18 octobre 2009

Homélie du 11 octobre 2009

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire - Année B
Tout d’abord, je souhaiterais vous faire part d’une initiative fort intéressante pour laquelle j’ai été sollicité : il s’agit du « week-end des parrains ». Le principe est simple : on invite pendant un week-end les parrains et marraines des enfants, et au cours de ce week-end, qui est fait surtout de retrouvailles et de détente, on demande à un prêtre de nourrir la conversation du déjeuner du dimanche !!! Avis aux amateurs …

De loin, les lectures d’aujourd’hui donnent l’impression de n’être qu’une « charge » contre la richesse ou les riches … nous sommes en effet assez idéologues, et nous sommes tentés de faire à propos de ces textes une lecture de droite (c’est pas ce qu’il a voulu dire, rassurez-vous), ou alors « de gauche » (on vous exploite, les pauvres ! Révoltez-vous !) ; je souhaiterais, plutôt faire un commentaire spirituel, c’est à dire selon l’Esprit de Dieu. « Spirituel » ne signifie pas désincarné, car les conséquences pratiques ne tardent pas à venir après un tel commentaire. Laissons-nous donc enseigner par Dieu et l’Eglise.

De plus près, donc, le livre de la Sagesse et la Bible en général présentent plutôt l’argent et la réussite comme un signe de bénédiction … c’est la raison pour laquelle les apôtre sont si surpris quand Jésus parle de la difficulté des riches à entrer dans le Royaume !!!

En fait, le livre de la Sagesse se livre à une remise en ordre des priorités, à partir de l’argent que tout le monde considère avec respect et dont tout le monde perçoit l’importance, avec la santé la lumière et la beauté qui sont aussi de bonnes choses pourvu qu’on ne les divinise pas. Nous sommes évidemment en présence d’une provocation, très efficace en raison des « ressorts » choisis.

Provocation, aussi, dans l’Evangile, à la manière d’un « si ta main te conduit au péché, coupe-la !.. Car il est fort probable que vous n’allez pas appliquer l’Evangile d’aujourd’hui à la lettre, en vendant tout ce que vous avez, quoi que si vous y tenez, souvenez-vous qu’on peut toujours faire un don ou un legs à une paroisse …

Cette provocation n’est pas inutile, car il est en effet très difficile de posséder de l’argent sans que celui-ci vous possède. C’est donc purifiant pour le rapport à l’argent et efficace comme dans le livre de la Sagesse, afin de remettre en ordre sa vie.

C’est la preuve du réalisme de Jésus, qui connaît bien la nature humaine et traite de toutes les questions avec liberté, sans se dire « aië, aïe aïe, je vais me fait mal voir par cette catégorie de gens »

« Je veille à ne choquer personne en rien afin de ne pas exposer mon ministère à la critique », disait simplement St Paul (2 cor 6), puisque ni lui ni nous ne sommes Jésus.

De tout cela je voudrais tirer deux suggestions, sous forme d’une invitation à la lecture … avez-vous lu ces deux ouvrages ?

Le Manuel de survie de la mère de famille, qui fut écrit par l’une d’elles et qui invite à hiérarchiser les priorités pour rechercher la sainteté, en s’inspirant de ceux qui quittent tout. Et cela donne à titre d’exemple : Dieu, moi, mon mari, mes enfants et le reste …

L’Encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II, dont la base est Mt 19, le parallèle de l’Evangile d’aujourd’hui : vous y trouverez un commentaire plus complet de cette rencontre lumineuse entre Jésus et « le jeune homme riche ».
Pour vous mettre en appétit, voici deux ou trois remarques du pape.
- l’homme n’est pas nommé dans cette rencontre, nous pouvons tous nous reconnaître en lui.

- « L'interlocuteur de Jésus pressent qu'il existe un lien entre le bien moral et le plein accomplissement de sa destinée personnelle », ce qui donne immédiatement une profondeur et un intérêt à la morale catholique.

- Tout se base sur la rencontre avec Dieu par le Christ

En fait, ce passage est proposé par Jean-Paul II comme la base de tout le discours moral de l’Eglise. Nous en avons pas mal parlé en prédication et en catéchèse adulte, je n’insiste pas … Voici simplement comment se termine l’encyclique, emplie non seulement d’un véritable enseignement, mais aussi d’un vrai souffle spirituel, voyez plutôt :
La Sagesse, c'est Jésus Christ lui-même, le Verbe éternel de Dieu, qui révèle et accomplit parfaitement la volonté du Père (cf. He 10, 5-10). Marie invite tout homme à accueillir cette Sagesse. C'est à nous aussi qu'elle adresse l'ordre donné aux serviteurs, à Cana de Galilée, durant le repas de noces : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5).

Marie partage notre condition humaine, mais dans une transparence totale à la grâce de Dieu. N'ayant pas connu le péché, elle est en mesure de compatir à toute faiblesse. Elle comprend l'homme pécheur et elle l'aime d'un amour maternel. Voilà pourquoi elle est du côté de la vérité et partage le fardeau de l'Eglise dans son rappel des exigences morales à tous et en tout temps. Pour la même raison, elle n'accepte pas que l'homme pécheur soit trompé par quiconque prétendrait l'aimer en justifiant son péché, car elle sait qu'ainsi le sacrifice du Christ, son Fils, serait rendu inutile. Aucun acquittement, fût-il prononcé par des doctrines philosophiques ou théologiques complaisantes, ne peut rendre l'homme véritablement heureux : seules la Croix et la gloire du Christ ressuscité peuvent pacifier sa conscience et sauver sa vie.
P. Emmanuel d'Andigné

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