27 novembre 2007

Catéchèses du lundi

Le baptême – 19 novembre 2007

Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le baptême est un sacrement à caractère, et c’est le premier des sacrements de l’initiation.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le baptême est orienté tout entier vers l’Eucharistie (car ce sacrement nous fait revivre le mystère de Pâques, central dans la vie du Christ et central dans la vie chrétienne).

Définition du baptême : il y en a deux dans le CEC, le mieux est de les écouter en entier :
1213 : Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne le porche de la vie dans l'Esprit ("vitæ spiritualis ianua") et la porte qui ouvre l'accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et regénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l'Eglise et faits participants à sa mission
1262 : Les différents effets du Baptême sont signifiés par les éléments sensibles du rite sacramentel. La plongée dans l'eau fait appel aux symbolismes de la mort et de la purification, mais aussi de la régénération et du renouvellement. Les deux effets principaux sont donc la purification des péchés et la nouvelle naissance dans l'Esprit Saint (cf. Ac 2,38 Jn 3,5).
On aura grandement intérêt à relire calmement ces deux définitions, en s’arrêtant sur chaque mot ou membre de phrase ; en continuant cette catéchèse, on reviendra, en fait, sur ces aspect soulignés par les deux définitions.

Qui a inventé le baptême ?
Jean-Baptiste a inventé le baptême d’eau (d’où le terme choisi pour ce geste particulier : « baptême » signifie « Plongeon »). Jésus, lui a inventé le baptême « dans l’eau et dans l’Esprit » . Le cœur est là : l’Esprit de Dieu, au jour du baptême, fait entrer le mystère de la Pâque en nous, de sorte que, configurés au Christ, nous lui ressemblons dans la souffrance, la mort et la résurrection. Le baptême fait en quelque sorte « entrer » la passion, la mort et la résurrection en nous.

Le baptême est donc un mystère de vie et de mort
L’eau de source, nous redit le catéchisme, est un symbole de vie, l’eau de mer, quant à elle, est un symbole de mort (dans l’Antiquité, en effet, la mer était encore plus dangereuse qu’aujourd’hui). Le Baptême comporte en effet une symbolique de vie et de mort à la fois : le baptême entraîne la mort du péché et du mal (c’est l’eau de mer), et dans le même temps, il donne la vie éternelle (c’est l’eau de source).
Le CEC retrace, vous verrez, les « histoires » où il est question d’eau dans l’Ancien Testament, ces « histoires » sont comme des « brouillons » du baptême, ou pour employer un vocabulaire technique des « préfigurations » du baptême. Après l’Ancien Testament, le Catéchisme étudie le sacrement tel qu’il est apparu à l’époque de Jésus puis tel qu’il est pratiqué dans l’Eglise.

Pourquoi Jésus se fait-il baptiser ?
« Pour s’anéantir », car c’était la seule voie possible pour sauver vraiment les hommes : Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit entraîné dans la Vie avec Dieu. Il fallait que Dieu « descende » au milieu des hommes pour que l’homme puisse « monter » en Dieu.

Le baptême dans l’Eglise aujourd’hui
Il me semble qu’il est valable de lire, ce soir, en entier le commentaire que fait le Catéchisme sur chacun des signes du baptême, la liturgie est la meilleure source d’enseignement sur les mystères du christianisme :

1234 Le sens et la grâce du sacrement du Baptême apparaissent clairement dans les rites de sa célébration. C'est en suivant, avec une participation attentive, les gestes et les paroles de cette célébration que les fidèles sont initiés aux richesses que ce sacrement signifie et réalise en chaque nouveau baptisé.

1235 Le signe de la croix, au seuil de la célébration, marque l'empreinte du Christ sur celui qui va lui appartenir et signifie la grâce de la rédemption que le Christ nous a acquis par sa croix.

1236 L'annonce de la Parole de Dieu illumine de la vérité révélée les candidats et l'assemblée, et suscite la réponse de la foi, inséparable du Baptême. En effet, le Baptême est d'une façon particulière "le sacrement de la foi" puisqu'il est l'entrée sacramentelle dans la vie de foi.

1237 Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l'huile des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l'Eglise à laquelle il sera "confié" par le Baptême (cf. Rm 6,17).

1238 L'eau baptismale est alors consacrée par une prière d'épiclèse ( soit au moment même, soit dans la nuit pascale). L'Eglise demande à Dieu que, par son Fils, la puissance du Saint-Esprit descende dans cette eau, afin que ceux qui y seront baptisés "naissent de l'eau et de l'Esprit" (Jn 3,5).

1239 Suit alors le rite essentiel du sacrement: le Baptême proprement dit, qui signifie et réalise la mort au péché et l'entrée dans la vie de la Très Sainte Trinité à travers la configuration au Mystère pascal du Christ. Le Baptême est accompli de la façon la plus significative par la triple immersion dans l'eau baptismale. Mais depuis l'antiquité il peut aussi être conféré en versant par trois fois l'eau sur la tête du candidat.

1240 Dans l'Eglise latine, cette triple infusion est accompagnée par les paroles du ministre: "N., je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit". Dans les liturgies orientales, le catéchumène étant tourné vers l'Orient, le prêtre dit: "Le serviteur de Dieu, N., est baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit". Et à l'invocation de chaque personne de la Très Sainte Trinité, il le plonge dans l'eau et le relève.

