15 mars 2012

homélie du 11 mars 2012-Jésus a soif

 homélie du 3ème dimanche de Carême, année B
(1er dimanche de scrutin, lectures de l'année A)

Ex 17, 3-7   /   Ps 94   /   Rm 5, 1-2.5-8   /   Jn 4, 5-42

Dans le cadre de la préparation des adultes au baptême, c’est aujourd’hui le dimanche du premier scrutin et l’Eglise reprend dans la liturgie les lectures de l’année A avec la page d’évangile de la Samaritaine.

Dans le vocabulaire ecclésial, le mot « scrutin » rassemble trois sens : c'est une célébration au cours de laquelle le candidat au baptême est appelé à se placer devant la grandeur de l'appel de Dieu, examiné sur sa progression dans la vie chrétienne et encouragé à lutter contre le mal (CEF, lexique).

Nous sommes en lien fraternel avec les deux adultes de la paroisse (Bernard et Vincent) qui se préparent au baptême.

Jésus est épuisé. Il a marché.

Il avait quitté la Judée pour retourner à Cana en Galilée. Une centaine de kilomètres sous le soleil. Il fallait traverser la Samarie.

Si nous comprenons aisément, en particulier ceux d’entre nous qui avons fait des randonnées, que la route fatigue et qu’il faut bien s’arrêter pour refaire ses forces, nous comprenons que Jésus puisse être fatigué.

Et lorsque nous sommes au bout du bout, qu’on n’en peut plus, qu’on ne sait plus très bien où on en est, que le doute nous envahit, alors c’est sans doute le moment de prier Jésus qui a pu ressentir ce que nous vivons.

Jésus est épuisé. Il a soif.

Et il s’adresse à une femme en public, ce qui ne se fait pas en Orient.

Et qui plus est, une Samaritaine, alors que depuis huit siècles Samaritains et Juifs ne sont pas amis, c’est le moins qu’on puisse dire.

Et si cela ne suffisait pas, une femme dont la vie n’est pas à donner en exemple.

Mais Jésus ne la condamne pas. Il scrute son cœur et ne la blesse pas. Il a bien vu qu’elle aspire au bonheur, mais que son style de vie ne l’y a pas conduit.

Elle a soif d’une eau qui réhydrate la vie et qui donnerait enfin du sens à la sienne.

Et Jésus va lui proposer une eau, celle que nous avons reçue à notre baptême et que recevrons bientôt les catéchumènes, une source que nous devons entretenir afin qu’elle soit jaillissante du témoignage du Christ qui vit en nous, pour annoncer la Bonne Nouvelle et pour la vie éternelle.

Jésus est épuisé. Il a soif.

Mais Jésus ne dit pas simplement « Donne-moi un peu d’eau ». Nous, dans une telle situation, on dirait naturellement « Je boirais bien une bonne bière ou un coca ». Jésus dit « Donne-moi à boire ».

Vous sentez bien la différence. Ce n’est pas tout à fait la même chose … Il lui tend une perche ! Certes, Jésus a besoin d’eau, mais de quoi a-t-il vraiment soif ?

Il a soif de la relation, de la rencontre avec cette femme à ce moment précis. Il sait ce qu’elle a au fond du cœur. Il a soif de l’entendre exprimer son désir profond de l’eau vive qui transformerait sa vie et que lui seul peut lui donner. Non pas une eau terrestre jaillissant d’une source au fond d’un puits, si vivifiante soit-elle, mais une eau venue du ciel, une eau qui symbolise la Révélation. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » Jn 3,16.

Cette Révélation ne se comprenant vraiment que par le don de l’Esprit Saint reçu après Pâques, à la Pentecôte, et le jour de notre baptême.

Et nous aussi, nous avons soif, non pas de bonheurs à la petite semaine qui passent et s’évaporent en appelant d’autres petits bonheurs tout aussi éphémères, mais d’un besoin d’infini qui est en nous, du besoin de rejoindre notre créateur, notre Père, celui qui seul pourra donner un vrai sens à notre vie.

Le Seigneur vient à notre rencontre si loin sommes-nous parfois de ce qu’il attend de nous. Mais il est patient, miséricordieux et plein de l’Amour de son Père.

S’il prend du temps avec la Samaritaine, il saura aussi en prendre avec nous. Encore nous faudra-t-il pour l’entendre aujourd’hui un cœur réceptif pour accueillir sa Parole dans les Ecritures avec l’envie, comme la Samaritaine, de cette eau qu’il nous donne pour vivre.

Les disciples ont fait les courses et lui proposent à manger.

