27 novembre 2007

Catéchèses du lundi

Le baptême – 19 novembre 2007

Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le baptême est un sacrement à caractère, et c’est le premier des sacrements de l’initiation.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le baptême est orienté tout entier vers l’Eucharistie (car ce sacrement nous fait revivre le mystère de Pâques, central dans la vie du Christ et central dans la vie chrétienne).

Définition du baptême : il y en a deux dans le CEC, le mieux est de les écouter en entier :
1213 : Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne le porche de la vie dans l'Esprit ("vitæ spiritualis ianua") et la porte qui ouvre l'accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et regénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l'Eglise et faits participants à sa mission
1262 : Les différents effets du Baptême sont signifiés par les éléments sensibles du rite sacramentel. La plongée dans l'eau fait appel aux symbolismes de la mort et de la purification, mais aussi de la régénération et du renouvellement. Les deux effets principaux sont donc la purification des péchés et la nouvelle naissance dans l'Esprit Saint (cf. Ac 2,38 Jn 3,5).
On aura grandement intérêt à relire calmement ces deux définitions, en s’arrêtant sur chaque mot ou membre de phrase ; en continuant cette catéchèse, on reviendra, en fait, sur ces aspect soulignés par les deux définitions.

Qui a inventé le baptême ?
Jean-Baptiste a inventé le baptême d’eau (d’où le terme choisi pour ce geste particulier : « baptême » signifie « Plongeon »). Jésus, lui a inventé le baptême « dans l’eau et dans l’Esprit » . Le cœur est là : l’Esprit de Dieu, au jour du baptême, fait entrer le mystère de la Pâque en nous, de sorte que, configurés au Christ, nous lui ressemblons dans la souffrance, la mort et la résurrection. Le baptême fait en quelque sorte « entrer » la passion, la mort et la résurrection en nous.

Le baptême est donc un mystère de vie et de mort
L’eau de source, nous redit le catéchisme, est un symbole de vie, l’eau de mer, quant à elle, est un symbole de mort (dans l’Antiquité, en effet, la mer était encore plus dangereuse qu’aujourd’hui). Le Baptême comporte en effet une symbolique de vie et de mort à la fois : le baptême entraîne la mort du péché et du mal (c’est l’eau de mer), et dans le même temps, il donne la vie éternelle (c’est l’eau de source).
Le CEC retrace, vous verrez, les « histoires » où il est question d’eau dans l’Ancien Testament, ces « histoires » sont comme des « brouillons » du baptême, ou pour employer un vocabulaire technique des « préfigurations » du baptême. Après l’Ancien Testament, le Catéchisme étudie le sacrement tel qu’il est apparu à l’époque de Jésus puis tel qu’il est pratiqué dans l’Eglise.

Pourquoi Jésus se fait-il baptiser ?
« Pour s’anéantir », car c’était la seule voie possible pour sauver vraiment les hommes : Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit entraîné dans la Vie avec Dieu. Il fallait que Dieu « descende » au milieu des hommes pour que l’homme puisse « monter » en Dieu.

Le baptême dans l’Eglise aujourd’hui
Il me semble qu’il est valable de lire, ce soir, en entier le commentaire que fait le Catéchisme sur chacun des signes du baptême, la liturgie est la meilleure source d’enseignement sur les mystères du christianisme :

1234 Le sens et la grâce du sacrement du Baptême apparaissent clairement dans les rites de sa célébration. C'est en suivant, avec une participation attentive, les gestes et les paroles de cette célébration que les fidèles sont initiés aux richesses que ce sacrement signifie et réalise en chaque nouveau baptisé.

1235 Le signe de la croix, au seuil de la célébration, marque l'empreinte du Christ sur celui qui va lui appartenir et signifie la grâce de la rédemption que le Christ nous a acquis par sa croix.

1236 L'annonce de la Parole de Dieu illumine de la vérité révélée les candidats et l'assemblée, et suscite la réponse de la foi, inséparable du Baptême. En effet, le Baptême est d'une façon particulière "le sacrement de la foi" puisqu'il est l'entrée sacramentelle dans la vie de foi.

