14 mai 2012

Homélie du jour de Pâques-nous sommes des pauvres, n'st-ce pas ?


Homélie du dimanche 08 avril 2012, au matin

Souvenez-vous, dimanche dernier : nous écoutions la Passion du Christ. Nous y avons « contemplé » tous ces personnages, très hostiles au Christ ou au contraire enthousiastes à son endroit, avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel entre les deux ; et nous constations que tous ces personnages sont peu ou prou présents en nous, avec un profond appel à la conversion.

Mais la conversion est-elle seulement une œuvre de notre nature ? En tous les cas, il est clair que la résurrection, que nous fêtons aujourd’hui, est une œuvre de grâce, de pure grâce. Il faudra sans doute trouver l’équilibre entre nature et grâce dans l’œuvre de notre conversion !

A titre d’exemple, dans la liturgie du baptême, il y a un rite d’exorcisme –où Dieu chasse le mal du baptisé- et un rite de « renonciation à Satan », qui lui est pratiqué par les parents, le parrain et la marraine, car la lutte contre le mal est une victoire remportée conjointement par la nature et par la grâce …

En fait, nous sommes des pauvres, nous avons absolument besoin de la grâce, et c’est ce que nous rappelle la fête de Pâques.

La pauvreté est bien sûr celle du cœur (« heureux les pauvres de cœur »), car on peut être riche et avoir un cœur de pauvre (je pense à Louis de Marillac, puisque nous baptisons une petite Louise), ou être pauvre et avoir un cœur de riche –les pourvoyeurs de crédits le savent bien … toutes les combinaisons de ce problème sont possibles !

Voici ce qu’écrivait Madeleine Delbrêl : « Être pauvre ce n’est pas intéressant : tous les pauvres sont bien de cet avis. Ce qui est intéressant c’est de posséder le Royaume des Cieux, mais seuls les pauvres le possèdent.

Aussi ne pensez pas que notre joie soit de passer nos jours à vider nos mains, nos têtes, nos cœurs. Notre joie est de passer nos jours à creuser la place dans nos mains, nos têtes, nos cœurs, pour le royaume des Cieux qui passe. Car il est inouï de le savoir si proche, de savoir Dieu si près de nous, il est prodigieux de savoir son amour possible tellement en nous et sur nous. Et de ne pas lui ouvrir cette porte, unique et simple, de la pauvreté d’esprit... »

Aussi ai-je une recommandation pour les parents de Louise et pour tous les parents : enseignez la pauvreté à vos enfants. Pas celle du compte en banque, car je leur souhaite d’avoir de quoi vivre dignement, mais celle du cœur qui sait que tout bienfait vient de Dieu et en particulier la vie, vie terrestre et vie éternelle.

Les béatitudes, par conséquent, sont comme une charte éducative, elles sont comme une « boussole » qui vous permettra d’orienter efficacement votre rôle si difficile –et la première béatitude est celle de la pauvreté !

En pratique, je vous recommande aujourd’hui de pratiquer le bénédicité, peut-être de cette manière-là : « Seigneur, si vous n’aviez pas tout créé, nous n’aurions pas de nourriture et nous ‘aurions pas inventé la cuisine, merci, bénissez ce repas et ceux qui l’ont préparé, donnez du pain et de la joie  à ceux qui en manquent, amen, alleluia ! »

P. Emmanuel d’Andigné

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