Après une longue marche, il devrait avoir faim. Mais s’il demandait à boire, là, il ne demande rien. Ce sont les disciples qui lui proposent de manger avec eux.

Mais il leur fait comprendre que seul le dessein de son Père de sauver les hommes est sa vraie nourriture. Faire sa volonté et parachever son œuvre de salut jusqu’à donner sa vie. Amener les hommes à la foi et à l’espérance de la vie éternelle.

Mais cela les déconcerte et ils ne posent plus de questions.

De fait, en dialoguant avec cette Samaritaine, en l’accompagnant sur son chemin de foi, Jésus est dans sa mission et cela suffit à le nourrir.

Il est peut-être aussi sous le coup de l’émotion, il n’éprouve pas la faim. L’émotion de la voir disposée à recevoir la vérité de l’envoyé de Dieu. Dans cet office de la charité, il avait trouvé ainsi sa nourriture. Il n’avait plus faim, il n’avait plus soif.

Oui, Jésus nous rejoint là où nous sommes. Quelles que soient nos faiblesses, quelles que soient nos erreurs, quel que soit le chemin tortueux que nous suivons, oui il nous rejoindra toujours.

Alors, à quatre semaines de Pâques, de quoi avons-nous soif ? De quoi avons-nous faim ? Quelle place a Jésus dans notre vie ? Sommes-nous prêts à le laisser nous approcher et à prendre du temps avec nous, à le laisser nous nourrir de la foi et de son Amour ? C’est ce que nous pouvons demander au Seigneur au cours de cette eucharistie. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

06 mars 2012

homélie du 04 mars 2012-un tour en montagne

Homélie du 2ème dimanche de carême - Année B

Vous venez de passer une semaine chargée, vous avez mille préoccupations … et d’un seul coup, vous voilà plongés dans deux récits, celui du sacrifice d’Isaac et celui de la transfiguration et comme ça n’a rien d’évident, je commence par faire lien entre les deux …

Ce qui relie les deux évènements, ce sont deux montagnes :

La première, Moriah, est selon la tradition ni plus ni moins Jérusalem avant que celle-ci soit construite, c’est le fameux rocher recouvert du fameux dôme doré construit par les musulmans au 7ème siècle et qui figure sur toutes les vues générales de Jérusalem. La scène, pour Abraham et Isaac, se situe presque 1900 ans environ avant Jésus-Christ.

La deuxième montagne, celle de l’Evangile, dont le nom n’est donné par aucun des évangélistes, est selon la tradition le Mont Thabor, un peu au Sud de Nazareth, en Galilée.

La liturgie nous fait entendre le sacrifice d’un fils par son Père avant la transfiguration, car, après celle-ci, un autre fils, Jésus, va s’offrir en sacrifice à son Père, Dieu le Père, pour ouvrir aux hommes le chemin du Ciel : la chose va se passer à nouveau à Jérusalem, sur une troisième montagne : le Golgotha.

Etant donné la dureté du spectacle du Golgotha, Jésus a jugé bon de faire percevoir, quelques jours auparavant, sa gloire divine, sa condition de ressuscité, pour que l’épreuve soit supportable au moment de la Passion et de la mort (Saint Léon le Grand).

Pour nous, aujourd’hui, cela signifie que la présence de Dieu, la gloire de Dieu, se manifestent aussi bien dans les grandes joies de l’existence que dans les malheurs ; il faudrait –pour le dire autrement- que nous percevions la gloire de Dieu, que l’on soit sur le Thabor ou sur le Golgotha !

J’en profite pour redire la façon juive de dire le mot « gloire », kavod, qui en fait signifie « poids ». La gloire de Dieu, c’est le « poids » de Dieu, sa valeur et celle-ci s’exprime aussi bien sur le Golgotha que sur le Thabor.

Sur le Golgotha, la gloire de Dieu, c’est l’amour qui va jusqu’au bout, sur le Thabor, la gloire de Dieu, c’est l’amour divin qui illumine la terre.

L’autel, qui comme son nom l’indique est un lieu « élevé (altus)», est à la fois ce Golgotha sur lequel est offert le sacrifice de Jésus –car s’il n’était pas mort, nous n’aurions pas pu recevoir son corps et son sang- et ce Thabor où nous rencontrons le ressuscité, car s’il n’était pas ressuscité, nous ne pourrions pas recevoir la communion. La messe nous fait faire un magnifique et incroyable voyage dans l’espace et dans le temps !