1237 Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l'huile des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l'Eglise à laquelle il sera "confié" par le Baptême (cf. Rm 6,17).

1238 L'eau baptismale est alors consacrée par une prière d'épiclèse ( soit au moment même, soit dans la nuit pascale). L'Eglise demande à Dieu que, par son Fils, la puissance du Saint-Esprit descende dans cette eau, afin que ceux qui y seront baptisés "naissent de l'eau et de l'Esprit" (Jn 3,5).

1239 Suit alors le rite essentiel du sacrement: le Baptême proprement dit, qui signifie et réalise la mort au péché et l'entrée dans la vie de la Très Sainte Trinité à travers la configuration au Mystère pascal du Christ. Le Baptême est accompli de la façon la plus significative par la triple immersion dans l'eau baptismale. Mais depuis l'antiquité il peut aussi être conféré en versant par trois fois l'eau sur la tête du candidat.

1240 Dans l'Eglise latine, cette triple infusion est accompagnée par les paroles du ministre: "N., je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit". Dans les liturgies orientales, le catéchumène étant tourné vers l'Orient, le prêtre dit: "Le serviteur de Dieu, N., est baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit". Et à l'invocation de chaque personne de la Très Sainte Trinité, il le plonge dans l'eau et le relève.

1241 L'onction du saint-chrême, huile parfumée consacrée par l'évêque, signifie le don de l'Esprit Saint au nouveau baptisé. Il est devenu un chrétien, c'est-à-dire "oint" de l'Esprit Saint, incorporé au Christ, qui est oint prêtre, prophète et roi (cf. OBP 62).

1242 Dans la liturgie des Eglises d'Orient, l'onction postbaptismale est le sacrement de la Chrismation (Confirmation). Dans la liturgie romaine, elle annonce une seconde onction de saint-chrême que donnera l'évêque: le sacrement de la Confirmation qui, pour ainsi dire, "confirme" et achève l'onction baptismale.

1243 Le vêtement blanc symbolise que le baptisé a "revêtu le Christ" (Ga 3,27): est ressuscité avec le Christ. Le cierge, allumé au cierge pascal, signifie que le Christ a illuminé le néophyte. Dans le Christ, les baptisés sont "la lumière du monde" (Mt 5,14 cf. Ph 2,15).
1244 La première communion eucharistique. Devenu enfant de Dieu, revêtu de la robe nuptiale, le néophyte est admis "au festin des noces de l'Agneau" et reçoit la nourriture de la vie nouvelle, le Corps et le Sang du Christ. Les Eglises orientales gardent une conscience vive de l'unité de l'initiation chrétienne en donnant la sainte Communion à tous les nouveaux baptisés et confirmés, même aux petits enfants, se souvenant de la parole du Seigneur: "Laissez venir à moi les petits enfants, ne les empêchez pas" (Mc 10,14). L'Eglise latine, qui réserve l'accès à la sainte Communion à ceux qui ont atteint l'âge de raison, exprime l'ouverture du Baptême sur l'Eucharistie en approchant de l'autel l'enfant nouveau baptisé pour la prière du Notre Père.

Une fois réalisé ce commentaire, il n’est pas sans intérêt de considérer ce même baptême sous l’angle oriental et sous l’angle occidental ; entre Orient et Occident, il y a ressemblances et différences, voyons lesquelles :

