Homélie du dimanche 08 avril 2012, au matin
Souvenez-vous,
dimanche dernier : nous écoutions la Passion du Christ. Nous y avons « contemplé »
tous ces personnages, très hostiles au Christ ou au contraire enthousiastes à
son endroit, avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel entre les deux ; et
nous constations que tous ces personnages sont peu ou prou présents en nous,
avec un profond appel à la conversion.
Mais la
conversion est-elle seulement une œuvre de notre nature ? En tous les cas,
il est clair que la résurrection, que nous fêtons aujourd’hui, est une œuvre de
grâce, de pure grâce. Il faudra sans doute trouver l’équilibre entre nature et
grâce dans l’œuvre de notre conversion !
A titre d’exemple,
dans la liturgie du baptême, il y a un rite d’exorcisme –où Dieu chasse le mal
du baptisé- et un rite de « renonciation à Satan », qui lui est pratiqué
par les parents, le parrain et la marraine, car la lutte contre le mal est une
victoire remportée conjointement par la nature et par la grâce …
En fait, nous
sommes des pauvres, nous avons absolument besoin de la grâce, et c’est ce que
nous rappelle la fête de Pâques.
La pauvreté est
bien sûr celle du cœur (« heureux les pauvres de cœur »), car on peut
être riche et avoir un cœur de pauvre (je pense à Louis de Marillac, puisque
nous baptisons une petite Louise), ou être pauvre et avoir un cœur de riche –les
pourvoyeurs de crédits le savent bien … toutes les combinaisons de ce problème
sont possibles !
Voici ce qu’écrivait
Madeleine Delbrêl : « Être pauvre ce n’est pas intéressant : tous
les pauvres sont bien de cet avis. Ce qui est intéressant c’est de posséder le
Royaume des Cieux, mais seuls les pauvres le possèdent.
Aussi ne pensez
pas que notre joie soit de passer nos jours à vider nos mains, nos têtes, nos
cœurs. Notre joie est de passer nos jours à creuser la place dans nos mains,
nos têtes, nos cœurs, pour le royaume des Cieux qui passe. Car il est inouï de
le savoir si proche, de savoir Dieu si près de nous, il est prodigieux de
savoir son amour possible tellement en nous et sur nous. Et de ne pas lui
ouvrir cette porte, unique et simple, de la pauvreté d’esprit... »
Aussi ai-je une
recommandation pour les parents de Louise et pour tous les parents :
enseignez la pauvreté à vos enfants. Pas celle du compte en banque, car je leur
souhaite d’avoir de quoi vivre dignement, mais celle du cœur qui sait que tout
bienfait vient de Dieu et en particulier la vie, vie terrestre et vie
éternelle.
Les béatitudes,
par conséquent, sont comme une charte éducative, elles sont comme une « boussole »
qui vous permettra d’orienter efficacement votre rôle si difficile –et la
première béatitude est celle de la pauvreté !
En pratique, je
vous recommande aujourd’hui de pratiquer le bénédicité, peut-être de cette
manière-là : « Seigneur, si
vous n’aviez pas tout créé, nous n’aurions pas de nourriture et nous ‘aurions
pas inventé la cuisine, merci, bénissez ce repas et ceux qui l’ont préparé,
donnez du pain et de la joie à ceux qui
en manquent, amen, alleluia ! »
P. Emmanuel d’Andigné
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