Il y a un texte, dans le rituel du mariage qui dit : « que votre travail à tous deux soit béni, sans que les soucis vous accablent, sans que le bonheur vous égare loin de Dieu »

Moi, je ne suis pas tellement convaincu –de moins en moins- par les gens qui disent « il m’est arrivé tel ou tel malheur, et depuis, je ne veux plus entendre parler de Dieu »… car il est des gens, au contraire, que l’épreuve a rapprochés de Dieu, au moins autant que la « première » catégorie, et selon moi, beaucoup plus nombreux encore sont ceux qui abandonnent Dieu parce que le bonheur tel qu’ils le pratiquent –matériellement- les éloigne de Dieu !

Pour l’évangélisation, cela signifie que nous devons trouver de quelle manière nos contemporains pourraient avoir le désir de monter sur la montagne avec le Christ : nous les conduirons au Golgotha s’ils sont dans la souffrance et nous les mènerons au Thabor si tout va bien pour eux, afin qu’ils puissent rencontrer une autre lumière qui leur donne un avant-goût du Ciel.

Celui qui souffre et qui monte au Golgotha découvre un crucifié qui a fait de sa souffrance et de sa mort un acte de parfait amour, ce qui est rempli d’intérêt pour celui qui souffre vraiment.

Celui qui va très bien –matériellement- et qui monte au Thabor découvre que toutes les lumières sont décevantes, ici-bas, et qu’il convient d’en trouver une qui ne puisse s’éteindre, ainsi que le suggère le livre de l’Apocalypse : « ils n'auront plus besoin de la lumière d'une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera, et ils régneront pour les siècles des siècles. »

La foi nous aidera à faire le lien entre les deux montagnes, car l’une sans l’autre n’est pas réaliste.

Je termine par la phrase que le Père prononce sur la montagne « celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le »

On pourrait dire beaucoup de choses, j’en choisis deux : le mot écouter, en français, est d’une affreuse banalité, mais en hébreu, c’est fort différent ! Chama a donné le fameux schema Israël, adonaï elohénou, adonaï erad (« Dt 6,4 Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. »)

Il s’agit de la profession de foi juive, de la foi en Dieu : autrement dit,  celui que l’on écoute, c’est Dieu ! Jésus est de toute éternité le Fils de Dieu, il se révèle comme Dieu sur la montagne.

Petit souvenir de Terre sainte : le groupe de la paroisse a rencontré Sœur Joséphine, Clarisse, à Nazareth, et c’était juste après la messe ; retardé par le soin de la sacristie, j’arrive un peu en retard dans la pièce où se déroulait l’entretien, qui avait déjà commencé ; regrettant mon arrivée peu discrète, je me faufile dans le fond de la salle, en espérant que la conversation va pouvoir reprendre tranquillement … c’est alors que Sœur Joséphine me montre du doigt et dit : « merci, Mon Père, de leur avoir donné Dieu ! » deux fois ! En fait, elle ne faisait que redire ce que Dieu a dit de son Fils sur le Thabor : Jésus, que nous recevons dans la communion, c’est Dieu ! Celui que l’on « écoute », en Israël, c’est Dieu !!!

Et puis la première partie de la phrase (c’est mon Fils bien-aimé) annonce notre propre destinée, notre propre appel : le baptême nous rend exactement semblables au Christ, de sorte que l’amour de Dieu accompagne chacun de nos pas, au plan de l’attachement pour nous, sans doute -il est toujours nécessaire de redire la tendresse de Dieu pour ses créatures-, mais aussi au plan métaphysique, car si Dieu cessait de nous regarder un seul instant, nous retournerions au néant, « nous  tenons de lui la vie, la croissance et l’être (préface du missel)».

Nous ne sommes pas divins par nature, mais nous le sommes par adoption, ce qui a de quoi faire briller nos yeux : « il est heureux que nous soyons ici 

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 26 février 2012-se remettre du carême ? Surement pas !

Homélie du 1er dimanche de carême - Année B

Vous le savez … je reviens d’Israël, avec des passagers clandestins, des microbes palestiniens et israéliens, qui aiment beaucoup les occidentaux …

De tout ça, nous allons nous remettre, c’est sûr, … mais j’espère bien que ce qui fut semé par Dieu, pendant ce pèlerinage, on ne s’en remettra jamais ! Et d’ailleurs, ce nouveau carême qui nous sourit, allons-nous nous en remettre ? Eh bien j’espère que non !

Je voudrais me contenter de glaner dans l’Ecriture, aujourd’hui, ce qui me donnera des bonnes raisons de me lancer dans l’itinéraire du carême, comme si c’était la première et la dernière fois.

Dans la première lecture, je vois deux bonnes raisons : l’alliance et la fécondité !