Ce qu’il y a de commun à l'Orient et l'Occident :
Tout d’abord, redisons que le baptême est un des principaux points d’appui de l’œcuménisme ! En effet, ce sacrement est commun à toutes les Eglises, nous reconnaissons, nous catholiques, le baptême de toutes les autres confessions.
Ensuite, quant à la nécessité du baptême, il y a évidemment un parfait accord entre l’Orient et l’Occident : le baptême est nécessaire au Salut (je cite le Catéchisme : « Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3,5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d'annoncer l'Evangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28,20) (cf. DS 1618 LG 14 AGd 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l'Evangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16,16). L'Eglise ne connaît pas d'autre moyen que le baptême pour assurer l'entrée dans la béatitude éternelle; » CEC 1257)
Enfin, sans que ce troisième point soit un point final, tous sont d’accord, évidemment, sur le fait que le baptême apporte (on devrait dire « confère », ce qui est plus fort) une grâce que l’on appelle « sanctifiante » (qui nous rend saints, qui installe en nous les conditions pour que nous devenions saints, après quoi il nous incombe de faire fructifier le don). Cette grâce a principalement deux effets : elle libère du péché et incorpore à l’Eglise.

Les différences :
Par sa pratique sacramentelle (quand on baptise un nouveau-né, il reçoit aussi l’Eucharistie et la confirmation !), l’ Orient veut montrer la primauté de la grâce de Dieu, il veut montrer qu’un sacrement dépend d’abord et surtout de Dieu, que c’est Dieu qui agit principalement dans le sacrement, quelle que soit la conscience du baptisé. L’ Occident, quant à lui, souligne que l’on devient chrétien autant qu’on l’est : c’est la raison pour laquelle il préfère que les trois sacrements de l’initiation soient administrés selon des étapes qui correspondent aux âges de la vie (baptiser tout petit, donner l’Eucharistie à 7 ou 8 ans, confirmer à 14 ou 16 ans …)

Les deux autres baptêmes
Il existe, si l’on peut dire ainsi, deux autres baptêmes : le baptême de sang et le baptême de désir. On reçoit le « baptême de sang » lorsque l’on confesse la foi chrétienne et que cet acte nous coûte la vie violemment, par l’effusion du sang. Par ailleurs, lorsque quelqu’un désire le baptême et meurt avant de voir son vœu exaucé, on dit qu’il reçoit un « baptême de désir ».

Ces deux « baptêmes » ne sont pas des sacrements mais ils en ont les effets, c’est-à-dire qu’on y reçoit la même grâce que si on avait été baptisé.

Conclusion :
Il me semble nécessaire et logique de terminer en disant que le baptême est un appel puissant à la sainteté : un saint, au fond, c’est un baptisé épanoui, qui a entendu Dieu le Père lui dire « tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » et qui lui répond, par toute sa vie : « tu es mon Père bien-aimé, en tout je veux mettre tout mon amour ».
P. Emmanuel d'Andigné

17 novembre 2007

Homélies

Homélie radiophonique - R. C. F. - 33ème dimanche du temps ordinaire C ( 18 novembre 2007)

D’emblée, il faut le redire : nous sommes aujourd’hui le 33ème dimanche du temps ordinaire, c’est-à-dire l’avant-dernier de l’année liturgique : cela signifie que les textes de ces dernières semaines évoquent une fin de temps, la fin des temps, on l’appelle vulgairement « la fin du monde ». La page d’Evangile que nous ouvrons aujourd’hui nous donne un éclairage sur cette fin et en fait aussi sur la fin de chacun d’entre nous.

On aurait préféré que Jésus se trompât lorsqu’il a parlé de guerres de soulèvement, d’épidémie, de tremblement de terre, car tout cela est en effet le pain quotidien de beaucoup de nos contemporains, …

Mais on comprend fort bien, en écoutant le Christ que toutes ces calamités ne sont pas le prélude immédiat de la fin de ce monde : à la fin de chaque millénaire, un vent de panique a soufflé sur l’humanité, de sorte qu’une catastrophe naturelle était interprété immédiatement comme une expression d’une colère divine avant la destruction de tout

Et on se souvient d’une forme moderne de crainte millénariste dans le fameux bug de l’an 2000, qui même s’il n’avait pas de couleur religieuse, avait quelque chose de très ressemblant à ce qu’évoque Jésus sur la fin du monde : cette fin nous fait peur sans doute par peur de l’inconnu

Il me semble que Jésus veut nous guérir de trois peurs : d’abord la peur de la fin de ce monde, ensuite de la peur de mourir et enfin de la peur de souffrir.

