06 octobre 2009

homélie du 27 septembre 2009

homélie du 26ème dimanche du temps de l’Eglise - Année B


Vous avez bien entendu la première lecture et l’évangile : l’Esprit souffle là où il veut.

Du temps de Moïse, les soixante-dix anciens du peuple reçoivent l’Esprit et ils se mettent à prophétiser. Cela ne pose problème à personne car ils étaient reconnus. Mais scandale : deux hommes, Eldad et Médad, qui étaient restés à l’écart dans le camp reçoivent également l’Esprit et se mettent eux aussi à prophétiser. Pour Josué, c’en est trop : il faut les arrêter, mais de quel droit font-ils cela !

Le passage de l’évangile de Marc de ce jour fait suite à celui de dimanche dernier. Jésus vient d’annoncer sa passion où il se fera le dernier et le serviteur de tous. Il vient de conseiller à ses disciples de se mettre en état de service, de se considérer comme des serviteurs et de ne pas chercher les premières places, alors que sur la route ils discutent pour savoir qui est le plus grand.

Et voilà que juste après l’un des douze, Jean, vient se plaindre au Maître que quelqu’un a osé chasser les esprits mauvais en son nom. Ce quelqu’un personne ne le connaît, il ne fait pas partie de ceux qui suivent Jésus. Il faut l’en empêcher, mais de quel droit fait-il cela !

Josué est serviteur de Moïse depuis sa jeunesse. Autrement dit il connaît bien son désir de rassembler tout le peuple, de ne laisser personne sur le bord du chemin. Alors pourquoi cette réaction de jalousie ?

Jean est l’un des meilleurs disciples de Jésus et pour autant il a la même réaction de jalousie et d’exclusion.

Il est vrai que quelque temps avant, dans le même chapitre au verset 18, les disciples ont essayé d’expulser un esprit mauvais d’un enfant et n’y sont pas parvenus. Et là maintenant, quelqu’un y est arrivé et sous-entendu « ce n’est pas nous ! ». Ce quelqu’un : un exorciste étranger en quelque sorte. Mais de quoi il se mêle ?

Les disciples sont pris dans le piège des jalousies, des mesquineries, de qui-a-le-droit-de-faire-quoi. La réaction de Jean est une réaction de domination, de volonté de puissance, alors que Jésus vient de leur demander de se considérer comme des serviteurs et de ne pas chercher les premières places.

Jésus répond à Jean : « Ne l’empêchez pas, … celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Autrement dit, vous êtes mes disciples, je vous aime, mais vous n’êtes pas les seuls dépositaires de l’Esprit de Dieu. Jésus intervient fermement et il a confiance en quelqu’un qu’il ne connaît même pas. Il invite ses disciples et Jean le premier à faire de même.

Mais attention leur dit Jésus à celui qui fait obstacle à ceux qui font du bien, à ceux qui sont faibles et sans défense, à ces petits qui croient en moi. Le ton change, il est sévère. C’est très imagé, mais ce n’est sûrement pas à prendre à la légère. Autant Jésus accepte que le bien se fasse en dehors des disciples, autant il ne supporte pas qu’on puisse laisser se développer le mal. Ce mal dont il nous a délivrés une fois pour toutes en mourrant sur la croix.

L’Esprit souffle là où il veut. Personne n’a le monopole de l’Esprit si ce n’est Dieu lui-même. Est-ce que l’Esprit ne soufflerait que dans des limites bien précises ? Est-ce que la grâce n’agirait que dans un périmètre bien précis ?

Il y a sans doute des gens qui sont des nôtres mais qui ne sont pas sur nos listes, dans nos carnets d’adresses, qui ne sont pas de notre sensibilité, de notre famille spirituelle. Il y a des gens qui font le bien sans être de la communauté. Et si le mal agit à l’extérieur de la communauté, il agit également à l’intérieur. Ce qui est en jeu et vous l’aurez compris, c’est de vivre ensemble une même passion pour le Royaume et de vivre fraternellement les uns avec les autres.

Le concile Vatican II nous le rappelle : « En vertu de la mission qui est la sienne … de réunir en un seul Esprit tous les hommes, l’Eglise apparaît comme le signe de cette fraternité qui rend possible un dialogue loyal et le renforce. Cela exige en premier lieu qu’au sein même de l’Eglise, nous fassions progresser l’estime, le respect et la concorde mutuels, dans la reconnaissance de toutes les diversités légitimes … » (GS 92, 1-2).

Seigneur, nous te le demandons en ce début d’année, aide-nous à vivre pleinement cette fraternité que tu nous proposes.

Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre

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