06 octobre 2009

Homélie du 13 septembre 2009

Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Isaïe, dans la première lecture, nous fait don de ce que l’on a fini par appeler le « chants du Serviteur », on en compte quatre en tout dans l’œuvre toute entière, où Isaïe décrit avec une précision redoutable la Passion du Christ par exemple, mais aussi d’autres traits de sa personne ou de sa mission …

La Liturgie de la parole (c’est un bon rappel), fonctionne de la même façon que les disciples du temps de Jésus : il faut déterminer si oui ou non Jésus est bien le Messie, c’est l’un des objets principaux de l’Evangile. Le psaume fonctionne comme un écho de la première lecture, et la seconde lecture est une lecture suivie, pour la « nourriture » et l’édification de la communauté chrétienne, qui puise dans ces textes de quoi vivre encore aujourd’hui.

Cette affirmation « Jésus est le Messie » vaut aujourd’hui pour les juifs, dont les rabbins, ces temps-ci, ont tendance à dire que la venue du messie aura lieu à la fin des temps !!! Nous sommes d’accord, finalement, bien que pour nous, ce soit un retour …

Cette affirmation est valable aussi pour les chrétiens d’aujourd’hui, pour qu’ils réactivent leur foi en Jésus, pour qu’ils la « réinitialisent » diraient les informaticiens. En effet, pour qu’une mise à jour d’un logiciel soit opérationnelle, il faut « redémarrer le système » : il en va de même pour nos cœurs et nos intelligences, lorsqu’ils « téléchargent » la Parole de Dieu !

Cette affirmation est valable pour tous les hommes, tous les autres ! Ils ont essentiellement deux types d’attente :

Une attente intellectuelle (Dieu existe-t-il , mais aussi une attente psychologique (la souffrance et la mort ont-elles un sens ?). Et cette attente psychologique se transforme en attente spirituelle, lorsque quelqu’un se demande si Dieu fait quelque chose, quand il souffre …

Moi je connais deux réponses à cette question : la principale réponse de Jésus à la question de la souffrance, c’est la croix ! Jésus semble nous dire « je souffre avec toi, quand tu souffres ». Dans un seconde temps, il me semble, Dieu répond parfois par la guérison du cœur et parfois du corps. Claudel disait "Jésus n'est pas venu pour expliquer la souffrance, il n'est même pas venu pour la soulager, il est venu pour l'emplir de sa présence"

L’Evangile se révèle donc très moderne, et c’est normal puisqu’il est éternel, nous n’avons plus qu’à transposer ce que nous entendons à l’époque d’aujourd’hui. Faisons l’exercice !

Jésus parle à la cantonade et demande ce que les gens pensent sur lui, et ce que les disciples, eux pensent …tous les disciples prennent la parole pour le sondage d’opinion, mais seul Pierre parle pour la définition de foi et c’est la même chose aujourd’hui : le successeur de Pierre, le Saint-Père, a la charge de donner la doctrine officielle parce que, immanquablement, des opinions circulent, y compris à l’intérieur du groupe des disciples et c’est à celui qui occupe le siège de Pierre de dire ce qui est vrai, finalement … nous devons donc toujours l’écouter avec intérêt, et avec docilité, même si ce n’est pas la mode.

J’ai connu un monsieur qui ne changeait jamais de cravate. Au moment de l’achat de celle-ci, sans doute correspondait-elle à la mode en cours … mais lorsque la mode a changé, il a continué à porter toujours la même cravate ! Est arrivé ce qui devait arriver : il fut démodé, un temps, pour devenir quelques années plus tard à la pointe de la mode, qui avait encore changé … Dieu nous a donné une belle cravate dans le trésor de la foi, n’en changeons pas au gré des modes !!!

Objection votre honneur ! On voit dans l’Evangile que Pierre dérape … le successeur de Pierre ne peut-il pas déraper (sans compter qu’il a abandonné son maître …) ?

Réponse à l’objection :

1) tous les successeurs de Pierre, jusqu’à aujourd’hui connaissent l’ensemble de l’Evangile, avec les erreurs et les formidables définitions de foi. Ils connaissent donc parfaitement cette erreur fondamentale qu’il a faite à l’époque de vouloir fabriquer un Dieu ou un Messie qui ne dérange personne et qui bêle avec le troupeau et qui ne connaît pas de difficulté telle que la passion.

Notre pape actuel, comme le précédent, est donc dans la situation inverse de celle de l’Evangile d’aujourd’hui : c’est au contraire par fidélité à l’Evangile et au Christ qu’il reçoit la désapprobation des faiseurs d’opinion. Il y en avait à l’époque de Jésus, des faiseurs d’opinion : « pour les gens, qui suis-je ? Jean-Baptiste, pour d’autres, Elie, pour d’autres, un des prophètes… »

2) deuxième réponse à l’objection, et c’est plus fondamental encore.

Jésus a dit : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »

Jésus prie pour le pape !!! Nous aussi, remarquez, mais quand Jésus fait une prière, elle est forcément exaucée. Et c’est si vrai, d’ailleurs, que Saint-Pierre le couard qui a lâché Jésus au moment de la Passion, ne l’a plus lâché, ensuite, une fois ressuscité, il est même mort martyr pour lui. Il existe des formes modernes de martyrs, bien que la brutalité n’ai jamais vraiment disparue.

Concrètement, nous devons être à l’écoute de nos contemporains et de leurs souffrances pour déposer le Messie dans leur cœur et prier pour demander le courage (après la sagesse et l’intelligence).

P. Emmanuel d'Andigné

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