Le maître-mot de cet Evangile pourrait être « confiance ! »

Commençons par la peur de la fin du monde … A la différence de ses disciples, Jésus semble dominer cette fin des temps, il la regarde comme d’en haut, et il entraîne ses disciples à la même hauteur de vue

Et il le fait d’une façon bien à lui, qu’on rencontre à d’autres occasions dans l’Evangile : il parle dans le même passage de fin du monde et de chaque cheveu compté, un peu comme dans une scène de cinéma où au milieu d’une catastrophe planétaire, quelqu’un se soucie d’une déclaration d’amour ou d’un petit geste très symbolique

Souvenez-vous de la façon dont Jésus parle du jugement dernier dans l’évangile selon saint Matthieu (25) : il parle de verres d’eau, de visites aux prisonniers, de soins aux malades. L’amour a quelque chose de très puissant et de très simple à la fois, il n’a rien à craindre, sa puissance traverse la mort, l’amour ne craint pas la fin des temps

L’amour ne craint pas non plus la souffrance, c’est ce que Jésus voudrait nous dire : celui qui souffre avec Dieu pour Père recevra de lui l’inspiration et la vie, celui qui souffre avec Dieu souffrira, c’est vrai, Jésus ne veut pas mentir à ce sujet, mais il souffrira tout en étant plus puissant que tout et que tous :
Plus puissant que la persécution,
Plus puissant que les discours contradictoires,
Plus puissant que la mort, encore une fois

N’ayez pas peur ! On peut certainement tuer un être humain, mais on ne peut pas tuer l’amour en lui, si vraiment il en vit.
Préparons-nous, en effet, à notre fin personnelle et à la fin des temps. En cultivant l’amour, et surtout l’amour de Die, il chassera la crainte, et nous poussera à aimer tous les hommes.

P. Emmanuel d'Andigné

homélies

Homélie radiophonique - R. C. F. 32ème dimanche du temps ordinaire C - (11 novembre 2007)

« Priez aussi pour nous, frères, afin que la Parole du Seigneur poursuive sa course, et qu’on lui rende gloire, partout comme chez vous »

Je formule pour vous aussi ce souhait, auditeurs de RCF, ce souhait que Saint Paul exprimait déjà il y a deux mille ans, et qui résonne comme deuxième lecture de ce 32ème dimanche du temps ordinaire … car si les mots de l’Evangile, dont je vais me faire l’écho restent comme un lettre morte, alors nous aurons perdu notre temps, les uns et les autres …

Quel chemin dans nos cœurs la Parole de Dieu va-t-elle faire vraiment aujourd’hui ? Demandons-le à l’Esprit-Saint, aujourd’hui et chaque dimanche

Elle est étrange, n’est-ce pas, cette histoire ubuesque et terrible et improbable, de maris qui meurent les uns après les autres, dans le même foyer …

A première vue, aucun intérêt … cas d’école, questions de spécialistes, questions de gens qui connaissent leur religion par cœur et qui s’ennuient et alors inventent des problèmes, ils cuisinent (passez-moi l’expression) ce Jésus qu’on dit prophète … pour savoir ce qu’il a dans le ventre …

Une fois de plus, Jésus fait plus que s’en sortir : il fait faire un pas à ceux qui l’écoutent, il élève le débat et nous fait percevoir à quoi ressemble le ciel :

Les amours que nous auront connues ici-bas sont certainement très belles, elles sont nécessaires à tous ceux qui sont encore en pèlerinage sur la terre, mais au ciel, ce sera différent … au ciel, ce sera mieux encore ! Nous serons semblables aux anges, dit Jésus … eh bien les anges ne regardent pas l’apparence physique, ils ne regardent pas le rang dans la société, ils ne regardent pas la superficie de l’être, ils regardent à l’intérieur, ce sont des purs esprits, ils ne voient donc que ce qu’ils sont capables de voir, ils regardent à l’intérieur …

