homélie du 4ème dimanche du temps de l’Église, année B
Après l’arrestation de Jean-Baptiste, Jésus n’est plus seul. Il vient de s’entourer de ses quatre premiers disciples : Simon, André, Jacques et Jean. C’était l’évangile de dimanche dernier.
Il arrive maintenant à Capharnaüm, au bord de la mer de Galilée. Rien de bien exaltant. Une ville portuaire qui comptera jusqu’à 1,500 habitants. Côté ambiance : des marins, des gens de passage, des commerçants, des pauvres sans doute attirés par l’activité marchande de la ville. Une ville de gens qui travaillent. Et c’est là que Jésus s’arrête avec ses disciples. Il n’est pas encore connu et personne ne l’accueille.
Il se rend à la synagogue le jour du sabbat, le jour du repos, afin d’y rencontrer un maximum de personnes. Il est proche des gens simples. C’est à Capharnaüm qu’il fera la connaissance de Matthieu le collecteur d’impôts.
Jésus enseigne : la Parole est première. Il répétait sans doute ce que nous rapportait Marc dimanche dernier : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».
Une parole qui frappe son auditoire. Une parole comme venue d’ailleurs qui vous atteint en plein cœur. Il est le messager de l’Amour de son Père. Il voudrait tellement que tout le monde le comprenne et le suive.
Marc nous dit à deux reprises qu’il parlait avec autorité. Jésus ne tire pas son autorité de lui-même, il la tient de son Père qui est Tout Amour, et il en use avec une telle humilité que les gens l’écoutent. Il n’est pas là pour se mettre en avant, il ne parle pas pour lui-même, il est là par amour pour les hommes, il est venu pour les sauver. Les gens ne sont pas habitués à cette parole. Cela les change des scribes pleins de suffisance qui rabâchent toujours la même chose. Sa Parole est vraiment signe de contradiction.
C’est alors qu’un homme s’approche, tourmenté par un esprit mauvais. « Es-tu venu pour nous perdre ». Il faut entendre non pas nous qui sommes suspendus à tes paroles, mais nous les esprits mauvais, les forces du mal qui entraînons les hommes sur un chemin qui les éloignent de Dieu.
Jésus a une telle présence, une telle autorité que les forces du mal qui habitent l’homme ne peuvent que dire « Tu es le Saint, le Saint de Dieu ».
Autrement dit, ta Parole et ton autorité ne peuvent venir que de Dieu. Oui, tu es bien l’envoyé de Dieu.
Le prophète qui est annoncé par Moïse dans le livre du Deutéronome, eh bien le voilà c’est Jésus. C’est bien lui le Saint de Dieu et le règne de Dieu est en marche.
Nous ne sommes pas dans le même état que ce pauvre homme, et pourtant dans certaines situations nous savons bien (et moi le premier) que nous avons du mal à nous laisser bousculer par l’Evangile.
La lumière de vérité et d’amour de l’Evangile nous gêne dans l’obscurité de nos habitudes, de nos certitudes. Nous avons du mal à accueillir l’imprévu que Dieu nous propose, à ouvrir la porte de notre cœur pour que la lumière prenne toute la place qui lui revient.
Nos démons intérieurs, si petits soient-ils, nous empêchent de reconnaître l’autorité de Jésus, d’accueillir l’Amour de son Père et de vivre de la Parole. Eh bien, si nous les mettions dehors nous aussi !
C’est bien à une conversion du cœur que le Seigneur nous appelle.
Nous fêtions mercredi dernier la conversion de Paul, lui qui a rencontré Jésus sur le chemin de Damas et qui est devenu témoin de l’Evangile. Paul a fait l’expérience de l’imprévu de Dieu.
Dans les deux passages qui relatent la conversion (Ac 9, 1-22 et Ac 22, 3-16), lorsque Ananie s’approche de Paul il lui dit « Saul, mon frère … » alors qu’il ne le connaissait pas. La conversion et l’accueil de la Parole passe par la fraternité.
Aucun des deux ne dira au Seigneur « Es-tu venu pour nous perdre » avant d’être envoyé en mission, non. Ananie se lèvera pour rendre la vue à Paul et Paul se lèvera pour recevoir le baptême et témoigner de Jésus auprès des païens. Ananie et Paul, en frères, ont accueilli la Parole.
Jésus vient en ami à Capharnaüm, sur la route de Damas et aujourd’hui au cours de cette eucharistie. Sachons le reconnaître, le rencontrer, entrer en communion avec lui et trouver notre liberté dans l’imprévu qu’il nous propose avec nos frères. Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre
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