04 février 2011

Homélie du 16 janvier 2011-les 4 sens de l'Ecriture


Homélie du 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

En 2008 a eu lieu le 12ème synode des évêques à Rome, avec pour thème « la Parole de Dieu » ? Deux ans plus tard, en 2010, Benoît XVI reprend les conclusions du synode et ajoute sa touche personnelle : c’est l’exhortation post-synodale « verbum Domini » ? Dans ce texte, le Saint-Père aborde évidemment ce que l’on appelle les « quatre sens de l’Ecriture ». Cette expression, qui nous vient des Père de l’Eglise, nous présente en réalité deux catégories : le sens littéral et le sens spirituel des Ecritures.

Le sens littéral, c’est ce qui est dit effectivement, les mots qui sont prononcés, ou ce qui est dit historiquement –du moins quand le texte est de nature historique. Le sens spirituel, lui, est plus profond, il contient trois « étages » : le sens moral, le sens allégorique (aïe ..), et enfin le sens anagogique (pardon pour tous ces gros mots !). En dépit des mots, que vous n’utilisez sans doute pas le matin au petit déjeuner, la réalité est finalement assez simple et accessible à tous …

Le sens littéral, c’est ce qu’il y a de plus simple

Le sens moral, quant à lui, n’est pas compliqué non plus : il s’agit, en écoutant le texte, de savoir ce qu’il faut faire ou éviter

Le sens allégorique, signifie que grâce à ce texte, nous savons ce qu’il faut croire, ce qu’il faut savoir sur Dieu, sur l’homme, sur le monde : le je crois en Dieu, finalement, c’est un concentré d’allégories tirées de l’Ecriture, c’est un résumé efficace et fiable, de tout ce que l’on a extrait de la parole de Dieu, comme sens profond et général

Le sens anagogique (et c’est le dernier gros mot pour aujourd’hui) est la manière dont la parole de Dieu nous conduit au ciel, nous donne le goût du Ciel, nous fait entrouvrir la porte du Ciel, nous donne déjà un petit air de Ciel, nous fait comprendre un peu quelque chose du Ciel.

Pour le dire autrement, Benoît XVI utilise un célèbre adage du Moyen-Age (Verbum Domini, N°37) : « Le sens littéral enseigne les événements, l’allégorie ce qu’il faut croire, le sens moral ce qu’il faut faire, l’anagogie vers quoi il faut tendre». Alors allons-y !

Le sens littéral de cet Evangile : on écoute à nouveau le récit du baptême (comme la semaine dernière, mais « façon Saint Jean », à la manière de Saint Jean … On sait que cet évènement prend place après une longue période de « vie cachée » à Nazareth et que cela inaugure trois années, sans doute de vie publique (on a calculé cette période de trois années sur une base très logique : il y a trois Pâques mentionnées dans l’Evangile selon saint Jean …).

On peut maintenant passer à la suite, nous allons donc devoir « décoller » un peu, mais avouez que si on ne décolle pas dans une église, à quoi sert une église !?

Avant de passer à l’étape suivante, un principe important : jamais le sens spirituel n’annule ou ne remplace le sens littéral. Et en tous les cas, nous ne devons pas en rester au sens littéral, car, dit Saint Paul : «la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie» (2 Co 3, 6)

Le sens moral de cet Evangile, c’est que, curieusement, nous devons passer devant Jésus ; on rencontre d’abord Jean-Baptiste puis Jésus, d’abord le chrétien, prêtre, prophète et roi puis Jésus …mais dès qu’on nous a rencontrés, nous devons nous effacer et permettre la rencontre directe avec le Christ.

A cet égard, je puis raconter une anecdote : nous avions fondé, sur la proposition du directeur d’un collège de Cholet, un groupe de prière ; nous commencions donc nos « séances » sur un petit discours sur la prière, l’art de la prière, comment prier etc … eh bien il ne a pas fallu plus de deux ou trois séances pour nous apercevoir que finalement, nous faisions « écran » entre Dieu et les collégiens, à force de discours ou de dire tout haut « nos » prières. Nous avons appris, sur le tas, à présenter les enfants à Dieu, à présenter Dieu aux enfants, et à laisser, ensuite, la conversation s’établir entre eux !

Pour les parents, c’est donc cela, apprendre la prière aux enfants : leur présenter leur père des Cieux, et laisser s’établir la confiance et l’amour.

Le sens allégorique, maintenant : il nous révèle deux choses, au moins : Jésus est le Fils de Dieu, et depuis notre baptême, nous connaissons la même réalité. A ce sujet, je note avec vous un fait curieux : Jean-Baptiste, qui n’est autre qu’un cousin de Jésus, déclare à son endroit « je ne le connaissais pas » ;  c’est pour le moins étrange, mais cela nous révèle que nous avons beau savoir qu’il y a un Dieu et même savoir qui il est, mais « connaître » Dieu, voilà qui est plus difficile, et plus intéressant encore !

Le sens anagogique, pour terminer : nous le savons, au Ciel, il y a le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ils sont tous trois présents dans cet évangile : Jésus, bien sûr, l’Esprit, sous l’apparence d’une colombe, et le Père (« celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit … »).

Au Ciel, nous serons emportés dans ce mouvement trinitaire, nous serons dans les bras du Père, comme le Christ, et nous serons aussi confiants et heureux qu’un enfant contre sa mère, comme dit le psaume (130).

Demandons à l’Esprit Saint d’avoir un regard pénétrant sur la Parole de Dieu, telle qu’elle resplendit dans l’Ecriture et dans la tradition. Invoquons l’Esprit-Saint, Il nous conduira dans la vérité toute entière.

 P. Emmanuel d'Andigné

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