Au ciel, nous aimerons, d’une manière si complète, si parfaite, que l’amour que nous avons su, plus ou moins bien, montrer à notre conjoint, à tous nos congénères sera comme multiplié à l’infini …nous serons capables d’aimer un parfait inconnu avec une tendresse semblable et même supérieure à la tendresse conjugale : c’est pour cela que Jésus dit « qu’on ne se marie pas au ciel »

Il faut bien reconnaître que ici-bas, nous nous aimons bien mal, nous sommes maladroits en amour … nous serons élevés la-haut, à un degré d’amour tel que, comme les Anges, et même comme Dieu, nous aimerons tous les hommes d’une manière divine.

Jeunes époux, rassurez-vous ! Vous vous aimerez toujours, mais vous vous aimerez plus, bien plus encore, et votre amour de la terre est un entraînement à ce mystère de l’amour vécu au ciel.

Mais au fait, époux chrétiens, avez-vous lu l’encyclique « Dieu est Amour » ? Tout cela est expliqué, commenté, médité d’une manière très claire pour nous aider à lire l’Evangile d’aujourd’hui, avec l’intelligence et le cœur … Allez ! Tous à la librairie ou sur internet ! « Dieu est amour » !
P. Emmanuel d'Andigné

13 novembre 2007

Catéchèses

Catéchèse du 15 octobre 2007 – Les sacrements en général : redécouvrir un vrai trésor !

Nous commençons un autre exposé, qui découle du précédent : après qu’on a dit ce en quoi nous croyons, nous disons comment nous le célébrons. Cette deuxième partie est composée de deux sous-parties, d’importances inégales : la liturgie en général et les sacrements en particulier.
L’exposé d’aujourd’hui dépend étroitement du précédent : Sans croire en l’Eglise, l’exposé sur les sacrements s’écroule tout simplement, car les sacrements passent forcément par l’Eglise ; il s’agit de la manière dont Dieu entre en contact avec l’homme, à travers d’autres hommes, pour que Dieu adopte, nourrisse, sauve chaque être humain. Les sacrements sont les 7 portes qui permettent au ciel de descendre sur la terre.


Trois préliminaires bien utiles

I - La Trinité est à l’œuvre dans les sacrements
Le Père en est l’origine (il est à l’origine de tout !), le Fils l’acteur premier (à la fois homme et Dieu, qui meurt et ressuscite), l’Esprit l’ouvrier permanent (il prépare le terrain, facilite la réception, rend présent la grâce qui nous vient par le Christ).

II - Le lien entre la foi et les sacrements
Il faut croire pour y avoir accès et y avoir accès nourrit la foi … c’est sur ce balancement que réside l’équilibre de notre pratique des sacrements. Depuis, longtemps dans l’Eglise, on conserve cet adage : « lex orandi lex credendi (la loi de la prière est la loi de la foi ; autrement dit, à la façon dont l’Eglise prie, en écoutant ses prières, on sait ce en quoi l’Eglise croit)" : la foi est engagée dans les sacrements, on doit entrer dans la foi de l’Eglise pour avoir accès au sacrement. Le CEC dit, en d’autres termes, que "tous les sacrements sont des sacrements de la foi".

III - Qui, comment, où ?
Ces trois questions que l’on se pose spontanément à propos de chaque sacrement reçoivent une réponse très détaillée dans le Catéchisme, je vous renvoie à cette lecture …

Définition du sacrement
les sacrements sont de signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Eglise, par lesquels nous est donnée la vie divine.


« Signes sensibles », cela signifie qu’il y a toujours quelque chose à voir ou à entendre, ou à sentir dans un sacrement (ce n’est jamais purement spirituel ou –pire !- intellectuel) : une grâce, nous est donnée, mais toujours avec un geste, une parole …

« Efficaces », cela signifie que les sacrements changent vraiment quelque chose, même s’il est bon de préciser que l’efficacité dépend de Dieu surtout (c’est la différence avec le sacramental –comme par exemple se signer en arrivant dans l’église ou bénir une médaille-, dont l’efficacité dépend surtout de la bonne volonté et de la foi de celui qui le reçoit).

