Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire - Année A
Quel est le point commun entre le sel et la lumière ? Car ce n’est pas la même chose tout de même … eh bien, leur point commun est de n’être pas utiles à eux-mêmes : ils servent d’autres réalités, qui apparaissent à nos yeux plus importantes : le sel relève le goût des aliments, la lumière n’est jamais ou presque regardée pour elle-même, elle permet de voir quelque chose d’autre …
Je voudrais d’abord vous faire remarquer que Jésus ne dit pas « ce serait bien si vous étiez un peu plus lumineux … tâchez donc d’être le sel de la terre », il dit bien « vous êtes !... » ; cela veut dire que nous devons prendre conscience de notre dignité et ne pas feindre une fausse humilité.
Nous sommes la lumière du monde, c’est une certitude puisque Jésus nous le dit, et cela provoque en nous, espérons-le, une saine humilité : d’un côté, sans nous, le monde aurait moins de goût et il serait dans les ténèbres, de l’autre, nous savons bien que la source de la lumière n’est pas en nous, mais en Dieu ; le tout est de ne pas s’attribuer l’origine du goût et de la lumière …
En entrant dans cette église, pas un d’entre vous ne s’est amusé à mesurer les photons grâce auxquels vous pouviez y voir clair : vous vous êtes concentrés sur ce que vous montrait la lumière et vous avez bien fait. L’Eglise n’est pas faite pour elle-même, mais pour Dieu et pour les hommes.
Ensuite, je souhaiterais vous faire remarquer que Jésus semble inquiet : « ils risquent de s’affadir … » semble-t-il nous dire. Tous les parents ici présents savent bien que lorsqu’un adulte est inquiet, il « transmet » son inquiétude à son entourage, surtout aux enfants. Eh bien, il serait beau que nous aussi nous ayons cette inquiétude sur notre propre tiédeur et que nous prenions les moyens de ne pas nous « éteindre ».
Ceci dit, comment faire pour ne pas perdre le goût ? Comment demeurer « la lumière du monde » ?
Eh bien, tout d’abord, la première lecture nous donne un critère infaillible pour savoir si nous avons encore du goût : sommes-nous au service des pauvres ? Bien sûr, c’est vrai, il y a plusieurs sortes de pauvretés, et on le dit aujourd’hui beaucoup, mais il demeure vrai que la pauvreté matérielle est un point d’attention premier dans l’Eglise depuis les origines et nous devons la maintenir vive !
Ensuite, je pense à ce grand trésor qu’est pour nous la messe du dimanche : n’est-elle pas un « plein » de sel et de lumière ? Quelle chance nous avons d’y participer et de raviver ainsi en nous le don de Dieu ! Non seulement, nous satisfaisons à la justice (aller à la messe le dimanche, c’est faire justice à Dieu, lui donner ce à quoi il a droit, un jour par semaine), mais en plus, nous y trouvons la nourriture nécessaire pour être vraiment ce que nous sommes !
P. Emmanuel d'Andigné
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