L’alliance, c’est ce qu’il y a de plus évident : Dieu ne cesse de vouloir faire alliance avec nous, ce qui signifie qu’il nous aime, et il est bien vrai que la religion sans amour ne vaut pas la peine d’être vécue, qu’elle n’a rien de convaincant …

De quoi avons-nous plus besoin que d’amour ?

Et à cette promesse d’alliance, Dieu ajoute la fécondité : « pour repeupler la terre », dit-il … Quand on écoute le texte ou même quand on le lit, on passe rapidement sur ce morceau de phrase, car il concerne les animaux … mais en réalité, la fécondité du sol ou des animaux sont l’indice de ce que Dieu veut pour nous : l’amour spirituel et la fécondité spirituelle.

Voilà l’intention générale de Dieu, au moment où il  nous conduit dans le désert, avec le Christ : je t’aime, je veux te multiplier, veux-tu me suivre au désert ?

Le psaume, quant à lui, ressemble à un bouquet de fleurs, sans qu’on puisse déterminer un ordre ou une seule logique, mais dont on peut identifier les composants : on y retrouve l’amour et la tendresse déjà évoqués plus haut, s’y ajoute le péché et la révolte contre Dieu et le remède identifié par le psalmiste : la vérité !

Celle que Dieu fait en nous révélant qui nous sommes, celle que nous faisons en reconnaissant que nous sommes pécheurs (parfois, c’est simple) … péché, d’ailleurs, qui consiste aussi à ne pas reconnaître nos péchés, d’où l’importance de la vérité.

Et voilà pourquoi le carême est un temps infiniment joyeux : cette joie qui vient de la vérité et qui est peut-être moins facile que d’autres joies, mais qui comporte un parfum du Ciel.

Jérusalem est construite sur une petite montagne, Sion, 750m au-dessus du niveau de la mer ; Jéricho, elle, est construite sur le bord du Jourdain à 240 m en-dessous du niveau de la mer. Lorsque l’Evangile mentionne que Jésus est baptisé, c’est à  250,  300m au-dessous du niveau de la mer et lorsqu’il dit qu’il part au désert, c’est forcément pour monter, car il n’y a pas sur la terre d’endroit plus bas que la vallée du Jourdain. Et ce que nous savons par ailleurs, c’est que tout la vie de Jésus, comme toute la vie juive, d’ailleurs, est une marche vers Jérusalem …

Autrement dit : le baptême, pour nous, ce n’est pas un moment de notre vie (ça, ce serait plutôt le baptême de Jean), c’est un itinéraire, une marche, du Jourdain à Jérusalem : « être baptisé, c’est s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu. »

Ne dit-on pas, d’ailleurs, que l’on s’engage sur une piste ???

Cinq catéchumènes -deux adultes et trois enfants-, recevront le baptême cette année : leurs rites ressemblent à des étapes de marche et nous serons « baptisés » si nous nous mettons en marche et pas simplement parce que nous avons surplombé un baptistère grâce à nos parents. Il serait affreusement dommage et triste que nous nous comportions comme des spectateurs !

« être baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu. » Voilà une magnifique définition du carême !

P. Emmanuel d'Andigné 

homélie du 19 février 2012-à la recherche du vrai bonheur

Homélie du 7ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

« Le Seigneur a envoyé Jésus porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres. »

Jeudi dernier, à la messe, la lettre de saint Jacques nous disait ceci : « Imaginons que dans votre assemblée arrivent en même temps un homme aux vêtements rutilants, portant des bagues en or, et un homme pauvre aux vêtements sales. Vous vous tournez vers l’homme qui porte des vêtements rutilants et vous lui dites : « Prends ce siège et installe-toi bien » ; et vous dites au pauvre : « Assieds-toi par terre à mes pieds. » « Agir ainsi – concluait saint Jacques – n’est-ce pas faire des différences entre vous et juger selon des valeurs fausses ? »
« Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé. »

Ces réflexions de l’Apôtre s’appliquent admirablement au cas de Bernadette Soubirous. On sait comment elle a été traitée avec dédain et mépris par certains des personnages qui avaient du poids et de l’autorité dans la ville de Lourdes !

Comment croire cette pauvre fille sans instruction dont les parents habitent un taudis ? Dans une obscure affaire de vol de sac de farine, son père n’est-il pas soupçonné d’être le coupable ? Puisqu’il est très pauvre, n’aurait-il pas été tenté de détourner ce qui ne lui appartient pas ? A en juger selon les apparences, on ne lui fait pas confiance !