« la grâce et la vie divine » sont bien le but principal de la réception des sacrements : le ciel descend sur la terre … et nous sommes faits pour le ciel ! Les sacrements nous habituent au ciel.

« institués par le Christ et confiée à l’Eglise » : cette partie de phrase fait allusion à la polémique de l’institution des sacrements, inaugurée par Luther au moment de la Réforme (XVIème siècle) ; celui-ci contestait que tous les sacrements ont été institués par Jésus lui-même. C’est l’occasion de nous rappeler une nouvelle fois notre foi en l’Eglise, qui effectivement prend la suite de Jésus et conserve bien ce qui a été institué par le Christ. Ce n’est pas l’Eglise qui a décidé que tel ou tel acte liturgique (le mariage, par exemple ou le pardon) était un sacrement, elle s’est contentée de reconnaître chacun d’eux au fur et à mesure du temps et s’est fixée, au bout d’un certain temps, sur les 7 sacrements que nous connaissons aujourd’hui.

723, voilà un chiffre qui résume bien la question des sacrements
7
, c’est le nombre de sacrements : ce chiffre est évidemment symbolique, même s’il faut bien dire que le symbole n’est pas le seul responsable de ce chiffre, celui-ci est une réalité.
2, ce sont les 2 catégories de sacrements : les sacrements « à caractère » (baptême confirmation et ordre) et les 4 autres qui eux n’impriment pas de « caractère » dans la personne, de sorte que l’on peut les recevoir plusieurs fois. En revanche, on ne peut-être baptisé qu’une fois, confirmé qu’une fois, ordonné prêtre qu’une fois.
3, ce sont les 3 familles de sacrements : l’initiation (baptême, confirmation, eucharistie), la guérison (pardon et onction des malades), la communion (ordre et mariage).

P. Emmanuel d'Andigné

10 novembre 2007

Homélies

Homélie du 32ème dimanche du temps ordinaire C - 10/11 novembre 2007
Sur votre feuille d’annonces qui paraît chaque semaine, une longue liste de personnes apparaît : c’est la prière pour les vivants et les défunts pour qui , « à l’intention de qui » on célèbre telle ou telle messe …

Il me semble que pour les anciens, la chose est assez claire, mais pour les jeunes générations, je n’en suis pas si sûr : au fond, à quoi cela sert-il de –je cite- « faire dire une messe pour quelqu’un » ? Quel effet cela a-t-il, réellement ?

Eh bien commençons par dire ce qu’une messe ne produit pas, ce à quoi elle ne sert pas ! Il me semble qu’il y a moins deux tentations qui se présentent à notre esprit quand nous pensons à ce que Dieu pourrait bien faire pour les défunts ou les vivants à l’intention de qui nous offrons une messe …la première tentation est celle de la magie et l’autre celle du commerce.

LA MAGIE
Avoir une conception « magique » de la messe, cela signifie « capter » une partie de l’énergie divine pour qu’elle se déverse sur quelqu’un qu’on aime, et donc faire descendre ce que l’on veut du ciel, par un moyen jugé plus efficace qu’une simple prière dite le soir en famille : à savoir la messe ! Dans cette conception, il y a du vrai et du faux mélangés, le vrai c’est que la messe est la forme de prière la plus élevée, c’est aussi que la messe a une efficacité ; mais le faux, c’est la captation d’énergie, c’est l’immédiateté du don divin, comme forcé par l’homme …