1241 L'onction du saint-chrême, huile parfumée consacrée par l'évêque, signifie le don de l'Esprit Saint au nouveau baptisé. Il est devenu un chrétien, c'est-à-dire "oint" de l'Esprit Saint, incorporé au Christ, qui est oint prêtre, prophète et roi (cf. OBP 62).

1242 Dans la liturgie des Eglises d'Orient, l'onction postbaptismale est le sacrement de la Chrismation (Confirmation). Dans la liturgie romaine, elle annonce une seconde onction de saint-chrême que donnera l'évêque: le sacrement de la Confirmation qui, pour ainsi dire, "confirme" et achève l'onction baptismale.

1243 Le vêtement blanc symbolise que le baptisé a "revêtu le Christ" (Ga 3,27): est ressuscité avec le Christ. Le cierge, allumé au cierge pascal, signifie que le Christ a illuminé le néophyte. Dans le Christ, les baptisés sont "la lumière du monde" (Mt 5,14 cf. Ph 2,15).
1244 La première communion eucharistique. Devenu enfant de Dieu, revêtu de la robe nuptiale, le néophyte est admis "au festin des noces de l'Agneau" et reçoit la nourriture de la vie nouvelle, le Corps et le Sang du Christ. Les Eglises orientales gardent une conscience vive de l'unité de l'initiation chrétienne en donnant la sainte Communion à tous les nouveaux baptisés et confirmés, même aux petits enfants, se souvenant de la parole du Seigneur: "Laissez venir à moi les petits enfants, ne les empêchez pas" (Mc 10,14). L'Eglise latine, qui réserve l'accès à la sainte Communion à ceux qui ont atteint l'âge de raison, exprime l'ouverture du Baptême sur l'Eucharistie en approchant de l'autel l'enfant nouveau baptisé pour la prière du Notre Père.

Une fois réalisé ce commentaire, il n’est pas sans intérêt de considérer ce même baptême sous l’angle oriental et sous l’angle occidental ; entre Orient et Occident, il y a ressemblances et différences, voyons lesquelles :

Ce qu’il y a de commun à l'Orient et l'Occident :
Tout d’abord, redisons que le baptême est un des principaux points d’appui de l’œcuménisme ! En effet, ce sacrement est commun à toutes les Eglises, nous reconnaissons, nous catholiques, le baptême de toutes les autres confessions.
Ensuite, quant à la nécessité du baptême, il y a évidemment un parfait accord entre l’Orient et l’Occident : le baptême est nécessaire au Salut (je cite le Catéchisme : « Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3,5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d'annoncer l'Evangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28,20) (cf. DS 1618 LG 14 AGd 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l'Evangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16,16). L'Eglise ne connaît pas d'autre moyen que le baptême pour assurer l'entrée dans la béatitude éternelle; » CEC 1257)
Enfin, sans que ce troisième point soit un point final, tous sont d’accord, évidemment, sur le fait que le baptême apporte (on devrait dire « confère », ce qui est plus fort) une grâce que l’on appelle « sanctifiante » (qui nous rend saints, qui installe en nous les conditions pour que nous devenions saints, après quoi il nous incombe de faire fructifier le don). Cette grâce a principalement deux effets : elle libère du péché et incorpore à l’Eglise.

Les différences :
Par sa pratique sacramentelle (quand on baptise un nouveau-né, il reçoit aussi l’Eucharistie et la confirmation !), l’ Orient veut montrer la primauté de la grâce de Dieu, il veut montrer qu’un sacrement dépend d’abord et surtout de Dieu, que c’est Dieu qui agit principalement dans le sacrement, quelle que soit la conscience du baptisé. L’ Occident, quant à lui, souligne que l’on devient chrétien autant qu’on l’est : c’est la raison pour laquelle il préfère que les trois sacrements de l’initiation soient administrés selon des étapes qui correspondent aux âges de la vie (baptiser tout petit, donner l’Eucharistie à 7 ou 8 ans, confirmer à 14 ou 16 ans …)

Les deux autres baptêmes
Il existe, si l’on peut dire ainsi, deux autres baptêmes : le baptême de sang et le baptême de désir. On reçoit le « baptême de sang » lorsque l’on confesse la foi chrétienne et que cet acte nous coûte la vie violemment, par l’effusion du sang. Par ailleurs, lorsque quelqu’un désire le baptême et meurt avant de voir son vœu exaucé, on dit qu’il reçoit un « baptême de désir ».

Ces deux « baptêmes » ne sont pas des sacrements mais ils en ont les effets, c’est-à-dire qu’on y reçoit la même grâce que si on avait été baptisé.

Conclusion :
Il me semble nécessaire et logique de terminer en disant que le baptême est un appel puissant à la sainteté : un saint, au fond, c’est un baptisé épanoui, qui a entendu Dieu le Père lui dire « tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » et qui lui répond, par toute sa vie : « tu es mon Père bien-aimé, en tout je veux mettre tout mon amour ».
P. Emmanuel d'Andigné

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