06 mars 2012

Homélie du 26 février 2012-se remettre du carême ? Surement pas !

Homélie du 1er dimanche de carême - Année B

Vous le savez … je reviens d’Israël, avec des passagers clandestins, des microbes palestiniens et israéliens, qui aiment beaucoup les occidentaux …

De tout ça, nous allons nous remettre, c’est sûr, … mais j’espère bien que ce qui fut semé par Dieu, pendant ce pèlerinage, on ne s’en remettra jamais ! Et d’ailleurs, ce nouveau carême qui nous sourit, allons-nous nous en remettre ? Eh bien j’espère que non !

Je voudrais me contenter de glaner dans l’Ecriture, aujourd’hui, ce qui me donnera des bonnes raisons de me lancer dans l’itinéraire du carême, comme si c’était la première et la dernière fois.

Dans la première lecture, je vois deux bonnes raisons : l’alliance et la fécondité !

L’alliance, c’est ce qu’il y a de plus évident : Dieu ne cesse de vouloir faire alliance avec nous, ce qui signifie qu’il nous aime, et il est bien vrai que la religion sans amour ne vaut pas la peine d’être vécue, qu’elle n’a rien de convaincant …

De quoi avons-nous plus besoin que d’amour ?

Et à cette promesse d’alliance, Dieu ajoute la fécondité : « pour repeupler la terre », dit-il … Quand on écoute le texte ou même quand on le lit, on passe rapidement sur ce morceau de phrase, car il concerne les animaux … mais en réalité, la fécondité du sol ou des animaux sont l’indice de ce que Dieu veut pour nous : l’amour spirituel et la fécondité spirituelle.

Voilà l’intention générale de Dieu, au moment où il  nous conduit dans le désert, avec le Christ : je t’aime, je veux te multiplier, veux-tu me suivre au désert ?

Le psaume, quant à lui, ressemble à un bouquet de fleurs, sans qu’on puisse déterminer un ordre ou une seule logique, mais dont on peut identifier les composants : on y retrouve l’amour et la tendresse déjà évoqués plus haut, s’y ajoute le péché et la révolte contre Dieu et le remède identifié par le psalmiste : la vérité !

Celle que Dieu fait en nous révélant qui nous sommes, celle que nous faisons en reconnaissant que nous sommes pécheurs (parfois, c’est simple) … péché, d’ailleurs, qui consiste aussi à ne pas reconnaître nos péchés, d’où l’importance de la vérité.

Et voilà pourquoi le carême est un temps infiniment joyeux : cette joie qui vient de la vérité et qui est peut-être moins facile que d’autres joies, mais qui comporte un parfum du Ciel.

Jérusalem est construite sur une petite montagne, Sion, 750m au-dessus du niveau de la mer ; Jéricho, elle, est construite sur le bord du Jourdain à 240 m en-dessous du niveau de la mer. Lorsque l’Evangile mentionne que Jésus est baptisé, c’est à  250,  300m au-dessous du niveau de la mer et lorsqu’il dit qu’il part au désert, c’est forcément pour monter, car il n’y a pas sur la terre d’endroit plus bas que la vallée du Jourdain. Et ce que nous savons par ailleurs, c’est que tout la vie de Jésus, comme toute la vie juive, d’ailleurs, est une marche vers Jérusalem …

Autrement dit : le baptême, pour nous, ce n’est pas un moment de notre vie (ça, ce serait plutôt le baptême de Jean), c’est un itinéraire, une marche, du Jourdain à Jérusalem : « être baptisé, c’est s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu. »

Ne dit-on pas, d’ailleurs, que l’on s’engage sur une piste ???

Cinq catéchumènes -deux adultes et trois enfants-, recevront le baptême cette année : leurs rites ressemblent à des étapes de marche et nous serons « baptisés » si nous nous mettons en marche et pas simplement parce que nous avons surplombé un baptistère grâce à nos parents. Il serait affreusement dommage et triste que nous nous comportions comme des spectateurs !

« être baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ qui est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu. » Voilà une magnifique définition du carême !

P. Emmanuel d'Andigné 

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