04 février 2011

Homélie du 23 janvier 2011-Jésus veut l'unité de son Eglise

Homélie du 3ème dimanche du temps ordinaire - Année A

« Je vous exhorte, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de divisions entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et de sentiments. » C’est ce qu’écrivait Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, comme nous l’avons entendu tout à l’heure. Ces exhortations de l’Apôtre conviennent particulièrement bien pour cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Rappelons, pour les plus jeunes, mais peut-être aussi pour d’autres, que cette semaine est due à l’initiative d’un prêtre français, l’Abbé Paul Couturier ; Ces sept jours, du 18 au 25 janvier, réunissent depuis 1936 des chrétiens autour de célébrations et manifestations diverses. Née à Lyon, cette semaine a pris de l’ampleur, puisqu’elle est désormais fêtée un peu partout dans le monde, entre chrétiens catholiques, anglicans, orthodoxes et protestants ; Elle est organisée par le Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens et par le Conseil œcuménique des Eglises. Elle est clôturée à Rome à la basilique Saint-Paul Hors-les-murs, le 25 janvier, jour de la fête de la conversion de Saint Paul, au cours d’une cérémonie présidée par le Pape.

Si les divisions entre humains sont toujours regrettables, elles sont d’autant plus choquantes lorsqu’elles sont le fait de personnes professant la même foi en Jésus-Christ Fils de Dieu. C’est lui, qui, au soir du jeudi saint, a prié son Père devant des disciples en disant : « je prie pour ceux qui croient en moi : que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient un en nous, eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » C’est donc le témoignage des chrétiens qui est en jeu.

Concrètement, pour notre pays, les statistiques nous donnent les chiffres approximatifs suivants : 64 % des français se disent catholiques, 2 % se disent protestants, 0,5 % orthodoxes, 5% d’autres religions (Islam, bouddhisme) et 28% sans aucune religion.

Pour le Christianisme universel, rappelons que la séparation des orthodoxes date de 1054. C’est la rupture entre le pape Léon IX et le patriarche de Constantinople. Le début du protestantisme est de 1517 avec Luther. L’anglicanisme date de 1531, avec le roi Henri VIII.

Concernant cette religion, un évènement très important a eu lieu à Londres il y a huit jours, le 15 janvier, dans la Cathédrale de Westminster : trois anciens évêques anglicans ont été ordonnés prêtres catholiques. La raison principale de leur rupture avec l’Eglise anglicane était l’ordination des femmes prêtres, autorisée depuis 1992, et la perspective de femmes évêques. Une cinquantaine de prêtres anglicans suivront l’exemple de ces trois anciens évêques au cours de la semaine de Pâques. Le pape Benoît XVI a créé un « ordinariat » pour accueillir des nouveaux prêtres catholiques, dont beaucoup sont mariés et continueront à vivre normalement dans le mariage ; N’oublions pas que de gros problèmes pratiques ont dû être résolus à leur sujet.

En dehors de ces cas très particuliers, les dialogues entre les différentes Eglises chrétiennes se poursuivent ; Si l’on regarde en arrière, on voit que d’énormes progrès ont été accomplis depuis un siècle, mais les obstacles à franchir sont encore nombreux, même avec les orthodoxes, dont les positions doctrinales ne diffèrent pas, pourtant, de celles des catholiques. Mgr Farrell, Secrétaire du Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens reconnaît qu’il faut procéder « lentement et avec précaution ».

Et Benoît XVI a écrit : « nous devons être en mesure de faire entendre, dans l’époque qui est la nôtre, une voix commune sur les grandes questions,  et de témoigner de la présence du Christ comme Dieu vivant ; nous ne pourrons pas établir une unité parfaite dans un délai prévisible, mais nous faisons ce qui est possible pour remplir une vraie mission et apporter un témoignage authentique, ensemble, en tant que chrétiens dans ce monde. »

Comme nous le voyons, la route sera encore longue. Il est tellement plus facile de se diviser, de s’exclure, que de se raccorder et se pardonner ; avant la communion, nous demandons au Seigneur : « Pour que ta volonté s’accomplisse, donne toujours à ton Eglise cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite. » Cette prière est toujours d’actualité.

P. Jean Rouillard

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