A l’inverse, quelle est l’attitude de la Vierge Marie ? Elle fait signe à Bernadette d’approcher, elle lui sourit. A la troisième apparition, elle lui demande : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » Quel respect ! Quelle délicatesse de la part de la Reine du Ciel à l’égard d’une humble fille ! Après la cinquième apparition, Bernadette dira : « Elle me regardait comme une personne. » Certains pensaient : « Quelle prétention, quel orgueil ! Pour qui se prend-elle ? Ce n’est qu’une pauvre gamine qui se fait des illusions ! Est-elle normale ? »

Consciente de l’incrédulité qui l’entourait, elle ne faisait que dire la vérité, même si elle se sentait incomprise, à l’exemple de ce qu’écrivait saint Paul aux Corinthiens : « Le langage que nous vous parlons n’est pas à la fois « oui » et « non »… Il n’a jamais été que « oui ». La loyauté de Bernadette est totale.

Cette jeune fille n’avait sans doute pas des capacités intellectuelles performantes, elle n’a pas reçu une formation théologique poussée, mais on notera d’autant plus que la Vierge Marie lui a confié une haute mission dans le domaine de la foi. Car en transmettant à son curé l’identité de la dame : « L’Immaculée Conception », elle confirmait la définition dogmatique solennelle du Pape Pie IX, quatre ans plus tôt ; et par le fait même, elle annonçait la future définition de l’infaillibilité pontificale.

Les lectures de cette messe sont celles du septième dimanche du temps ordinaire. Elles conviennent très bien à la solennité de sainte Bernadette. L’Evangile nous rapporte la guérison d’un paralysé, porté par quatre hommes et amené devant Jésus en découvrant le toit. Il y a huit jours dans la salle paroissiale, nous avons entendu Serge François, paroissien de la Salle-Aubry près de Cholet, nous raconter en détail sa maladie, ses causes, son évolution, puis les circonstances dans lesquelles il s’est senti guéri à Lourdes. Pour les nombreux médecins et spécialistes qui ont étudié le cas, on peut reprendre la dernière ligne de l’Evangile : « Tous étaient stupéfaits… en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

Depuis dix ans, Serge François rend gloire à Dieu. Il raconte son pèlerinage à saint Jacques de Compostelle, plus de 1500 km à pied et bien chargé. Développant ce qui concerne les nombreuses guérisons physiques, souvent secrètes, il a insisté sur le fait que les guérisons spirituelles sont innombrables.

Isaïe transmettait la parole du Seigneur : « Voici que je fais un monde nouveau… Israël, je pardonne tes révoltes… Je ne veux plus me souvenir de tes péchés. » Et avant de guérir le paralysé, Jésus lui dit : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. »

La guérison du corps est le signe de la possible guérison de l’âme, que Jésus offre à toute personne qui dans la foi se présente à lui, reconnaissant ses fautes et faisant confiance à son amour prêt à tout pardonner.

C’est la raison d’être de Lourdes. Bernadette n’a pas été guérie. Elle a beaucoup souffert d’une éprouvante maladie, mais elle a offert sa vie pour les pécheurs, se souvenant de la parole prononcée par l’Immaculée le 18 février 1858 : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse dans ce monde, mais dans l’autre. »

N’oublions pas que le Carême commence mercredi. La Vierge Marie a fortement rappelé à Bernadette la nécessité de la pénitence, un mot que nous n’aimons guère, mais dont le but est de nous détacher de tout ce qui s’oppose à notre vrai bonheur.

Avec saint Paul, prions pour que l’Esprit-Saint habite nos cœurs. Amen.

Père Jean Rouillard

Homélie du 12 février 2012-les petits signes et les grands

Homélie du 6ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. »

Pourquoi cette interdiction ? Nous l’avons déjà vu la semaine dernière : Jésus est incompréhensible sans sa passion, mort et résurrection

Il est répandu, pourtant, encore aujourd’hui d’accepter cette réalité. J’en veux pour preuve cet épisode affreux qu’un ami m’a raconté il y a quelques années : deux personnes –je préfère rester vague- sont en train de choisir un signet pour un évènement religieux ; tout à coup apparaît parmi les signets possibles un Christ en croix ; « ah non, c’est un mauvais message ! », dit l’un d’eux, et l’image ne fut pas choisie !!!

Notez que Saint Pierre lui-même a eu une réaction similaire, lorsque Jésus annonce sa Passion, en lui reprochant de dire des choses désagréables ; vous connaissez la réponse de Jésus : « passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes (Mt 16, 23)»

Jésus est incompréhensible sans sa passion, mort et résurrection, car il ne faut pas prendre le signe pour la réalité. Ceci a deux conséquences, l’une concerne l’Evangile lui-même -pour notre culture biblique et théologique-, l’autre concerne les miracles de Lourdes (et la recherche de guérison).

