Homélie de la fête du Christ-Roi 2008 - fin de l'année liturgique A
Deux baptêmes auront eu lieu durant ce week-end dans la paroisse. Je voudrais avec vous m’attarder un peu sur une phrase du rituel du baptême, au moment de l’onction d’huile ; on dit au baptisé : « tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ». Avouez que cela tombe bien pour la fête du Christ-Roi ! Que signifie donc être « prêtre, prophète et roi ? »
Dans l’Ancien Testament, prêtre, prophètes et rois avaient des fonctions particulières : le Prêtre offrait des sacrifices, il appartenait à une tribu particulière (les lévites), faisant le lien entre Dieu et les hommes par le culte, et plutôt dans un sens ascendant ; le Prophète, lui n’appartient pas à une tribu particulière, il peut être appelé en plein travail (on se souvient d’Amos, le bouvier), son rôle est d’apporter des messages de Dieu à son peuple (plutôt dans un sens descendant cette fois) pour éclairer sa route ; « prédire l’avenir (qui a été retenu par le sens populaire) » est une partie seulement de son travail, éventuellement, mais en réalité, il s’agit de dire la vérité sur le passé, le présent et l’avenir, au prix de la vindict populaire. Le Roi, enfin, a une fonction plus purement politique : « mener le peuple » ; la royauté n’a pas toujours existé en Israël, c’était par exemple le cas au moment de la venue du Christ.
A chaque fois que l’on devenait roi, prêtre ou prophète, on recevait une onction, mais attention ! Une vraie, une pleine corne de bovin qui dégoulinait littéralement sur la tête de celui qui était choisi…
Pour terminer ce bref parcours historique, il faut bien dire que le trois fonctions étaient d’une nature « politiques », politique et religion étant intimement liées l’une à l’autre et à vrai dire inséparables.
Lorsque Jésus s’est fait connaître, dans les trois années de sa vie publique, on a rapidement compris, dans le milieu juif, qu’il avait toutes les caractéristiques du roi, du prophète et du prêtre … et c’est du reste la raison pour laquelle il a été si fortement combattu ! Prêtre ? Impossible ! Il n’est pas de la tribu de Lévi. Roi ? Pas plus ! Il n’y pas de roi à cette époque. Prophète, à la rigueur, pourvu qu’il ne nous dérange pas trop … et puis il y a un problème de rite, il n’a jamais reçu d’onction d’huile !
« Mon royaume n’est pas de ce monde » : Jésus non seulement explique qu’il cumule les trois fonctions, mais que en plus, bien au-delà du seul Israël, il vient étendre ce qu’il appelle « le Royaume de Dieu », un royaume qui n’est pas de même nature que ceux qui existent déjà. Dieu devient lui-même Roi du monde, et son Fils devient prophète du monde et grand-prêtre du monde.
Et désormais, celui qui est baptisé devient dans le monde un autre Christ, non pas pour se prendre pour un roi, un grand-prêtre ou un prophète, mais pour -je cite-« participer à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi » ; d’étendre le Royaume de Dieu avec les moyens que Jésus nous a indiqués dans l’Evangile. Quant à savoir si nous sommes dans la bonne voie, il nous demande : as-tu donné à boire à celui qui avait soif ? A manger à celui qui avait faim ? etc …
Je vous invite à remarquer que nulle part, Jésus ne dit : « au moment où tu as donné à manger à celui qui avait faim, l’as-tu fait avec cœur ou un peu rapidement ? » Nous avons beaucoup développé, en France, depuis le XVIIème siècle en particulier, la qualité intérieure des actes, au point de dire parfois : « ce n’est pas la peine de faire du bien lorsque mes dispositions intérieures sont mauvaises ». Je pense à ces discussions avec les jeunes qui me disent, « à quoi cela sert-il d’aller à la messe si on passe son temps à penser à autre chose, il vaut mieux ne pas y aller et y aller quand on est sûr d’avoir de bonnes dispositions ». Il faut aller à la messe tous les dimanches, sans aucune exception ! Et demander à Dieu de raviver en nous ces dispositions et en effet faire des efforts pour les améliorer… tout est une question d’équilibre !
Je vous invite fortement à lire ces quelques lignes extraites du Concile Vatican II, texte magnifique dont tout le monde a parlé et que personne-ou presque- n’a lu ; j’ai choisi un extrait de « Lumen Gentium », constitution dogmatique du Concile qui traite de l’Eglise, et plus précisément le court passage qui développe de quelle manière nous sommes « prêtres, prophètes et rois ». Voyez plutôt :
Lumen Gentium, n°34 et suivants : « Voulant poursuivre également, par le moyen des laïcs, son témoignage et son service, le Christ Jésus, prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son Esprit, et les pousse inlassablement à réaliser tout bien et toute perfection.
A ceux qu'il s'unit intimement dans sa vie et dans sa mission, il accorde, en outre, une part dans sa charge sacerdotale pour l'exercice du culte spirituel en vue de la glorification de Dieu et du salut des hommes. C'est pourquoi les laïcs reçoivent, en vertu de leur consécration au Christ et de l'onction de l'Esprit-Saint, la vocation admirable et les moyens qui permettent à l'Esprit de produire en eux des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d'esprit et de corps, s'ils sont vécus dans l'Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu'elles soient patiemment supportées, tout cela devient "offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ" (1P 2,5) ; et dans la célébration eucharistique ces offrandes rejoignent l'oblation du Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C'est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d'adoration.
Participation des laïcs à la fonction
prophétique du Christ et au témoignage
35 Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et la puissance de sa parole a proclamé le royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu'à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en son nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela également des témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf. Ac 2,17-18 Ap 19,10), afin que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la force de l'Evangile. Ils se présentent comme les fils de la promesse, lorsque, fermes dans la foi et dans l'espérance, ils mettent à profit le moment présent (cf. Ep 5,16 Col 4,5), et attendent avec constance la gloire à venir (cf. Rm 8,25). Cette espérance ils ne doivent pas la cacher dans le secret de leur coeur, mais l'exprimer aussi à travers les structures de la vie du siècle par un effort continu de conversion, en luttant "contre les souverains de ce monde des ténèbres, contre les esprits du mal" (Ep 6,12).
Tout comme les sacrements de la loi nouvelle, où s'alimentent la vie et l'apostolat des fidèles, préfigurent le ciel nouveau et la nouvelle terre (cf. Ap 21,1), ainsi les laïcs deviennent les hérauts puissants de la foi en ce qu'on espère (cf. He 11,1) quand ils unissent, sans hésitation, à une vie animée par la foi la profession de cette même foi. Cette action évangélisatrice, c'est-à-dire cette annonce du Christ faite et par le témoignage de la vie et par la parole, prend un caractère spécifique et une particulière efficacité du fait qu'elle s'accomplit dans les conditions communes du siècle.
Dans cet ordre de fonctions apparaît la haute valeur de cet état de vie que sanctifie un sacrement spécial, à savoir la vie du mariage et de la famille.
36 Le Christ s'étant fait obéissant jusqu'à la mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2,78-9), est entré dans la gloire de son royaume ; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1Co 15,27-28). Ce pouvoir, il l'a communiqué à ses disciples pour qu'ils soient eux aussi établis dans la liberté royale, pour qu'ils arrachent au péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la sainteté de leur vie (cf. Rm 6,12), bien mieux, pour que servant le Christ également dans les autres, ils puissent, dans l'humilité et la patience, conduire leurs frères jusqu'au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois. En effet, le Seigneur désire étendre son règne également par les fidèles laïcs , son règne qui est règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d'amour et de paix(4) règne où la création elle-même sera affranchie de l'esclavage de la corruption pour connaître la liberté glorieuse des fils de Dieu (cf. Rm 8,21). Grande vraiment est la promesse, grand le commandement donné aux disciples: "Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu" (1Co 3,23).
Les fidèles doivent donc reconnaître la nature profonde de toute la création, sa valeur et sa finalité qui est la gloire de Dieu ; ils doivent, aussi à travers les travaux du siècle, s'aider mutuellement en vue d'une vie plus sainte, afin que le monde s'imprègne de l'Esprit du Christ et atteigne plus efficacement sa fin dans la justice, la charité et la paix. Dans l'accomplissement universel de ce devoir, les laïcs ont la première place. Par leur compétence dans les disciplines profanes et par leur activité que la grâce du Christ élève au-dedans, qu'ils s'appliquent de toutes leurs forces à obtenir que les biens créés soient cultivés dans l'intérêt d'absolument tous les hommes, selon les fins du Créateur et l'illumination de son Verbe, grâce au travail de l'homme, à la technique et à la culture dans la cité, que ces biens soient mieux distribués entre les hommes et qu'ils acheminent selon leur nature à un progrès universel dans la liberté humaine et chrétienne. Ainsi, par les membres de l'Eglise, le Christ éclairera de plus en plus la société humaine tout entière de sa lumière qui sauve.
Que les laïcs, en outre, unissant leurs forces, apportent aux institutions et aux conditions de vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les assainissements convenables, pour qu'elles deviennent toutes conformes aux règles de la justice et favorisent l'exercice des vertus au lieu d'y faire obstacle. En agissant ainsi, ils imprégneront de valeur morale la culture et les oeuvres humaines. Par là tout à la fois, le champ du monde se trouve mieux préparé pour accueillir la semence de la parole de Dieu, et les portes de l'Eglise s'ouvrent plus larges pour permettre au message de paix d'entrer dans le monde.
En raison de l'économie elle-même du salut, les fidèles doivent apprendre à distinguer avec soin entre les droits et les devoirs qui leur incombent en tant que membres de l'Eglise et ceux qui leur reviennent comme membres de la société humaine. Qu'ils s'efforcent d'accorder harmonieusement, les uns et les autres entre eux, se souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine, fût-elle d'ordre temporel, ne peut être soustraite à l'empire de Dieu. Aux temps où nous sommes, il est extrêmement nécessaire que, dans la façon d'agir des fidèles, brillent à la fois très clairement et cette distinction et cette harmonie, pour que la mission de l'Eglise puisse répondre pleinement aux conditions particulières du monde d'aujourd'hui. De même, en effet, qu'il faut reconnaître à la cité terrestre légitimement appliquée aux soucis du siècle, le droit d'être régie par ses propres principes, de même, c'est à juste titre qu'est rejetée la doctrine néfaste qui prétend construire la société sans aucune considération pour la religion […].
Cependant, une fois que nous aurons lu ces belles pages, rien encore ne sera fait, l’Evangile nous donnera, de dimanche en dimanche, ou dans une lecture continue, notre feuille de route, pour étendre son règne, le plus concrètement possible.
Alpha, dans lequel nous allons nous lancer en janvier, c’est une manière d’étendre le Règne de Dieu, en trouvant au Seigneur de nouveaux sujets qui seront des rois … en faisant la diffusion de l’invitation à Alpha, nous pouvons, humblement, avec les moyens dont nous disposons, étendre ce Royaume ! « Jésus, étends ton règne, de l’univers sois roi ! »
Ainsi que l’art nous l’a montré souvent, et comme le dit le 5ème mystère glorieux du chapelet, Jésus a confié son Royaume à sa mère, en la couronnant. Cela signifie qu’elle a le rôle de donner l’exemple, et de nous aider à réaliser cette tâche, prions-là de nous y aider !
Dans l’Ancien Testament, prêtre, prophètes et rois avaient des fonctions particulières : le Prêtre offrait des sacrifices, il appartenait à une tribu particulière (les lévites), faisant le lien entre Dieu et les hommes par le culte, et plutôt dans un sens ascendant ; le Prophète, lui n’appartient pas à une tribu particulière, il peut être appelé en plein travail (on se souvient d’Amos, le bouvier), son rôle est d’apporter des messages de Dieu à son peuple (plutôt dans un sens descendant cette fois) pour éclairer sa route ; « prédire l’avenir (qui a été retenu par le sens populaire) » est une partie seulement de son travail, éventuellement, mais en réalité, il s’agit de dire la vérité sur le passé, le présent et l’avenir, au prix de la vindict populaire. Le Roi, enfin, a une fonction plus purement politique : « mener le peuple » ; la royauté n’a pas toujours existé en Israël, c’était par exemple le cas au moment de la venue du Christ.
A chaque fois que l’on devenait roi, prêtre ou prophète, on recevait une onction, mais attention ! Une vraie, une pleine corne de bovin qui dégoulinait littéralement sur la tête de celui qui était choisi…
Pour terminer ce bref parcours historique, il faut bien dire que le trois fonctions étaient d’une nature « politiques », politique et religion étant intimement liées l’une à l’autre et à vrai dire inséparables.
Lorsque Jésus s’est fait connaître, dans les trois années de sa vie publique, on a rapidement compris, dans le milieu juif, qu’il avait toutes les caractéristiques du roi, du prophète et du prêtre … et c’est du reste la raison pour laquelle il a été si fortement combattu ! Prêtre ? Impossible ! Il n’est pas de la tribu de Lévi. Roi ? Pas plus ! Il n’y pas de roi à cette époque. Prophète, à la rigueur, pourvu qu’il ne nous dérange pas trop … et puis il y a un problème de rite, il n’a jamais reçu d’onction d’huile !
« Mon royaume n’est pas de ce monde » : Jésus non seulement explique qu’il cumule les trois fonctions, mais que en plus, bien au-delà du seul Israël, il vient étendre ce qu’il appelle « le Royaume de Dieu », un royaume qui n’est pas de même nature que ceux qui existent déjà. Dieu devient lui-même Roi du monde, et son Fils devient prophète du monde et grand-prêtre du monde.
Et désormais, celui qui est baptisé devient dans le monde un autre Christ, non pas pour se prendre pour un roi, un grand-prêtre ou un prophète, mais pour -je cite-« participer à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi » ; d’étendre le Royaume de Dieu avec les moyens que Jésus nous a indiqués dans l’Evangile. Quant à savoir si nous sommes dans la bonne voie, il nous demande : as-tu donné à boire à celui qui avait soif ? A manger à celui qui avait faim ? etc …
Je vous invite à remarquer que nulle part, Jésus ne dit : « au moment où tu as donné à manger à celui qui avait faim, l’as-tu fait avec cœur ou un peu rapidement ? » Nous avons beaucoup développé, en France, depuis le XVIIème siècle en particulier, la qualité intérieure des actes, au point de dire parfois : « ce n’est pas la peine de faire du bien lorsque mes dispositions intérieures sont mauvaises ». Je pense à ces discussions avec les jeunes qui me disent, « à quoi cela sert-il d’aller à la messe si on passe son temps à penser à autre chose, il vaut mieux ne pas y aller et y aller quand on est sûr d’avoir de bonnes dispositions ». Il faut aller à la messe tous les dimanches, sans aucune exception ! Et demander à Dieu de raviver en nous ces dispositions et en effet faire des efforts pour les améliorer… tout est une question d’équilibre !
Je vous invite fortement à lire ces quelques lignes extraites du Concile Vatican II, texte magnifique dont tout le monde a parlé et que personne-ou presque- n’a lu ; j’ai choisi un extrait de « Lumen Gentium », constitution dogmatique du Concile qui traite de l’Eglise, et plus précisément le court passage qui développe de quelle manière nous sommes « prêtres, prophètes et rois ». Voyez plutôt :
Lumen Gentium, n°34 et suivants : « Voulant poursuivre également, par le moyen des laïcs, son témoignage et son service, le Christ Jésus, prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son Esprit, et les pousse inlassablement à réaliser tout bien et toute perfection.
A ceux qu'il s'unit intimement dans sa vie et dans sa mission, il accorde, en outre, une part dans sa charge sacerdotale pour l'exercice du culte spirituel en vue de la glorification de Dieu et du salut des hommes. C'est pourquoi les laïcs reçoivent, en vertu de leur consécration au Christ et de l'onction de l'Esprit-Saint, la vocation admirable et les moyens qui permettent à l'Esprit de produire en eux des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d'esprit et de corps, s'ils sont vécus dans l'Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu'elles soient patiemment supportées, tout cela devient "offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ" (1P 2,5) ; et dans la célébration eucharistique ces offrandes rejoignent l'oblation du Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C'est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d'adoration.
Participation des laïcs à la fonction
prophétique du Christ et au témoignage
35 Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et la puissance de sa parole a proclamé le royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu'à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en son nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela également des témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf. Ac 2,17-18 Ap 19,10), afin que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la force de l'Evangile. Ils se présentent comme les fils de la promesse, lorsque, fermes dans la foi et dans l'espérance, ils mettent à profit le moment présent (cf. Ep 5,16 Col 4,5), et attendent avec constance la gloire à venir (cf. Rm 8,25). Cette espérance ils ne doivent pas la cacher dans le secret de leur coeur, mais l'exprimer aussi à travers les structures de la vie du siècle par un effort continu de conversion, en luttant "contre les souverains de ce monde des ténèbres, contre les esprits du mal" (Ep 6,12).
Tout comme les sacrements de la loi nouvelle, où s'alimentent la vie et l'apostolat des fidèles, préfigurent le ciel nouveau et la nouvelle terre (cf. Ap 21,1), ainsi les laïcs deviennent les hérauts puissants de la foi en ce qu'on espère (cf. He 11,1) quand ils unissent, sans hésitation, à une vie animée par la foi la profession de cette même foi. Cette action évangélisatrice, c'est-à-dire cette annonce du Christ faite et par le témoignage de la vie et par la parole, prend un caractère spécifique et une particulière efficacité du fait qu'elle s'accomplit dans les conditions communes du siècle.
Dans cet ordre de fonctions apparaît la haute valeur de cet état de vie que sanctifie un sacrement spécial, à savoir la vie du mariage et de la famille.
36 Le Christ s'étant fait obéissant jusqu'à la mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2,78-9), est entré dans la gloire de son royaume ; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1Co 15,27-28). Ce pouvoir, il l'a communiqué à ses disciples pour qu'ils soient eux aussi établis dans la liberté royale, pour qu'ils arrachent au péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la sainteté de leur vie (cf. Rm 6,12), bien mieux, pour que servant le Christ également dans les autres, ils puissent, dans l'humilité et la patience, conduire leurs frères jusqu'au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois. En effet, le Seigneur désire étendre son règne également par les fidèles laïcs , son règne qui est règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d'amour et de paix(4) règne où la création elle-même sera affranchie de l'esclavage de la corruption pour connaître la liberté glorieuse des fils de Dieu (cf. Rm 8,21). Grande vraiment est la promesse, grand le commandement donné aux disciples: "Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu" (1Co 3,23).
Les fidèles doivent donc reconnaître la nature profonde de toute la création, sa valeur et sa finalité qui est la gloire de Dieu ; ils doivent, aussi à travers les travaux du siècle, s'aider mutuellement en vue d'une vie plus sainte, afin que le monde s'imprègne de l'Esprit du Christ et atteigne plus efficacement sa fin dans la justice, la charité et la paix. Dans l'accomplissement universel de ce devoir, les laïcs ont la première place. Par leur compétence dans les disciplines profanes et par leur activité que la grâce du Christ élève au-dedans, qu'ils s'appliquent de toutes leurs forces à obtenir que les biens créés soient cultivés dans l'intérêt d'absolument tous les hommes, selon les fins du Créateur et l'illumination de son Verbe, grâce au travail de l'homme, à la technique et à la culture dans la cité, que ces biens soient mieux distribués entre les hommes et qu'ils acheminent selon leur nature à un progrès universel dans la liberté humaine et chrétienne. Ainsi, par les membres de l'Eglise, le Christ éclairera de plus en plus la société humaine tout entière de sa lumière qui sauve.
Que les laïcs, en outre, unissant leurs forces, apportent aux institutions et aux conditions de vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les assainissements convenables, pour qu'elles deviennent toutes conformes aux règles de la justice et favorisent l'exercice des vertus au lieu d'y faire obstacle. En agissant ainsi, ils imprégneront de valeur morale la culture et les oeuvres humaines. Par là tout à la fois, le champ du monde se trouve mieux préparé pour accueillir la semence de la parole de Dieu, et les portes de l'Eglise s'ouvrent plus larges pour permettre au message de paix d'entrer dans le monde.
En raison de l'économie elle-même du salut, les fidèles doivent apprendre à distinguer avec soin entre les droits et les devoirs qui leur incombent en tant que membres de l'Eglise et ceux qui leur reviennent comme membres de la société humaine. Qu'ils s'efforcent d'accorder harmonieusement, les uns et les autres entre eux, se souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine, fût-elle d'ordre temporel, ne peut être soustraite à l'empire de Dieu. Aux temps où nous sommes, il est extrêmement nécessaire que, dans la façon d'agir des fidèles, brillent à la fois très clairement et cette distinction et cette harmonie, pour que la mission de l'Eglise puisse répondre pleinement aux conditions particulières du monde d'aujourd'hui. De même, en effet, qu'il faut reconnaître à la cité terrestre légitimement appliquée aux soucis du siècle, le droit d'être régie par ses propres principes, de même, c'est à juste titre qu'est rejetée la doctrine néfaste qui prétend construire la société sans aucune considération pour la religion […].
Cependant, une fois que nous aurons lu ces belles pages, rien encore ne sera fait, l’Evangile nous donnera, de dimanche en dimanche, ou dans une lecture continue, notre feuille de route, pour étendre son règne, le plus concrètement possible.
Alpha, dans lequel nous allons nous lancer en janvier, c’est une manière d’étendre le Règne de Dieu, en trouvant au Seigneur de nouveaux sujets qui seront des rois … en faisant la diffusion de l’invitation à Alpha, nous pouvons, humblement, avec les moyens dont nous disposons, étendre ce Royaume ! « Jésus, étends ton règne, de l’univers sois roi ! »
Ainsi que l’art nous l’a montré souvent, et comme le dit le 5ème mystère glorieux du chapelet, Jésus a confié son Royaume à sa mère, en la couronnant. Cela signifie qu’elle a le rôle de donner l’exemple, et de nous aider à réaliser cette tâche, prions-là de nous y aider !
P. Emmanuel d'Andigné
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