06 octobre 2009

homélie du 20 septembre 2009

Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Quelle définition donneriez-vous de la Bible, spontanément ? Je vous propose deux définitions
1
« c’est la Trace écrite de l’histoire d’amour en entre Dieu et les hommes », façon simple de parler de l’Alliance …nous parlons d’Ancien et de Nouveau Testament, mais ça n’a rien a voir avec les dernières volontés de quelqu’un ! Testamentum essaie de traduire « berit », en hébreu, qui signifie « Alliance ».
C’est pourquoi Jésus parle du « sang de l’alliance, nouvelle et éternelle » dans l’institution de l’Eucharistie. La Bible est la trace écrite de l’alliance amoureuse entre Dieu et les hommes

2
La seconde définition complète la première, et va dans le même sens, mais plus profondément, et elle est illustrée par les textes que nous avons reçu aujourd’hui …

La Bible est une révélation sur Dieu et sur l’homme : Dieu révèle qui il est et nous révèle qui nous sommes. Un chant dit « Que vive mon âme à te louer, tu as posé une lampe, une lumière sur ma route, ta parole Seigneur !

Savoir qui est Dieu nous fait sortir de la ténèbre, et projette sur le cœur de l’homme une lumière, de sorte qu’il se connaît mieux lui-même. Vous avez entendu parler de l’inscription qui figurait sur le fronton de Delphes et dont Socrate a fait ses « choux gras », si vous me passez l’expression qui n’est pas utilisée à ma connaissance dans l’œuvre de Platon …

Gnoti séauton : connais-toi toi-même ! Socrate disait justement, contrairement à cette expression, que l’homme pouvait très difficilement se connaître, et que c’était sans doute même impossible. Et au stade où il en était, lui qui n’avait pas reçu la révélation juive puis chrétienne manquait de cette lumière qu’apporte l’Ecriture. Sans la lumière de la présence de Dieu, sans la révélation de Dieu, il est extrêmement difficile, voire impossible, à l’homme, de se connaître lui-même …

Les textes d’aujourd’hui nous apportent une lumière dont on se serait bien passée, il faut l’admettre, sur la réalité de nos cœurs humains : le drame intime de la jalousie, qui apparaît dans le complot contre le juste et qui se manifeste très tôt dans les écoles par la méfiance qui entoure les premiers de classe, par exemple … Les réflexions légères du Petit Nicolas sur Agnan, « Le chouchou de la maîtresse », sont une parabole moderne de cette maladie du cœur humain.

Et puis la recherche du pouvoir, de la première place, qui apparaît chez les apôtres, pour nous être révélée à nous-mêmes.

Dieu nous éclaire aujourd’hui sur ces deux maladies qui ne touchent pas que les autres, reconnaissons-le avec courage ! Nous avons là une révélation purifiante, la question est : « comment allons- nous guérir ?

Après nous avoir révélé les méandres inavouables de notre cœur, le Christ nous montre le chemin de la guérison : c’est par l’offrande de la souffrance, par la manière dont la croix a été vécue puis vaincue (les deux !) que Jésus fait reprendre à l’humanité un chemin droit ; « la sagesse qui vient de Dieu est d’abord droiture », dit Saint Jacques.

C’est la passion du Christ qui a été en quelque sorte le point de départ du renouvellement de l’humanité et cela signifie que nous devons prendre le même chemin : « En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu’à la gloire, il était normal qu’il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l’origine du salut de tous », dit la lettre aux hébreux.

Et nous-mêmes, après avoir constaté que notre cœur était impur, nous devons passer par la croix pour reprendre un « chemin de droiture ». Ce ne sera pas la peine de rechercher les croix, elles vont venir toutes seules, elles font partie de la vie. Mais si au moins nous ne fuyons pas la croix, alors nous faisons un grand pas en avant, pour notre propre rédemption et la beauté de notre existence.

Voici ce que disait St Jean-Marie Vianney, à qui fut confiée cette année sacerdotale : « la croix est l’échelle du ciel. Il est consolant de souffrir sous le regard de Dieu, et de pouvoir se dire à la prière du soir : -j’ai eu aujourd’hui deux ou trois heures de ressemblance avec Jésus : j’ai été flagellé, couronné d’épines, crucifié avec lui »

Si la croix a été le moyen pour Dieu de faire mourir le péché, alors pour nous aussi, c’est le moyen par lequel nous ferons mourir les nôtres, avec la grâce de Dieu. Les catholiques ont subi une nouvelle fois une attaque, dimanche dernier : le sacrilège par lequel on singeait la messe durant les accroche-cœurs

A l’extérieur, il nous faut réagir, et nous l’avons fait, mais à l’intérieur il faut en faire un chemin de conversion et une occasion supplémentaire de s’attacher à la croix ; ça n’est que sur un autre plan que nous pouvons légitimement nous émouvoir de la pornographie infligée aux enfants ce même jour et lutter contre aussi. Car dès le plus jeune âge, un arbre doit pousser droit, d’où la présence d’un tuteur, afin que d’une belle enfance jaillisse une belle vie.

P. Emmanuel d'Andigné

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