L’Evangile est, en fait, essentiellement, une montée vers Jérusalem (montée qui parle beaucoup au cœur des Juifs) et plus précisément une montée vers le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus, tous les évènements s’y rapportent

Prenons deux exemples en un : Cana et la multiplication des pains sont certes des signes, mais ils sont surtout l’annonce du grand signe de l’Eucharistie, ce pain et ce vin qui deviennent le corps et le sang du Sauveur, au moment de la Passion.

Lourdes
La guérison, disons-le tout net, n’est pas l’œuvre de la sainte Vierge. C’est l’œuvre de Jésus, qui guérissait jadis en Galilée et qui veut continuer à le faire aujourd’hui. Par conséquent, la guérison est un signe d’une œuvre plus grande que Jésus veut réaliser.

Je souhaite bien sûr à tous les malades d’être soulagés, mais s’ils le sont, ce sera pour que se réalise une œuvre plus grande : le Salut !

Il y a des tas de gens en bonne santé qui sont en grand danger spirituel (et des malades aussi d’ailleurs) !

Le professeur Tellier, qui fut pendant plusieurs années responsable de l’équipe chargée d’authentifier les miracles de Lourdes témoignait volontiers qu’il avait vu beaucoup plus de guérisons intérieures que de guérisons extérieures dans son « travail ».
Mais de toutes façons, même les guérisons intérieures sont le signe d’une volonté plus grande : sauver !!!

Saint Jean, dans son Evangile utilise toujours le mot « signe », jamais celui de « miracle ». Les trois autres Evangiles parlent de signes et de miracles … Saint Jean jette un regard plus « théologique » que les trois autres, il analyse d’avantage, mais la réalité est la même : quelqu’un était malade, et il ne l’est plus ! Cela veut dire que nous avons trois mots à notre disposition, et qu’il faut faire « jouer » les uns avec les autres :

Le mot « signe », qui permet de comprendre que le miracle renvoie à plus grand que lui (le Salut) ; le mot « miracle » qui a l’avantage de noter l’inexplicabilité du phénomène, et c’est nécessaire (Dieu est Tout-Puissant) ; et enfin le mot « grâce », par lequel nous comprenons que Dieu fait ce qu’il veut, et gratuitement, en attendant de nous faire la grâce des grâces : le Salut.

Chacun de ces mots comporte des avantages et des inconvénients, il faudrait les traiter comme des paramètres !

C’est par Saint Paul que je voudrais terminer. Cette « deuxième lecture » comporte deux expressions lapidaires, qui pourraient devenir comme deux devises, pour nous :
« Pour la gloire de Dieu », qui est effectivement devenue la devise des jésuites (ad majorem Dei Gloriam)

« Pour qu’ils soient sauvés » (encore cette préoccupation du Salut) : nous retrouvons cette « devise » dans notre fameux « pour la gloire de Dieu et le salut du monde » de la liturgie, car ce n’est pas simplement soi qui est en jeu, c’est le monde entier. Il y a un lien très fort entre la destinée d’un homme seul et la destinée du monde.

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 05 février 2012-les trois âges de la sagesse

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire - Année B

Le livre de Job appartient à la littérature sapientielle, entendez la « sagesse » d’Israël. Cette sagesse a connu grossièrement trois périodes : la première que l’on pourrait qualifier d’enfance, la seconde qui serait de type plus « adolescent », et enfin la troisième, l’âge de la maturité.

Le livre de Ben Sirac (et non Chirac !) le Sage est le meilleur représentant de la première période ; comme dans toutes les civilisations, les anciens transmettent leur expérience aux jeunes, en leur disant : « fais le bien, évite le mal, Sois prudent … et en ce qui concerne Dieu, il y aura une rétribution automatique et certaine, il donne aux justes richesse et santé, tandis qu’aux méchants il donne pauvreté et malheurs.

Le livre des psaumes (qui est traversé par les trois périodes) est rempli de cette idée de la rétribution, mais ce « livre » n’a pas été écrit d’une traite, il a visiblement été écrit sur plusieurs siècles : c’est la raison pour laquelle certains psaumes témoignent de la deuxième période, celle de la « crise » de la sagesse d’Israël.

Le représentant le plus célèbre de la deuxième période est évidemment Qohélet, ou si vous préférez son surnom « l’Ecclésiaste », celui qui a écrit le fameux « vanité des vanités, tout est vanité » … où le juste se plaint de ce qu’il y a des méchants en pleine santé et très riches et des hommes parfaitement honnêtes pauvres et malades !

Et c’est sans doute la pratique des psaumes qui a permis aux Israélites de traverser cette période en maintenant le lien avec Dieu, malgré le doute et la souffrance.

