Homélie du Vendredi saint 2012- lecture "politique" de la passion
Il me semble que
l’on peut faire une lecture « politique (au sens noble du terme) » de
cette longue page d’Evangile. Pour ce faire, j’attire votre attention sur la
vision du pouvoir politique que nous donne saint Jean.
Celui-ci souligne
un paradoxe : à vue humaine, durant la Passion, on se débarrasse d’un
agitateur public (Jésus), à vue divine, on est en train d’accomplir les
Ecritures ! En effet Caïphe agit avec sa courte vue, humaine, mais il ne
se rend pas compte qu’il est en train d’accomplir les Ecritures et il les
accomplit –et c’est sans doute ça le
plus important- parce qu’il a reçu une charge, et que cette charge lui donne un
charisme, une grâce, liée à son état de grand-prêtre :
Jn 11, 51 Ce qu'il disait-là ne venait pas de
lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là, il fut prophète en
révélant que Jésus allait mourir pour la nation. Or, ce n'était pas seulement
pour la nation, c'était afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu
dispersés.
Cela signifie
que, quel que soit le président, pour revenir à notre pays , quel que soit
le mode de scrutin, quel que soit le régime politique qui fait que quelqu’un
est au pouvoir, légitimement, une grâce lui est donnée pour que, finalement, les
Ecritures s’accomplissent … grâce à lui, ou malgré lui
Il faut citer
également Rm 13, 1 : « Il faut
que tout être humain soit soumis aux autorités qui sont au-dessus de lui, car
il n'y a d'autorité qu'en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies
sous la dépendance de Dieu »;
Cependant, bien
entendu, plus il y aura de vocations politiques parmi les vrais disciples du
Christ, plus les dirigeants approcheront leur courte vue de la grande vue du Christ lui-même, pour que
le Règne du Christ s’étende et que le règne de Satan s’éteigne !
Evidemment, les
candidats ne respirent pas forcément l’Evangile, comme nous, d’ailleurs, voilà
pourquoi Jésus a dit :
Mt 23, 02 « Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous
dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas. »
Soyons
justes : il peut arriver que l’on dise et que l’on fasse ! Il suffit
simplement de se dire que, lorsqu’un responsable politique dit et ne fait pas,
il faut rechercher et pratiquer ce qu’il dit, quand même !
Au fond, la
lecture de la Passion nous permet une hauteur de vue non seulement dans ce
domaine de la politique, mais aussi dans le domaine plus large de la responsabilité,
et bien d’autres domaines, ce qui est assez logique, puisqu’il s’agit
finalement essentiellement d’amour, dans la Passion, mais aussi de vie et de
mort, de bien et de mal, de souffrance et de réconfort.
La Passion est
pleine d’enseignement pour le cœur et pour l’intelligence et nous pourrions
demander à la très Sainte Vierge Marie de nous accompagner, pour nous apprendre
comme retenir toutes ces choses et les converser en notre cœur au moment où nous
fêterons joyeusement, mais du coup avec profondeur, la résurrection de Jésus et
la nôtre …
P. Emmanuel d'Andigné
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