Homélie du 7ème dimanche du temps Ordinaire - Année A
Je voudrais vous parler de deux choses, aujourd’hui, la première concerne le « nerf de la guerre», et la seconde les textes d’aujourd’hui.
Nous lançons, aujourd’hui, notre « souscription annuelle » ; tout d’abord, une histoire vraie : peut-être connaissez-vous la plus grosse librairie du monde, amazon.fr … son fondateur, Denis Terrien est un entrepreneur français, catholique ; un jour, alors qu’il discutait avec un ami protestant, celui-ci lui demande : « et toi, tu donnes combien à ton Eglise ? » ; après un silence, il répond : « eh bien, avec ce que je donne à la quête le dimanche, ça doit représenter un ou deux pour cent de mon salaire … » ; « un ou deux pour cent ??? Mais dans la Bible, il est écrit dix pour cent ! Tu devrais faire un effort et donner au moins trois ou quatre pour cent … » ; Denis Terrien témoigne qu’il décida, l’année suivante, de donner vraiment la « dîme (10%)» et qu’il a –je cite- « reçu le centuple de ce qu’il avait donné » … reste à savoir de quel centuple il s’agit !
En tous les cas, je dois noter avec joie deux points : l’augmentation des dons qu’on a noté l’année dernière et l’augmentation du nombre de donateurs ; merci, car vous êtes sollicités de toutes parts, et vous vous montrez tout de même très généreux.
Si vous n’avez pas un gros budget, vous vous souviendrez que « les petits ruisseaux font les grandes rivières », et si au contraire vous avez de gros moyens, souvenez-vous que les gros ruisseaux aident aussi les grosses rivières ! Que chacun donne selon son porte-monnaie et son cœur (un zéro, deux zéro, trois zéros, quatre zéros si vous voulez !)
A quoi cela va servir ?
A sécuriser le chauffage (protection de la cuve à fioul, ce sont des travaux assez lourds) et si la somme est importante, refaire la sonorisation, qui est un sujet récurrent dans les conversations après la messe !
Quant aux textes d’aujourd’hui, je voudrais m’attarder sur ce « proverbe » bien connu que Jésus cite dans l’Evangile : « Œil pour œil, dent pour dent » ; ce proverbe correspond, il me semble, à la deuxième des trois périodes de l’histoire de la vengeance
1) Il fut un temps ou la vengeance était pire que l’offense, c’était la barbarie des premiers temps
2) Avec « œil pour œil … » la vengeance devient équivalente à l’offense, ce qui est un pas considérable vers la civilisation
3) Avec le Christ, Dieu reprend ce qu’il avait en fait déjà dit mais que le peuple élu n’avait pas écouté : pas de vengeance et même amour des ennemis !
Il faut bien constater, et c’est une joie, que cette parole de Jésus a toujours été vécue et respectée dans l’Eglise … je pense à Saint Etienne qui déclarait, tandis qu’il était lapidé par ses frères de race : « ne leur compte pas ce péché »; je pense à Sergeï Kourdakov, commissaire politique de l’Union Soviétique qui entendit un jour une jeune femme prier pour lui tandis qu’il la frappait (on peut lire son histoire dans le livre « pardonne-moi Natacha »), évènement qui marqua sa conversion ; je pense à Tim Guénard, martyrisé par ses propre s parents et qui a puisé en Dieu la force de les aimer à nouveau, et bien d’autres encore … qui tout au long de l’histoire ont montré que cette parole était audible, finalement et même réalisable.
"Soyez parfaits, je suis parfait" … "soyez saints, je suis saint" : j’attire votre attention sur ce détail syntaxique qui consiste à accoler ces deux affirmations. Dieu « pose » sa sainteté tout près de la nôtre, il « pose » sa perfection tout près de la nôtre, et c’est qui rend possible la mise en application de tels propos. C’est parce que Dieu pose son être tout près du nôtre que notre être peut se perfectionner et se sanctifier, c’est la fréquentation de Dieu qui divinise.
En fait, il se produit comme une sorte de « capillarité » spirituelle. La capillarité, dit le dictionnaire, est « la tendance d'un liquide à remonter vers le sommet d'un tube très fin. » Le jour de notre baptême, nous recevons le don du Saint-Esprit, et donc le don de la sainteté de Dieu, et ensuite, l’âme s’élève, l’âme « grimpe », comme l’eau dans le tube, vers la perfection évangélique.
Et puis l’héroïsme n’est pas une réalité extraterrestre, justement, il est proprement humain ! Vous connaissez cet épisode fameux de Guillaumet, aviateur français, qui en 1930 « s’échoua » dans la cordillère des Andes et marcha 4 jours et 4 nuits dans des conditions que personne n’oserait imaginer (« Es imposible », ont déclaré les habitants de la région), en pensant à son épouse et à ses camarades. Il déclara alors, à Saint-Exupéry : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ». L’héroïsme n’est ni animal ni divin, il est proprement humain ! Pas animal, bien sûr, c’est évident, mais Dieu non plus n’est pas héroïque : il est ordinaire que Dieu fasse l’extraordinaire. C’est en tant qu’homme que le Fils de Dieu, Jésus, s’est montré héroïque dans sa passion et dans sa mort, pas en tant que Dieu.
Bref, ce serait une grande défaite pour Dieu, si nous baissions les bras et que nous renoncions à la perfection. Pourquoi ne serions-nous pas des héros, après tout ? Des héros ordinaires, mais des héros quand même … avec la grâce de Dieu !
Ste Bernadette, notre sainte Patronne, n’a pas été canonisée pour avoir vu la sainte Vierge, mais pour avoir ressemblé à la sainte Vierge, à force de la fréquenter ; le chapelet, sa prière préférée, est la cause principale de cette transformation en sainte Bernadette ;
Et puis je pense à cette phrase merveilleuse de la Vierge : « voudriez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ? ». Eh bien aujourd’hui, la Vierge nous dit : « voudriez-vous me faire la grâce de devenir des saints ?" La sainte Vierge n’est pas Dieu, elle n’a pas l’autorité pour dire « soyez saints », car Dieu est le seul saint, et il veut partager sa sainteté, c’est-à-dire sa joie, sa bonté, son enthousiasme, et il a le pouvoir de le faire. La Vierge, elle dirait plutôt : « voudriez-vous me faire la grâce de devenir des saints ?"