Job est un livre plus tardif qui témoigne de la troisième période : cette période est caractérisée par au moins choses : la vérité de la prière, ne pas pécher lorsque l’on souffre, ne jamais lâcher la main de Dieu.

Ne jamais lâcher la main de Dieu, c’est le fameux passage « le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du seigneur soit béni … »Job, 1,21.

Ne pas pécher quand on souffre, c’est un refrain qui revient régulièrement, alors que dans la première période, on ne péchait pas, bien volontiers, quand on n’avait pas de problème … mais une fois qu’on avait basculé dans un ou deux péchés, alors on n’avait plus qu’à continuer, tant on était sûrs qu’il y avait deux camps et que quand on était dans le mauvais, je veux dire celui des malheurs et de la pauvreté, on pouvait pécher tranquillement, puisque de toutes façons, Dieu nous avait oubliés …

Contrairement aux apparences, je ne suis pas en train de parler d’un sujet ancien ; aujourd’hui, au XXIème siècle, il y a des gens qui ne sont pas réellement chrétiens et qui tiennent ce raisonnement : tant que tout allait bien, je priais et puis j’ai eu tel ou tel malheur, Dieu n’a rien fait, alors j’ai tout plaqué sur le plan religieux (vous n’avez jamais entendu ça ?)

Ne jamais lâcher la main de Dieu. Ne pas pécher lorsque l’on souffre. La vérité de la prière

Jusqu’alors, les prières faites à Dieu par les souffrants étaient lissées : on se tournait vers Dieu, mais en masquant un peu la réalité de peur d’offenser Dieu, de se mettre Dieu à dos … Job est pétri de vérité, et il ne laisse rien de sa souffrance dans son cri vers Dieu. Cette vérité est récompensée par Dieu, on le sait bien : à la fin du livre, Job retrouve santé, richesse, famille, de façon bien plus abondante qu’auparavant.

Cependant, le livre de Job a une grande faiblesse, que le judaïsme a encore aujourd’hui : il sait être avec Dieu en toutes circonstances mais Dieu ne sait pas être avec lui, il est trop loin, finalement … il manquait l’Incarnation ! L’Evangile, c’est Dieu qui sait être avec nous : Im anou El, Emmanuel, Dieu avec nous ! Dieu se fait homme

Avec Israël, Dieu a déjà montré sa tendresse et sa volonté de guérir … avec son Fils incarné, Dieu lui-même a mal, si l’on peut dire.

1 Corinthiens 1 : « Que reste-t-il donc des sages ? Que reste-t-il des scribes ou des raisonneurs d'ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l'a-t-il pas rendue folle ? Puisque le monde, avec toute sa sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la proclamation de l'Évangile. Alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme. »

Saint Paul a donc décrit avec précision la nouvelle sagesse que Jésus est venu enseigner, il reste simplement à donner une précision, grâce à un verset de l’Evangile : Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu'ils savaient, eux, qui il était.

Bizarre …

Jésus commence sa vie publique en Galilée, là où il y a un monde fou et des échanges commerciaux internationaux pour mieux se faire connaître … et pourtant, quand il opère des exorcismes, il dit aux démons de se taire et ne pas dire qui il est !

Il y a deux raisons à cela : la première est que on ne peut rien comprendre à Jésus si l’on ne connaît pas encore sa passion, sa mort et sa résurrection … il n’est pas venu pour jouer au médecin, mais pour nous faire passer de la vie à la Vie éternelle, du péché à la grâce, des ténèbres à la lumière sans déclin.

Et la seconde concerne la sagesse : la sagesse chrétienne n’est pas une gnose, c’est-à-dire une pure connaissance, une connaissance qui suffit à tout et qui fait que celui qui la possède possède le Ciel.

La sagesse chrétienne est une marche à la suite de Jésus (« viens et suis-moi !»), une façon de vivre qui ne lâche jamais la main du Christ, un lien vital avec une personne.

Ce lien fait que même les pauvres peuvent prétendre à ce royaume, ce  lien fait que les exigences morales deviennent intéressantes, exaltantes, même, attirantes, parce que les principes ne nourrissent pas longtemps et on peut s’asseoir dessus facilement … tandis que lâcher quelqu’un est une opération plus difficile et à vrai dire fort périlleuse, car nous avons besoin d’être aimés par quelqu’un qui nous comprenne et ne nous lâche jamais.

Je suggère que nous demandions à Dieu qu’il nous donne sa sagesse : ce mélange de connaissance et d’amour qui nous fera ressembler au Christ…

Nous sommes chargés d’être la présence du Christ au XXIème siècle.

