04 février 2011

Homélie du 30 janvier 2011-l'âme aussi doit se nourrir ... de Dieu !

Homélie du 4ème dimanche du Temps ordinaire - Année A

Pour les collégiens, samedi soir :
Kévin-Emmanuel vous a préparé un dessert surprise pour la réunion de ce soir : or il se trouve que j’ai parlé de nourriture, justement, aux enfants du catéchisme mercredi dernier, et je trouverais dommage que vous soyez vous, privés de cette réflexion : ils ont sans doute compris ce que j’ai dit, mais je pense que vous la comprendrez encore mieux, car vous vivez certaines choses qu’ils ne connaissent pas encore …

Il existe, pour le corps, trois sortes de nourriture : la nourriture indispensable, mais pas forcément agréable (elle est bonne), agréable, mais pas forcément indispensable (bonne aussi), et la mauvaise nourriture. Le poisson, la viande, les fruits et les légumes sont indispensables … les fromages, desserts, apéritifs et digestifs sont agréables … les champignons vénéneux et la nourriture avariée sont mauvais !

Il en est de l’âme comme du corps : on pourrait appliquer, analogiquement, ces trois catégories aux « nourritures de l’âme : Indispensable / Agréable / Mauvaise.

La nourriture indispensable, c’est Dieu lui-même ! Dans sa parole, mais aussi dans son corps et son sang. On peut qualifier d’agréable la culture, tout type de savoir, et c’est là que la frontière entre indispensable et agréable mais non indispensable est plus difficile à fixer pour l’âme … en revanche, la mauvaise nourriture est assez facile à identifier : musique satanique, littérature dépravée, mauvais spectacles sur Internet, ou même à la télévision …

Pour tous, aux autres messes :
La liturgie de la Parole, aujourd’hui, notre nourriture indispensable de chaque semaine, est un puissant appel à l’humilité

Sophonie le dit clairement : « cherchez l’humilité ! » ; le psaume, lui, mentionne opprimés, affamés, enchaînés, aveugles, accablés, étrangers, veuve, orphelin, qui sont tous des humiliés, par définition , quant à Saint Paul, il rappelle que ce qu’il a de fou, de faible, d’origine modeste et méprisé dans le monde fait l’objet du choix de Dieu.

Il y a un intrus, très important, dans le psaume, cependant : les justes ! Ca n’est pas parce que l’on est petits et souffrants qu’on est forcément justes … et voilà pourquoi, ce qui est exalté n’est pas ce qui est petit, c’est ce qui est petit et juste !

L’Evangile, lui, continue la liste des humiliés : pauvres de cœurs, ceux qui pleurent, les affamés, les persécutés. Cependant, notez que sont déclarés heureux, aussi, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix : convenez avec moi qu’il ne s’agit pas forcément de petites gens …

Tout le monde connaît bien « le chêne et le roseau » (jean de la Fontaine) : c’est une peinture grossière, mais juste, de l’humilité qui tient debout (le roseau) et de l’orgueil qui s’écroule (le chêne). Avec la parole de Dieu, la peinture est plus subtile, comme vous le voyez.

Et je crois qu’il suffit d’ajouter deux choses : la première est une invitation à la lecture, la seconde est une invitation à rencontrer quelqu’un

La lecture : je recommande la découverte du chapitre 4 du livre de l’Apocalypse, le voici : J'ai vu une porte ouverte dans le ciel. Et la voix, que j'avais déjà entendue, pareille au son de la trompette, me disait : « Monte jusqu'ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver par la suite. » Aussitôt je fus saisi par l'Esprit. Un trône était dressé dans le ciel, et sur le Trône siégeait quelqu'un. Celui qui siège ainsi a l'aspect du jaspe ou de la cornaline ; et tout autour du Trône, il y a un halo de lumière, avec des reflets d'émeraude. Tout autour de ce Trône, vingt-quatre trônes, où siègent vingt-quatre Anciens, portant des vêtements blancs et des couronnes d'or. Et du Trône sortent des éclairs, des clameurs, des coups de tonnerre, et sept torches enflammées brûlent devant le Trône : ce sont les sept esprits de Dieu. Devant le Trône, il y a comme une mer, aussi transparente que du cristal. En face du Trône et autour de lui, quatre Vivants, ayant des yeux innombrables en avant et en arrière. Le premier Vivant ressemble à un lion, le deuxième à un jeune taureau, la figure du troisième est comme celle d'un homme, le quatrième ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre Vivants ont chacun six ailes, avec des yeux innombrables au-dehors et au-dedans. Et ils ne cessent pas de proclamer jour et nuit :« Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant, celui qui était, qui est et qui vient. » Chaque fois que les Vivants rendent gloire, honneur et action de grâce à celui qui siège sur le Trône, à celui qui vit pour les siècles des siècles, les vingt-quatre Anciens tombent à genoux devant celui qui siège sur le Trône, et ils adorent celui qui vit pour les siècles des siècles ; ils jettent leur couronne devant le Trône en disant :  « Notre Seigneur et notre Dieu, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance puisque c'est toi qui as créé toutes choses :par ta volonté elles existent et elles ont été créées. »

Je voudrais vous faire remarquer les couronnes, qui signifient que Dieu leur a fait de grands dons, mais qu’ils ne gardent pas pour eux et attribuent à Dieu pour que la louange lui revienne. L’humilité consiste à reconnaître ce qu’il y a de beau et de réussi en soi, et à l’attribuer à Dieu ! Se lamenter sur les défauts entraîne la tristesse, et la tristesse connaît bien son maître (ce n’est pas Dieu …), Dieu est maître en joie. Voilà pour l’invitation à la lecture …

Pour l’invitation à rencontrer une personne, il faut revenir à Sophonie : « Cherchez l’humilité », dit-il. Mais auparavant, vous l’avez entendu, il déclare : « cherchez le Seigneur »

L’humilité en personne, c’est Dieu, l’humble par excellence, c’est Dieu, lui qui est le seul, pourtant, à avoir tous les motifs d’être orgueilleux … et d’ailleurs, tout le monde sait bien que les huit béatitudes sont en réalité un autoportrait de Jésus ; c’est d’ailleurs l’origine de son autorité, ce qu’il enseigne, il le fait.

Qui se ressemble s’assemble : à fréquenter le Dieu humble, on s’humilie un peu, et on ressemble de plus en plus au roseau, qui ploie, mais ne rompt pas : c’est ce que je vous souhaite de tout cœur !

P. Emmanuel d'Andigné

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