LE COMMERCE
Une fois écarté le caractère « magique » de la messe, il nous faut écarter également une conception « commerciale » de la messe pour les défunts ou les vivants. J’entends par « commerciale » une tentation qui consisterait à acheter quelque chose à Dieu même avec la meilleure intention du monde : « je te donne un messe, tu me donnes une grâce ». A vrai dire, je ne crois pas que cette conception soit très répandue aujourd’hui, mais nous avons tellement de choses à demander que l’idée pourrait nous traverser l’esprit, ce qui d’ailleurs s’est produit dans l’histoire, et on est à l’abri de rien … là encore, il y a un mélange de vrai et de faux ; le vrai, c’est que Dieu aime qu’on lui demande beaucoup de choses avec insistance, il veut nous le donner et veut qu’on le lui demande, car c’est le signe de la confiance, c’est le signe de notre dépendance par rapport à lui.

POURQUOI FAIRE DIRE UNE MESSE ?
Il est très utile de dire ce que la messe ne produit pas, mais il faut dire maintenant ce qu’elle produit : il est excellent, il est nécessaire de faire dire des messes pour les défunts et les vivants, et voici pourquoi :

De son passage sur la terre, les trois jours les plus importants que Jésus nous a offerts sont ceux que l’on appelle « Jeudi saint, vendredi saint, samedi saint et Pâques »

Durant ces trois jours, Jésus a en quelque sorte « installé » le salut ici-bas sur la terre, et tout homme qui se tourne vers lui (et qui se tourne en particulier vers sa passion, sa mort et sa résurrection) reçoit de lui le pardon des péchés et la vie éternelle.

Qu’est-ce que la messe ? Sinon le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus, c’est une semaine sainte en une heure, nous revivons le jeudi saint, réunis autour de la table eucharistique, au pied de la croix et à l’entrée du tombeau vide.

Et alors, à quoi sert de « faire dire une messe », comme on dit ? Eh bien cela sert à installer nos défunts et les vivants aussi pour qui nous prions autour de la table eucharistique, c’est une carton d’invitation au repas eucharistique ; c’est aussi mettre nos proches aux pieds de la croix, pour y trouver le pardon des péchés et la compagnie compatissante de celui qui a souffert aussi ; c’est enfin les installer au bord du tombeau vide pour les gratifier de la compagnie du Ressuscité.

C’est beau et nécessaire d’inviter ceux que nous aimons à ce sacrifice qui sauve le monde ! Je voudrais encourager les jeunes générations à découvrir ce trésor, car elles ont tendance à voir dans la messe, un acte uniquement individuel que l’on fait pour soi et par rapport à soi, de sorte qu’on y va ou pas selon l’humeur ou le point où l’on est de son adolescence : la messe est nécessaire au salut, elle est une obligation grave pour tous les chrétiens, et elle aussi un service rendu à l’humanité.
Avant de méditer en silence sur cette belle réalité, il reste un dernier détail à régler : on a pris l’habitude, dans l’Eglise, au moment où l’on demande une messe pour quelqu’un de verser une offrande …

LA MESSE A-T-ELLE UN PRIX ?
Je voudrais insister sur ce mot d’offrande : ce n’est pas le prix de la messe, la messe n’a pas de prix, la messe est gratuite. On a simplement trouvé ce subterfuge our faire vivre les paroisses et les prêtres, et c’est bien, c’est réaliste !

Ainsi donc, entre gratuité et réalisme, nous nous frayons un chemin, c’est pour nous et pour tous ceux qui nous sont proches, amen

P. Emmanuel d'Andigné

01 novembre 2007

Homélies

Homélie de la Toussaint 2007
20 000 personnes ont travaillé pendant deux ans, plusieurs centaines ont dépouillé, relu, résumé …le travail des 20 000 ! L’Evêque a senti, grâce à tout ce travail, les aspirations de tout son diocèse, et voilà qu’il s’apprête à nous donner 8 principes, 8 axes principaux, sur lesquels nous devrons bâtir l’avenir de l’Eglise d’Anjou (ces 8 axes ressemblent beaucoup au travail réalisé par les assemblées synodales)

Nous voilà partis pour 10 années de mission ! Mission à l’intérieur de l’Eglise, mission à l’extérieur de celle-ci : à l’intérieur, il s’agit pour nous d’apprendre à vivre ensemble en faisant grandir, la Foi, l’Espérance et l’Amour que nous avons reçus au baptême ; à l’extérieur, il s’agit de donner à l’Eglise un aspect nouveau, de rendre beau et attrayant le message intangible du Christ, ne pas garder pour nous ce trésor dont nous vivons.

J’attire votre attention sur le fait que la clôture du synode se passe à la Toussaint : le message est clair … c’est la sainteté de chacun de nous qui fera porter du fruit à ce qui n’est pour l’instant que du papier et de l’encre : à savoir la charte missionnaire …

J’ai fait il y a 7 ans maintenant la découverte des Mauges : cette région profondément chrétienne a fait mon étonnement … pourquoi un tel ancrage de la foi dans cette région spécialement ? J’ai pensé tout d’abord au génocide vendéen, car on sait bien qu’un peuple qui a subi une telle tragédie ne peut qu’avoir la « rage de vivre » ; mais en approfondissant, j’ai dû constater que justement, c’est une région déjà très chrétienne qui résista aux assauts des colonnes infernales, il fallait donc remonter plus loin … mes recherches me conduisirent alors à saint Laurent sur Sèvre.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, est né en 1673 à Montfort sur Meu (à côté de Rennes), il est ordonné prêtre en 1700 tout rond, et après pas mal de difficultés, trouve sa voie dans les missions faites de village en village. Lorsqu’il meurt en 1716, il a fondé plusieurs communautés et congrégations, converti des villages entiers et on peut, encore aujourd’hui, le suivre à la trace en étudiant et en croisant deux cartes : la carte de ses missions et la carte de l’ancrage de la foi chrétienne dans ces mêmes régions encore aujourd’hui (c’est la même !)

Quand il arrivait pour une mission, Saint Louis-Marie faisait une catéchèse aux enfants, puis aux femmes, puis aux hommes ; il célébrait essentiellement deux sacrements : celui de l’Eucharistie, et celui du Pardon. Il installait, si cela s’avérait nécessaire, une croix ou une statue et passait au village suivant.

C’est une autre époque, c’est vrai … mais le fond reste valable. Je note d’ailleurs avec amusement que des réalités d’aujourd’hui ressemblent fort à ce que je viens d’évoquer : conférences pour les femmes, conférences pour les hommes, succès grandissant de la « prière des mères » … nous vivons à une autre époque, mais le fond de la question reste le même : la SAINTETE.

La charte missionnaire de notre Evêque peut avoir deux destinées : orner la bibliothèque des bons catholiques et des presbytères … ou alors porter des fruits dans une véritable mission et ceci non pas parce que le intuitions seraient géniales, non pas parce que les décisions seraient pertinentes (tout cela est vrai), mais simplement parce que nous aurons la simplicité et l’audace de nous dire que la sainteté n’est pas faite pour les autres mais pour nous et que lorsque ne serait-ce qu’une personne se lance vraiment dans la sainteté, cela a des conséquences géographiques et historiques … y compris si on n’entend pas du tout parler de nous, à aucun moment de notre existence, comme ce fut le cas d’une petite carmélite de rien du tout en Normandie …

La fête de la Toussaint nous permet d’honorer la sainteté souvent cachée de milliers de témoins du Christ, mais elle est aussi un appel à la sainteté pour tous ! Tous saints ! c’est le cri de la Toussaint ! Je demande avec vous à la Vierge Marie, de nous aider à avoir confiance en nous-mêmes, confiance dans le fait que Dieu « peut faire pour nous des merveilles, se pencher sur son humble servante (sur son humble serviteur), qu’il peut et veut élever les humbles… ». N’empêchons pas Dieu, par une fausse modestie, de faire des merveilles en nous et autour de nous : que Dieu dépose en nous le désir de la sainteté !
P. Emmanuel d'Andigné