P. Emmanuel d'Andigné

homélie du 29 janvier 2012

homélie du  4ème dimanche du temps de l’Église, année B

Après l’arrestation de Jean-Baptiste, Jésus n’est plus seul. Il vient de s’entourer de ses quatre premiers disciples : Simon, André, Jacques et Jean. C’était l’évangile de dimanche dernier.

Il arrive maintenant à Capharnaüm, au bord de la mer de Galilée. Rien de bien exaltant. Une ville portuaire qui comptera jusqu’à 1,500 habitants. Côté ambiance : des marins, des gens de passage, des commerçants, des pauvres sans doute attirés par l’activité marchande de la ville. Une ville de gens qui travaillent. Et c’est là que Jésus s’arrête avec ses disciples. Il n’est pas encore connu et personne ne l’accueille.

Il se rend à la synagogue le jour du sabbat, le jour du repos, afin d’y rencontrer un maximum de personnes. Il est proche des gens simples. C’est à Capharnaüm qu’il fera la connaissance de Matthieu le collecteur d’impôts.

Jésus enseigne : la Parole est première. Il répétait sans doute ce que nous rapportait Marc dimanche dernier : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».

Une parole qui frappe son auditoire. Une parole comme venue d’ailleurs qui vous atteint en plein cœur. Il est le messager de l’Amour de son Père. Il voudrait tellement que tout le monde le comprenne et le suive.

Marc nous dit à deux reprises qu’il parlait avec autorité. Jésus ne tire pas son autorité de lui-même, il la tient de son Père qui est Tout Amour, et il en use avec une telle humilité que les gens l’écoutent. Il n’est pas là pour se mettre en avant, il ne parle pas pour lui-même, il est là par amour pour les hommes, il est venu pour les sauver. Les gens ne sont pas habitués à cette parole. Cela les change des scribes pleins de suffisance qui rabâchent toujours la même chose. Sa Parole est vraiment signe de contradiction.

C’est alors qu’un homme s’approche, tourmenté par un esprit mauvais. « Es-tu venu pour nous perdre ». Il faut entendre non pas nous qui sommes suspendus à tes paroles, mais nous les esprits mauvais, les forces du mal qui entraînons les hommes sur un chemin qui les éloignent de Dieu.

Jésus a une telle présence, une telle autorité que les forces du mal qui habitent l’homme ne peuvent que dire « Tu es le Saint, le Saint de Dieu ».

Autrement dit, ta Parole et ton autorité ne peuvent venir que de Dieu. Oui, tu es bien l’envoyé de Dieu.

Le prophète qui est annoncé par Moïse dans le livre du Deutéronome, eh bien le voilà c’est Jésus. C’est bien lui le Saint de Dieu et le règne de Dieu est en marche.

Nous ne sommes pas dans le même état que ce pauvre homme, et pourtant dans certaines situations nous savons bien (et moi le premier) que nous avons du mal à nous laisser bousculer par l’Evangile.

La lumière de vérité et d’amour de l’Evangile nous gêne dans l’obscurité de nos habitudes, de nos certitudes. Nous avons du mal à accueillir l’imprévu que Dieu nous propose, à ouvrir la porte de notre cœur pour que la lumière prenne toute la place qui lui revient.

Nos démons intérieurs, si petits soient-ils, nous empêchent de reconnaître l’autorité de Jésus, d’accueillir l’Amour de son Père et de vivre de la Parole. Eh bien, si nous les mettions dehors nous aussi !

C’est bien à une conversion du cœur que le Seigneur nous appelle.

Nous fêtions mercredi dernier la conversion de Paul, lui qui a rencontré Jésus sur le chemin de Damas et qui est devenu témoin de l’Evangile. Paul a fait l’expérience de l’imprévu de Dieu.

Dans les deux passages qui relatent la conversion (Ac 9, 1-22 et Ac 22, 3-16), lorsque Ananie s’approche de Paul il lui dit « Saul, mon frère … » alors qu’il ne le connaissait pas. La conversion et l’accueil de la Parole passe par la fraternité.

Aucun des deux ne dira au Seigneur « Es-tu venu pour nous perdre » avant d’être envoyé en mission, non. Ananie se lèvera pour rendre la vue à Paul et Paul se lèvera pour recevoir le baptême et témoigner de Jésus auprès des païens. Ananie et Paul, en frères, ont accueilli la Parole.

Jésus vient en ami à Capharnaüm, sur la route de Damas et aujourd’hui au cours de cette eucharistie. Sachons le reconnaître, le rencontrer, entrer en communion avec lui et trouver notre liberté dans l’imprévu qu’il nous propose avec nos frères. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre