer les initiatives de petits groupes dans le sens de la vie fraternelle

Mais alors, me direz-vous, n’y a-t-il pas un problème de logique à commencer par l’extérieur ?

A vrai dire, on ne commence pas vraiment, on ne commence jamais vraiment quelque chose dans l’Eglise, on continue toujours une œuvre qui fut initiée bien avant nous, nous sommes des héritiers des anciens de la paroisse, qui ont porté la foi jusqu’à ce jour, tout est toujours une continuation, la gestion d’un héritage …

Par ailleurs, il y a beaucoup d’évangélisations discrètes, dont celle-ci n’est que la preuve communautaire et la relance communautaire, afin que les mille autres façons d’évangéliser s’en trouvent renforcées et encouragées.

Au fond, nous faisons d’une pierre trois coups :
1 nous développons notre caractère missionnaire
2 nous évangélisons en effet des personnes
3 nous nous évangélisons nous-mêmes, puisque nous avons toujours quelque chose à apprendre, à un niveau ou à un autre, nous recevons l’évangile comme tout le monde

Autre problème : la vie fraternelle en fin d’année, est-ce bien logique, là encore ?

Comme nous n’allons pas commencer à avoir une vie fraternelle au mois de mai (…), la question intéressante est de savoir comment nous allons pouvoir faire en sorte que nos assemblées qui sont importantes, que notre paroisse qui est une institution (avec ce que cela pourrait comporter d’impersonnel) puisse tout de même offrir à toute personne qui s’approche un vrai cadre fraternel ? C’est, vous le savez bien, ce qui fait la fierté de petites communautés protestantes, en particulier de type pentecôtistes ou baptistes, et qui est le talon d’Achille des paroisses catholiques.

Autant l’avouer tout simplement : s’il y a moins d’activités au troisième trimestre, c’est aussi parce qu’on sait bien que le chapelet des communions et autres professions de foi et l’approche des beaux jours rendent difficile des rendez-vous réguliers, des choses suivies. On pourrait s’en affliger, mais je choisis de m’en réjouir, en me disant que l’événement culturel du 1er mai, le tournoi de football inter paroissial sont d’un autre ordre que la catéchèse, mais qu’ils font partie de ce « bassin favorable » dans lequel formation et évangélisation peuvent s’épanouir d’une façon plus humaine et aussi plus efficace …

Evangéliser / se former/ développer vie fraternelle … cette séquence a deux conséquences :

1) je demande à toute la paroisse de s’investir dans le parcours alpha : prière, cuisine, témoignage, invitation, fleurs, décoration, organisation … l’absence de catéchèse adulte créant symboliquement une sorte de « vide » que vous pourrez combler par votre investissement dans Alpha.

2) il n’y aura plus de catéchèse toute l’année une fois par mois, mais seulement pendant trois mois tous les 15 jours : nous espérons ainsi que la formation s’effilochera un peu moins et permettra à ceux qui vont la suivre de mettre cet enseignement à profit. Cette année, la catéchèse portera sur la prière, suite logique de l’enseignement sur Foi, sacrement et morale, ainsi que nous l’indique le Catéchisme de l’Eglise Catholique : nous découvrirons le trésor de la prière chrétienne et un commentaire systématique du Notre Père.

Je termine par une mention spéciale qui concerne bien sûr la parole de Dieu (on pense au principe synodal « se laisser former par la parole de Dieu ») : nous avons proposé, avec la commission suivi du synode, que cette année 2009-2010 soit placée, du moins quant à la lecture de l’Ecriture, sous la férule de Saint Luc, en présentant aux équipes qui le souhaitent une lecture continue des Actes des Apôtres, puisque nous entrerons en décembre dans l’année « C », dominée par le troisième évangéliste. C’est la raison pour laquelle vous verrez en novembre, dans le calendrier concocté avec amour et avec l’EAP, une soirée « Actes des apôtres », pour lancer l’aventure.

Pour terminer, comme je le fais chaque année, j’interroge la Parole de Dieu sur la « couleur » qu’elle veut donner à toute cette année : l’Evangile d’aujourd’hui présente la mission de Jésus comme une mission de guérison, et c’est donc dans ce sens que je vous suggère de vivre toute cette année, encouragés que nous sommes par le récent miracle de Lourdes (début août, une sclérose en plaques). Nous savons bien que la majorité des miracles de Lourdes sont intérieurs et c’est sans doute ceux-là que nous sommes en mesure de favoriser par l’ensemble de nos activités.Vivons de ce trésor de guérison qui se trouve en Dieu et partageons-le abondamment !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 30 août 2009

