Homélie du 2ème dimanche de l'Avent - année C
Qui arrive en premier ? La poule ou l’oeuf ? En liturgie, un problème analogue se pose : qui arrive en premier ? Le geste ou le cœur ? Les gestes nous permettent d’exprimer ce que nous avons dans le cœur ou dans la tête, c’est vrai … mais ils sont aussi à l’origine de ce que nous mûrissons dans notre tête ou notre cœur, d’où l’intérêt de cette méditation que nous allons faire pendant l’Avent sur les gestes de la messe.
le geste de l’Orant
Dom Guéranger, le fameux bénédictin du XIXème siècle qui restaura l’ordre des bénédictins et fonda l’abbaye de Solesmes , grand spécialiste de la liturgie, relie ce geste directement à la croix, en déclarant : « Le Prêtre doit avoir les bras étendus pour dire la Collecte (entendez la prière d’ouverture, au tout début de la messe). II observe en cela l’ancienne manière de prier des premiers Chrétiens. De même que Notre Seigneur a prié sur la Croix, les bras étendus, de même les premiers Chrétiens s’adressaient-ils à Dieu en étendant les bras. Cet usage des premiers Chrétiens nous est transmis en particulier par les peintures des Catacombes, qui représentent toujours ainsi la prière : d’où le nom d’Orantes donné à ces représentations. »
L’origine de ce geste est donc avant tout traditionnelle, c’est-à-dire reposant sur le fait que les premiers chrétiens l’ont fait avant nous, ça n’est que dans un second temps que l’on a pu rattacher ce geste à la croix. St Jean-Marie Vianney, à titre d’illustration, célébrait la messe selon le rite lyonnais, c’est-à-dire notamment les bras en forme de croix, considérant donc clairement que cette coutume se rattache à la croix.
Bien sûr on ne peut s’empêcher de penser que c’est une façon de tourner son corps vers le ciel, car en levant les bras, on touche le ciel. Selon vous, où commence le ciel ? Il commence là où s’arrêtent nos cheveux (je suis donc plus proche du ciel qu’un certain nombre d’entre vous…).
Progressivement, en Occident, les fidèles ont cessé de lever les bras pendant la prière, et ce geste n’est obligatoire dans le rite romain que pour le prêtre ; l’histoire dira si la reprise de ce geste en particulier dans le renouveau charismatique est un épisode ou un prélude à une reprise : la liturgie a besoin de temps pour éprouver les gestes et les canoniser. Wait and see …
Mais le prêtre n’a pas seulement les bras levés vers le ciel, il les abaisse aussi au moment de l’épiclèse (l'imposition des mains) : c’est le moment où les offrandes, le pain et le vin, sont couvertes par l’Esprit-Saint et deviennent le corps et le sang du Christ.
Ce geste de l’imposition des mains remonte à l’Ancien Testament et consistait précisément en ceci : le prêtre qui offrait un sacrifice d’animal se voyait présenter la bête et imposait les mains à celle-ci pour la séparer de l’usage profane, elle devenait en quelque sorte « sacrée » et ne pouvait plus servir qu’à cet usage. La victime, en hébreu «olah » en latin, se dit « hostia » : si on appelle l’hostie ainsi, c’est pour rappeler que nous recevons en nous la victime, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, Jésus, qui s’est offert en sacrifice sur la croix. Encore une fois le sacrifice, décidément …
Dom Guéranger, le fameux bénédictin du XIXème siècle qui restaura l’ordre des bénédictins et fonda l’abbaye de Solesmes , grand spécialiste de la liturgie, relie ce geste directement à la croix, en déclarant : « Le Prêtre doit avoir les bras étendus pour dire la Collecte (entendez la prière d’ouverture, au tout début de la messe). II observe en cela l’ancienne manière de prier des premiers Chrétiens. De même que Notre Seigneur a prié sur la Croix, les bras étendus, de même les premiers Chrétiens s’adressaient-ils à Dieu en étendant les bras. Cet usage des premiers Chrétiens nous est transmis en particulier par les peintures des Catacombes, qui représentent toujours ainsi la prière : d’où le nom d’Orantes donné à ces représentations. »
L’origine de ce geste est donc avant tout traditionnelle, c’est-à-dire reposant sur le fait que les premiers chrétiens l’ont fait avant nous, ça n’est que dans un second temps que l’on a pu rattacher ce geste à la croix. St Jean-Marie Vianney, à titre d’illustration, célébrait la messe selon le rite lyonnais, c’est-à-dire notamment les bras en forme de croix, considérant donc clairement que cette coutume se rattache à la croix.
Bien sûr on ne peut s’empêcher de penser que c’est une façon de tourner son corps vers le ciel, car en levant les bras, on touche le ciel. Selon vous, où commence le ciel ? Il commence là où s’arrêtent nos cheveux (je suis donc plus proche du ciel qu’un certain nombre d’entre vous…).
Progressivement, en Occident, les fidèles ont cessé de lever les bras pendant la prière, et ce geste n’est obligatoire dans le rite romain que pour le prêtre ; l’histoire dira si la reprise de ce geste en particulier dans le renouveau charismatique est un épisode ou un prélude à une reprise : la liturgie a besoin de temps pour éprouver les gestes et les canoniser. Wait and see …
Mais le prêtre n’a pas seulement les bras levés vers le ciel, il les abaisse aussi au moment de l’épiclèse (l'imposition des mains) : c’est le moment où les offrandes, le pain et le vin, sont couvertes par l’Esprit-Saint et deviennent le corps et le sang du Christ.
Ce geste de l’imposition des mains remonte à l’Ancien Testament et consistait précisément en ceci : le prêtre qui offrait un sacrifice d’animal se voyait présenter la bête et imposait les mains à celle-ci pour la séparer de l’usage profane, elle devenait en quelque sorte « sacrée » et ne pouvait plus servir qu’à cet usage. La victime, en hébreu «olah » en latin, se dit « hostia » : si on appelle l’hostie ainsi, c’est pour rappeler que nous recevons en nous la victime, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, Jésus, qui s’est offert en sacrifice sur la croix. Encore une fois le sacrifice, décidément …
Par ce geste, donc, le prêtre sépare ce pain et ce vin de l’usage profane, pour qu’ils soient consacrés. Et que faut-il faire au moment de la consécration ? Si l’on s’en tient au texte officiel (Présentation Générale du Missel Romain, n°43), il est demandé aux fidèles de se mettre à genoux, de l’épiclèse à l’anamnèse… si l’on s’en tient à l’histoire récente, en France, du moins, c’est un peu plus compliqué que cela.
Je vous propose donc de considérer cette question avec humour et décontraction. Pour l’humour, je fais appel à Voltaire, pour la décontraction à notre bon sens !
Zadig, chapitre 7. « Il y avait une grande querelle dans Babylone qui durait depuis quinze cents années, et qui partageait l'empire en deux sectes opiniâtres : l'une prétendait qu'il ne fallait jamais entrer dans le temple de Mithra que du pied gauche ; l'autre avait cette coutume en abomination, et n'entrait jamais que du pied droit. On attendait le jour de la fête solennelle du feu sacré pour savoir quelle secte serait favorisée par Zadig. L'univers avait les yeux sur ses deux pieds, et toute la ville était en agitation et en suspens. Zadig entra dans le temple en sautant à pieds joints, et il prouva ensuite, par un discours éloquent, que le Dieu du ciel et de la terre, qui n'a acception de personne, ne fait pas plus de cas de la jambe gauche que de la jambe droite."
Je sais fort bien que cette question est délicate, et qu’elle correspond, dans le cœur d’un certain nombre d’entre vous à une histoire, à des principes, à une éducation et finalement aujourd’hui à la sensibilité religieuse comme on dit. Mais je sais aussi que beaucoup de gens (et je pense en particulier aux jeunes) n’ont jamais eu d’information à ce sujet et aimerait bien savoir, tout simplement. Il faut éviter, en tous les cas, je crois, de durcir la question, et d’en faire un combat, pour ou contre.
Pour plagier notre chère Sainte Bernadette, je vous dirais bien : « je ne suis pas chargé de vous le faire faire, je suis chargé de vous le dire ». Ce geste existe dans toutes les religions depuis que l’homme est homme, pour signifier l’abaissement devant la majesté divine. Pourvu que nous retenions de Voltaire (qui justement était distant par rapport à la religion !) un certain détachement, un certain humour, qui fasse que le geste n’étouffe pas le cœur, mais le serve et l’aide à grandir. C’est d’ailleurs pour cette raison que la réforme liturgique a réduit au minimum ce geste, afin qu’il garde son sens.
Et à propos de sens, c’est le bon sens aussi qui doit nous guider : si l’âge ou la maladie ou le handicap ou un problème de genoux nous en empêche, la question ne se pose même pas.
Et enfin, je puis donner, toujours dans le « chapitre » du bon sens, la suite de la citation qui concerne l’agenouillement : « Ils s´agenouilleront pour la consécration, à moins que leur état de santé, l´exiguïté des lieux ou le grand nombre des participants ou d´autres justes raisons ne s´y opposent. Ceux qui ne s’agenouillent pas pour la consécration feront une inclination profonde pendant que le prêtre fait la génuflexion après la consécration ». Ce texte est remarquable de précision et d’humanité.
Le geste de paix, à qui je donne le dernier mot, est un beau moyen de nous relier à l’ambiance des premiers chrétiens, telle que la décrivent les Actes des Apôtres, auxquels nous avons été initiés le 24 novembre dernier, simplicité de cœur, attention fraternelle, partage … c’est un geste très ancien, là encore, qui mérite d’être souligné : je cite encore une fois la PGMR :« Tous se manifestent la paix, la communion et la charité mutuelle ».
N’est-ce pas là le programme fondamental d’une paroisse ?
P. Emmanuel d'Andigné
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