Homélie du 7ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B
« Le Seigneur a envoyé Jésus porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres. »
Jeudi dernier, à la messe, la lettre de saint Jacques nous disait ceci : « Imaginons que dans votre assemblée arrivent en même temps un homme aux vêtements rutilants, portant des bagues en or, et un homme pauvre aux vêtements sales. Vous vous tournez vers l’homme qui porte des vêtements rutilants et vous lui dites : « Prends ce siège et installe-toi bien » ; et vous dites au pauvre : « Assieds-toi par terre à mes pieds. » « Agir ainsi – concluait saint Jacques – n’est-ce pas faire des différences entre vous et juger selon des valeurs fausses ? »
« Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé. »
Ces réflexions de l’Apôtre s’appliquent admirablement au cas de Bernadette Soubirous. On sait comment elle a été traitée avec dédain et mépris par certains des personnages qui avaient du poids et de l’autorité dans la ville de Lourdes !
Comment croire cette pauvre fille sans instruction dont les parents habitent un taudis ? Dans une obscure affaire de vol de sac de farine, son père n’est-il pas soupçonné d’être le coupable ? Puisqu’il est très pauvre, n’aurait-il pas été tenté de détourner ce qui ne lui appartient pas ? A en juger selon les apparences, on ne lui fait pas confiance !
A l’inverse, quelle est l’attitude de la Vierge Marie ? Elle fait signe à Bernadette d’approcher, elle lui sourit. A la troisième apparition, elle lui demande : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » Quel respect ! Quelle délicatesse de la part de la Reine du Ciel à l’égard d’une humble fille ! Après la cinquième apparition, Bernadette dira : « Elle me regardait comme une personne. » Certains pensaient : « Quelle prétention, quel orgueil ! Pour qui se prend-elle ? Ce n’est qu’une pauvre gamine qui se fait des illusions ! Est-elle normale ? »
Consciente de l’incrédulité qui l’entourait, elle ne faisait que dire la vérité, même si elle se sentait incomprise, à l’exemple de ce qu’écrivait saint Paul aux Corinthiens : « Le langage que nous vous parlons n’est pas à la fois « oui » et « non »… Il n’a jamais été que « oui ». La loyauté de Bernadette est totale.
Cette jeune fille n’avait sans doute pas des capacités intellectuelles performantes, elle n’a pas reçu une formation théologique poussée, mais on notera d’autant plus que la Vierge Marie lui a confié une haute mission dans le domaine de la foi. Car en transmettant à son curé l’identité de la dame : « L’Immaculée Conception », elle confirmait la définition dogmatique solennelle du Pape Pie IX, quatre ans plus tôt ; et par le fait même, elle annonçait la future définition de l’infaillibilité pontificale.
Les lectures de cette messe sont celles du septième dimanche du temps ordinaire. Elles conviennent très bien à la solennité de sainte Bernadette. L’Evangile nous rapporte la guérison d’un paralysé, porté par quatre hommes et amené devant Jésus en découvrant le toit. Il y a huit jours dans la salle paroissiale, nous avons entendu Serge François, paroissien de la Salle-Aubry près de Cholet, nous raconter en détail sa maladie, ses causes, son évolution, puis les circonstances dans lesquelles il s’est senti guéri à Lourdes. Pour les nombreux médecins et spécialistes qui ont étudié le cas, on peut reprendre la dernière ligne de l’Evangile : « Tous étaient stupéfaits… en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »
Depuis dix ans, Serge François rend gloire à Dieu. Il raconte son pèlerinage à saint Jacques de Compostelle, plus de 1500 km à pied et bien chargé. Développant ce qui concerne les nombreuses guérisons physiques, souvent secrètes, il a insisté sur le fait que les guérisons spirituelles sont innombrables.
Isaïe transmettait la parole du Seigneur : « Voici que je fais un monde nouveau… Israël, je pardonne tes révoltes… Je ne veux plus me souvenir de tes péchés. » Et avant de guérir le paralysé, Jésus lui dit : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. »
La guérison du corps est le signe de la possible guérison de l’âme, que Jésus offre à toute personne qui dans la foi se présente à lui, reconnaissant ses fautes et faisant confiance à son amour prêt à tout pardonner.
C’est la raison d’être de Lourdes. Bernadette n’a pas été guérie. Elle a beaucoup souffert d’une éprouvante maladie, mais elle a offert sa vie pour les pécheurs, se souvenant de la parole prononcée par l’Immaculée le 18 février 1858 : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse dans ce monde, mais dans l’autre. »
N’oublions pas que le Carême commence mercredi. La Vierge Marie a fortement rappelé à Bernadette la nécessité de la pénitence, un mot que nous n’aimons guère, mais dont le but est de nous détacher de tout ce qui s’oppose à notre vrai bonheur.
Avec saint Paul, prions pour que l’Esprit-Saint habite nos cœurs. Amen.
Père Jean Rouillard
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