Homélie du 22ème dimanche du Temps Ordinaire - Anné B

En regardant attentivement la première lecture, vous noterez avec moi que Dieu fait deux cadeaux spécifiques à son peuple et donc aussi à son peuple d'aujourd'hui, l'Eglise ! Il leur fait don de la sagesse et de l'Intelligence... Jusque là, rien d'extraordinaire ! Mais j'attire votre attention sur le possessif "votre" : " ce sera votre sagesse aux yeux de tous les autres peuples". On est alors en droit de se poser la question de savoir ce que la sagesse donnée par Dieu a de si spécial.
En latin, "sagesse" se dit "sapientia". Ce mot vient d'un autre, plus court, "sapor" qui signifie "saveur, goût". Le Sage est donc celui qui sait "goûter" les choses importantes de la vie, qui sait distinguer le vrai du faux, le bon du mauvais, comme on distingue un très bon vin d'une piquette ... Ceci est précieux pour les parents, dans le domaine de l'éducation. Avoir des enfants sages, au sens chrétien, c'est pourquoi pas avoir des enfants pas trop remuants, mais c'est surtout communiquer cette "sagesse" de Dieu, à savoir la capacité de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, etc ... La perspective éducative devient plus large et passionnante !
De même, "intelligence" est un mot qui signifie "lire à l'intérieur" : autrement dit, un chrétien est "intelligent" dans la mesure où il sait regarder les évènements "à l'intérieur", voyant les origines profondes des choses et des personnes, de sorte qu'on n'en reste pas à l'apparence, l'extérieur. Je pense à "l'extérieur" des personnes, mais aussi des évènements. Il est frappant de constater que les ministres se succèdent pour essayer de juguler la violence de certains jeunes sans jamais se demander si les raisons de cette violence n'est pas d'avantage une question intérieure qu'une affaire de personnels sociaux ou de nombre de policiers ... Pareillement, pour tout évènement, demandons à Dieu l'intelligence qui vient de lui.
Avec Sagesse et Intelligence, nous voici armés merveilleusement pour cette "rentrée" qui, bien qu'elle ne concerne que les enfants en principe, concerne tout le monde, c'est évident, et comporte cette fraîcheur des recommencements qui nous met, espérons-le, dans dispositions d'esprit dociles à l'Esprit Saint !

P. Emmanuel d'Andigné

25 août 2009

Homélies

FÊTE DE L’ ASSOMPTION – ANNEE B


15 AOÛT 2009





Tous les Français connaissent le 15 août. C’est une fête qui évoque les congés, les vacances, le soleil et les voyages. Beaucoup moins connaissent le mot « Assomption ». Très peu en connaissent le sens, la signification. Ils ignorent tout autant qu’elle concerne la Vierge Marie.

La foi en l’Assomption de Marie est très ancienne dans l’Eglise, tant orientale qu’occidentale. Saint Grégoire de Tours l’exprime déjà au VIème siècle. Saint Albert le Grand, Saint Thomas d’Aquin et Saint Bonaventure, au XIIIème siècle, la commentèrent plus largement. Mais on célébrait cette fête dès le IVème siècle à Antioche, et en Palestine au Vème siècle.

Il semble que la date du 15 août ait été choisie en Orient par l’empereur Maurice, à la fin du VIème siècle, pour commémorer la consécration à Jérusalem d’une des toutes premières églises érigées en l’honneur de la Vierge Marie montée au ciel. Le 15 août fut longtemps le jour de la fête nationale en France.

Rappelons les mots par lesquels le Pape Pie XII, le 1er novembre 1950, affirmait de façon définitive la foi de l’Assomption de la Vierge Marie :
« Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ».

L’Assomption de Marie découle de sa maternité divine : Dieu « a préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté son propre Fils et mis au monde l’auteur de la vie », dira la préface de la messe.

Ce privilège unique de la Mère de Dieu se répercute en notre faveur, comme le développent différents textes du dernier Concile : ainsi, « après son Assomption au ciel, le rôle de la Vierge Marie dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel… C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Eglise sous les titres d’avocate, d’auxiliaire, de secourable, de médiatrice. »

« Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en attendant la venue du Jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage. »

En ce jour où approche de sa fin le pèlerinage « national » à Lourdes, nous nous unissons à la prière de tous les malades et autres personnes qui recourent à la bienheureuse Vierge.

Nous nous rappelons aussi que le 14 août 1941 au soir, mourait à Auschwitz un franciscain polonais, Maximilien Marie Kolbe, fondateur de la milice de l’Immaculée pour évangéliser le monde moderne. Il avait offert sa vie à la place d’un père de famille déporté comme lui. Jean-Paul II l’a canonisé en 1982.

Ce saint martyr avait écrit :
« Laissons-nous donc diriger par la Vierge immaculée, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses. »

C’est dans ce même esprit de confiance que Benoit XVI terminait son encyclique « Dieu est Amour » par cette prière :

« Sainte Marie, Mère de Dieu, tu as donné au monde la vraie lumière, Jésus ton fils, Fils de Dieu. Tu t’es abandonnée complètement à l’appel de Dieu, et tu es devenue ainsi la source de la bonté qui jaillit de Lui.
Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui.
Enseigne-nous à la connaître et à l’aimer, afin que nous puissions, nous aussi, devenir capables d’un amour vrai, et être sources d’eau vive au milieu d’un monde assoiffé. »



Amen
Père Jean Rouillard

Homélies

19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE B


9 AOÛT 2009



Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait dit : « Moi je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Qui d’entre nous, je vous le demande, n’aurait pas été choqué par de telles paroles venant d’un homme que l’on connaît ? « Nous connaissons bien son père et sa mère », disent les gens… comment peut-il prétendre venir du ciel ? »

Nous, chrétiens du XXIème siècle, nous savons que Jésus annonçait déjà l’Eucharistie. Quand Jésus prononça son discours sur ce qu’on appelle aujourd’hui son « discours sur le pain de vie », les auditeurs ne pouvaient pas le deviner.

Alors, comment admettre ces paroles : « Moi, je suis le pain vivant qui est venu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », et plus encore : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie » ?

Jésus n’ignore pas l’incrédulité des Juifs auxquels il s’adresse, c’est pourquoi il ajoute aussitôt : « personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire pas vers moi. » C’est dire que la réflexion, le bon sens, ne suffisent pas pour accueillir les paroles de Jésus. Il faut être, d’une certaine manière, « instruits par Dieu lui-même », comme disaient les prophètes.

Il faut avoir le cœur ouvert à ce qui dépasse l’intelligence et les connaissances humaines. « Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi », dit Jésus. C’est ce que l’Eglise appelle la grâce.
« Celui qui croit en moi a la vie éternelle », affirme le Seigneur.

La vie, le pain qui donne la vie, une vie qui ne finira pas, et qui s’épanouira dans l’amour, ce sont les mots principaux des lectures de cette messe.

Le Livre des Rois nous présente le prophète Elie accablé par l’incompréhension du peuple, par les échecs, par l’hostilité de la reine Jézabel qui en veut à sa vie. Il est épuisé par une longue marche d’une journée dans le désert.

Sa plainte n’est-elle pas celle de beaucoup de nos contemporains, découragés, désabusés : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères. »

Mais le Seigneur n’abandonne pas son serviteur qui dort : « Lève-toi et mange. » Il y a là, tout près, du pain et de l’eau, de quoi reprendre un peu d’espérance, même si le sommeil l’emporte une seconde fois.

Finalement, « Elie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. »

N’est-ce pas le symbole de la proximité de Dieu dans nos vies ? Le Christ est la source d’eau vive, qui redonne fraîcheur et vigueur aux jours de sécheresse ; il est le pain vivant alimentant nos énergies pour poursuivre la route avec courage et confiance. C’est le sens de l’Eucharistie, qui doit nous permettre de vivre de la manière exprimée par Saint Paul écrivant aux Ephésiens : « Vivez dans l’amour comme le Christ ; il nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire. »

Cette magnifique lettre indique de façon très concrète la manière de vivre selon le saint Esprit de Dieu : « Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colères, éclats de voix, ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. »

Celui qui a écrit cela n’est pas un doux rêveur, idéaliste. Il a été un violent persécuteur des chrétiens. Après sa conversion, il a subi toutes sortes de tourments de la part de ses adversaires, jusqu’à être lapidé et laissé pour mort.

Malgré cela, il ose déclarer : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »
« Cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. »

Voilà ce que peut accomplir la grâce de Dieu dans un cœur bien disposé, et ce qui fait chanter dans l’Eglise :

« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur. Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. »

Amen
Père Jean Rouillard

02 août 2009

Homélie du 2 août 2009

Homélie du 18ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Tout me monde sait bien que lorsqu’un objet tombe dans l’eau, se forment autour du point d’impact des cercles concentriques et centrifuges de plus en plus grands ; c’est de cette manière, je crois, que fonctionne l’évangélisation !

Le premier « cercle » est notre propre personne, qui se laisse évangéliser chaque dimanche, car nous devrons toute notre vie évangéliser la partie païenne de nous-mêmes, celle qui a du mal à croire, à aimer et à espérer. Pour ce faire, nous pourrions procéder à la manière du récit d’un pèlerin russe, qui pour faire descendre les affirmations de la foi de la tête au cœur répétait inlassablement : « Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Nous pourrions, après la messe du dimanche, répéter souvent une phrase qui nous paraît importante extraite de l’Evangile ; je propose : « l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » …et ainsi, incliner notre cœur à croire, à recevoir l’Evangile et le Christ, afin que le premier cercle de l’Evangélisation soit respecté.

Pour les époux, c’est la même chose, et on reste dans le premier cercle (on ne fait plus qu’un), on se soutient l’un l’autre, on s’évangélise l’un l’autre. A ce stade, avant de passer au cercle suivant, il faut s’arrêter un instant sur le mot « croire »

« l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »

Croire, ce n’est pas simplement « n’avoir aucune difficulté avec les articles du Credo », car il se peut que notre intelligence bute sur une difficulté sans pour autant remettre en cause notre confiance en Jésus, notre foi en lui.

Croire, ce n’est pas simplement « sentir que Dieu existe », car il se peut que notre état psychologique rende difficile ce genre de ressenti, en ce moment du moins, ou en vertu de notre âge, ou à cause d’un événement.

On ne peut pas, on ne doit pas réduire la foi à des contenus intellectuels ou à un sentiment. Croire, c’est adhérer à quelqu’un, suivre quelqu’un dont on finit par accepter la moindre parole, tant la confiance est forte en lui : cela engage toute la personne …

On a forcément tendance, en fonction de son âge, de son éducation, de ses expériences, à avoir comme porte d’entrée l’intelligence ou le cœur, ou parfois même le sens du service, c’est bon tant que cela reste une porte d’entrée, et qu’on ne reste pas sur le pas de la porte.

Dans le premier cercle, le plus petit, on est soi-même évangélisé. Dans le second, un peu plus large, on évangélise les enfants, on prépare à la génération suivante l’héritage, comme l’a dit le psaume : «Nous avons entendu et appris, nos pères nous ont rapporté et nous redirons à l’âge qui vient les titres du Seigneur, sa puissance ». C’est là, il me semble, à ce stade, qu’il faut que nous nous formions !

J’avais proposé l’an dernier une « formation à l’évangélisation », sur la base de la lecture d’une encyclique magnifique du pape Paul VI « Evangelii nuntiandi », qui malgré son « âge » reste un ouvrage de référence et qui n’a pas pratiquement pas vieilli ! Cette encyclique explique en peu de mots de quelle manière ont doit évangéliser les non-chrétiens : En se laissant évangéliser soi-même, en étant cohérents avec le message que l’on diffuse, en laissant Dieu agir dans les cœurs sans agir directement sur eux, les évangéliser par l’exemple et par la parole … bref, c’est aussi en fait un concentré d’éducation chrétienne ! Je suis convaincu que les règles qui régissent l’Evangélisation pour l’Eglise universelle sont aussi valables dans cette petite Eglise qu’est la famille. L’enseignement de l’Eglise dit de la famille qu’elle est une « Eglise domestique », version simplement plus petite du même mystère.

L’éducation des enfants est une véritable évangélisation domestique, de sorte que non seulement nous leur apporterons le Salut, mais en plus nous forgerons avec moins d’efforts en eux une âme de missionnaires, sans laquelle ils pourront plus difficilement porter le nom de chrétiens. Un chrétien qui n’évangélise pas est tout doucement en train de s’éteindre et quand la lumière du monde s’éteint, le monde a froid et il est désorienté

Et bien entendu, le « troisième cercle » viendra (d’ailleurs c’est le même qui s’étend en réalité…), et c’est là que la paroisse intervient, pour fournir des éléments à chaque paroissien, afin qu’il puisse humblement et simplement évangéliser là où il est. La paroisse est là aussi pour mettre en œuvre une méthode d’évangélisation, Alpha, les cellules paroissiales d’évangélisation, les fraternités appelées de leurs vœux par le synode diocésain, l’évangélisation de rue, et tout autre méthode … pourvu qu’elle respecte au moins ces deux principes : le respect de l’être intérieur et de la liberté de celui qu’on évangélise et d’autre part l’audace de parler explicitement de notre foi.

Pour revenir à l’Evangile et terminer avec lui, puisque Jésus reproche à la foule de le chercher pour le pain et non pour lui-même, il y a un véritable travail à faire pour étudier chez nos contemporains ce qui fait qu’ils pourraient avoir le désir de suivre Jésus …
A l’époque de Jésus, il y avait au moins deux problèmes à régler :
- donner du pain à tout le monde (le problème de la pauvreté)
- savoir quand viendrait le Messie et si Jésus était celui-là

Quant au pain, ce n’est pas terminé, et quand à savoir si Jésus est le messie, à vrai dire non plus, mais différemment tout de même et la question est « comment ? » : quelle sera la recherche de nos contemporains qui pourrait les pousser à aller vers Jésus ?

Ce qui est merveilleux, et encourageant, c’est que quelle que soit l’époque ou le lieu, la proclamation de l’Evangile produit le même effet, y compris chez des non-juifs. Que l’Esprit de Dieu nous éclaire sur cette recherche, afin que nous puissions partager notre trésor à ceux qui sont là, tout prêt …
P. Emmanuel d'Andigné