26 décembre 2009

Homélie du 27 décembre 2009

Homélie de la fête de la sainte famille 2009 - année C

Imaginez un homme dans le désert … il fait chaud, il a soif, il marche avec peine le long d’une citerne remplie d’eau, mais comme il n’ouvre pas le robinet, il ne parvient pas à boire …

Nous avons, aujourd’hui, une citerne remplie de Sagesse : le magistère de l’Eglise, l’enseignement des Papes, de quoi désaltérer intelligence et cœur … Avez-vous lu « familiaris Consortio ? » (1981)

Elle s’adresse aux familles, bien sûr, celles qui vont bien, mais aussi à celles qui vont mal, ou à tous c’eux qui s’interrogent … tout le monde a soif !

« Elle s'adresse en particulier aux jeunes qui s'apprêtent à s'engager sur le chemin du mariage et de la famille, afin de leur ouvrir de nouveaux horizons en les aidant à découvrir la beauté et la grandeur de la vocation à l'amour et au service de la vie. »

L’exhortation Familiaris Consortio de Jean-Paul II, malgré ses 28 ans n’a pas vieilli du tout. Réalisme, bonté, courage, ouverture d’esprit, c’est le cocktail que nous goûtons avec délice, lorsque nous la lisons …

Comme une invitation à la lecture, et en prolongement de l’Evangile que nous venons d’entendre, je souligne avec vous trois aspects importants :

Familiaris Consortio fut écrit un an après le synode des évêques sur la famille (1980) : pour répondre à une question concernant le mariage et la famille, il est recommandé par les évêques, au cours de ce synode, de «revenir au commencement», attitude fondamentale de Jésus (attitude fondamentale de l’Eglise) qui consiste à tojours partir de la création pour résoudre une difficulté.

Le premier enseignement de Jésus sur la famille est sa propre vie de famille, nous ne venons de l’entendre, et puis, lorsqu’on lui demande si l’on peut répudier sa femme, il répond (Mt 19) « au commencement, il n’en était pas ainsi »

« Au commencement » , premier mot de la Genèse, premier « mot » du Credo (« créateur du Ciel et de la terre ») est donc pour Jésus et pour l’Eglise la base de tout raisonnement

C’est une leçon que nous pouvons retenir pour bien d’autre sujets que l’amour, le mariage et la famille, mais qui convient particulièrement pour ces trois réalités qui furent présentes dès la création et auxquelles le Christ a donné une dimension tout autre, c’est le deuxième aspect.

Il y a deux mystères spécifiques au christianisme qui éclairent merveilleusement l’amour le mariage et la famille, ce sont la Trinité et la Croix !

la Trinité est une « famille », dans laquelle se vit une communion, c’est-à-dire une distinction entre les personnes et une parfaite égalité entre elles. On dit du Fils : « il est Dieu, né de Dieu, lumière né de la lumière … ; on dit de l’Esprit : « avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire ». Distinction des personnes, égalité parfaite puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu … et de même « ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un », dit Jésus sur les époux, montrant la ressemblance entre famille et Trinité.

C’est la raison pour laquelle Dieu a voulu la famille, comme un miroir de son propre mystère et la Trinité un enseignement vivant sur ce à quoi doit ressembler la famille. A cela, il faut ajouter que la Trinité n’est pas seulement un modèle, mais aussi une source de force, de bénédiction, de protection

Avec la Trinité, la croix est un mystère très éclairant. Pourquoi ?
A vrai dire, c’est de la crèche à la croix que Jésus montre à quel point l’amour est un don, et non seulement une attirance mutuelle ; « aimer c’est tout donner et se donner soi-même » disait Sainte Thérèse de Lisieux. Dieu se donne à l’humanité en se faisant homme et il se donne jusqu’au bout sur la croix

Jean-Paul II continue : « la charité conjugale (…) est la façon propre et spécifique dont les époux participent à la charité du Christ se donnant lui-même sur la croix, et sont appelés à la vivre. »

Se donner l’un à l’autre, se donner à leur enfants, se donner à tous leurs frères, dans des cercles de plus en plus larges, voilà le programme de la vie des époux, à l’imitation de Jésus.

Je termine avec le troisième aspect, après le fameux « retour au commencement » et l’originalité du christianisme en matière familiale, je veux parler de la question de la liberté.

Un “tube” des années 80 disait : « t’es OK t’es bat’, t’es in ... tu me dis que je suis une fille super, et tu m’as l’air sincère, tu me dis que tu voudrais m épouser, mais j’veux ma liberté ». Y a-t-il opposition entre liberté et mariage ? C’est tout le contraire ! Quelle est la racine, l’origine des problèmes que rencontrent les familles aujourd’hui ? Bonne question ! Voici la réponse du magistère de l’Eglise :

« A la racine de ces phénomènes négatifs, il y a souvent une corruption du concept et de l'expérience de la liberté, celle-ci étant comprise non comme la capacité de réaliser la vérité du projet de Dieu sur le mariage et la famille, mais comme une force autonome d'affirmation de soi, assez souvent contre les autres, pour son bien-être égoïste. »

La liberté a besoin de la vérité pour conserver sa dignité. La liberté est comme l’être humain : il n’est pas bon qu’elle soit seule. Etre libre, c’est faire le bien, sans se laisser influencer par son égoïsme ou par autrui. « La vérité vous rendra libres », disait Jésus. Rendons grâce à Dieu pour la sagesse de l’Eglise, et écoutons quelques uns des derniers mots de l’exhortation du vénérable Jean-Paul II :

« Que saint Joseph, «homme juste», travailleur infatigable, gardien absolument intègre de ce qui lui avait été confié, garde ces familles, les protège, les éclaire toujours!

Que la Vierge Marie, qui est Mère de l'Eglise, soit également la Mère de l'«Eglise domestique»! Que grâce à son aide maternelle, toute famille chrétienne puisse devenir vraiment une «petite Eglise» dans laquelle se reflète et revive le mystère de l'Eglise du Christ ! »


P. Emmanuel d'Andigné

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